A moins de deux mois de la présidentielle, cette 49ème édition du Salon de l’agriculture s’annonce très politique, avec des candidats qui vont se bousculer au chevet des agriculteurs. Nicolas Sarkozy a ouvert ce samedi matin le bal, porte de Versailles. Comme la veille, dans un entretien accordé à la presse spécialisée, le chef de l’Etat a une nouvelle fois clairement pris le parti des agriculteurs en rappelant qu’« ils ne sont pas les ennemis de l’environnement, de la nature ». Le président-candidat se prononce notamment pour une simplification des normes environnementales pour l’agriculture, estimant que le secteur ne devait pas être exposé à des contrôles tatillons « sur des textes parfois difficiles, voire impossibles à appliquer. »
« Je continue à penser qu’il faut des règles environnementales, c’est l’intérêt des agriculteurs mais en même temps il faut comprendre que les agriculteurs doivent pouvoir se battre sur les marchés mondiaux et ne pas leur imposer des contrôles qui prennent la forme de tracasseries administratives auxquelles personne ne comprend rien », indique encore le candidat Nicolas Sarkozy dans cet entretien publié hier dans La Terre Agricole. Dans cet entretien, Nicolas Sarkozy a détaillé ces autres priorités pour un second mandat : la réorganisation des « filières » et la réforme de la politique agricole commune (PAC). Et il s’est dit optimiste sur les négociations avec Bruxelles. « Grâce à notre insistance, la Commission (de Bruxelles) a proposé de maintenir le budget de la PAC en euros courants. C’était en juin 2011. Ce n’était pas une petite victoire », a-t-il fait valoir, soulignant que « les agriculteurs savent maintenant que le budget de la PAC sera maintenu en euros courants ». (Sur la PAC, je vous invite à lire le manifeste que vient de publier José Bové aux éditions Alternatives : décryptage et bilan qui révèle d’une part la perte de l’autosuffisance alimentaire de l’Union européenne, d’autre part sa dépendance à l’égard de l’industrie pétrochimique et biochimique). Depuis qu’il a déclaré au Salon de l’agriculture 2010 que l’environnement « ça commence à bien faire », sur fond de reconquête d’un électorat agricole qui l’avait déserté aux scrutins intermédiaires, le président-candidat revient régulièrement sur ce thème, non sans dénoncer les positions « sectaires » des écologistes. (Je vous propose d’ailleurs de lire le bilan du mandat présidentiel et du Grenelle dans le domaine de l’agriculture réalisé par la très « sectaire » France Nature environnement). Un discours qui permet au chef de l’Etat d’arriver largement en tête des intentions de vote chez les exploitants agricoles. Selon un sondage Ifop Fiducial publié par le JDD.fr, 40% des agriculteurs sondés voteraient pour Nicolas Sarkozy, 17% pour Marine Le Pen, 16% pour François Bayrou [[14% se prononceraient pour François Hollande, 4% pour Jean-Luc Mélenchon, 3% pour Eva Joly. Dominique de Villepin lui recueillerait 2% des intentions de vote, tout comme Frédéric Nihous, qui s’est retiré de la course à l’Elysée le 22 février.]]. Ce positionnement est-il cependant cohérent avec les aspirations de la grande majorité des français ? Non répond notamment France Nature Environnement qui a souhaité interroger les français à propos de leur perception des menaces qu’une certaine agriculture fait peser aussi bien sur leur environnement que sur leur santé et leur alimentation. Les citoyens, interrogés par l’institut CSA, expriment leur souhait de voir émerger de nouvelles pratiques en matière de production agricole. Dans cette enquête (que vous pouvez consulter ici) : – près de trois personnes interrogées sur quatre (73%) expriment leur inquiétude face à la présence éventuelle de traces de pesticides dans les produits alimentaires – Plus de neuf personnes sur dix (91%) soutiennent la mise en place d’une appellation « Sans OGM » sur les emballages de produits alimentaires d’origine végétale, animale ou apicole – plus d’un Français sur deux (56%) souhaite une réduction du nombre de porcs en Bretagne afin de préserver le territoire Une étude toujours réalisée par l’Institut CSA pour l’Agence Bio (à consulter en intégralité en cliquant ici) révèle qu’en 10 ans, la Bio a su trouver son public qui, même en période de crise, maintient son intérêt. En effet, le marché des produits Bio a quadruplé en 10 ans et, selon les estimations en cours, l’année 2011 devrait se solder par une croissance du marché d’au moins 10% pour approcher les 4 milliards d’euros, alors que la consommation de biens des ménages français enregistre une baisse estimée par l’INSEE à ‐0,5% en moyenne sur l’année, en partie imputable au recul des dépenses alimentaires. Les candidats à l’élection présidentielle sauront-ils répondre aux attentes des citoyens ? Au dernier Congrès de France Nature Environnement, plusieurs candidats à l’élection présidentielle sont venus partager leur programme en matière d’environnement (vous pouvez voir leurs interventions en cliquant ici). A cette occasion ils ont déclaré : « Les pesticides sont une menace pour les espèces vivantes » François Bayrou – « Je veux garantir le droit à une alimentation saine et de qualité. Commençons par faire de la restauration collective un grand chantier pour la qualité de l’alimentation, avec un objectif simple et clair : 100% de bio pour nos enfants dans les crèches et les maternelles » Eva Joly – « Je propose de favoriser non seulement l’agriculture biologique mais plus largement une agriculture à haute productivité environnementale » Corinne Lepage – « Je souhaite un monde rural préservé et revitalisé plutôt que d’artificialiser de nouvelles terres pour des constructions bon marché et loin de l’esthétique locale » Dominique de Villepin – « L’autonomie et la souveraineté sont les instruments de la relocalisation, applicables notamment à « l’agriculture » et à « la brevetabilité du vivant » Jean-Luc Mélenchon – « Je ferai en sorte que les critères agro-environnementaux soient des critères qui permettent la distribution des aides aux agriculteurs. J’insisterai sur la multiplicité des agricultures » François Hollande.VISITER : NOTRE SÉLECTION
Le Salon International de l’Agriculture vous donne rendez-vous à partir d’aujourd’hui jusqu’au 4 mars prochain, à Paris Expo – Porte de Versailles. Avec plus de 1 000 exposants et plus de 3 500 animaux présentés cette année, le salon demeure une fenêtre ouverte sur l’agriculture à la française. Considéré comme la vitrine d’une agriculture intensive, le salon accorde depuis quelques années une place plus conséquente aux initiatives respectueuses de l’Homme et de l’environnement. Encore marginale, cette présence démontre tout de même une évolution du salon en adéquation avec un public plus exigeant sur la qualité de son alimentation. Parmi les animations proposées dans le cadre du 49ème Salon de l’Agriculture, nous avons retenu : – L’espace Bio de l’Agence Bio : Situé comme l’année précédente Hall 3 (Allée C, stand 77), l’espace BIO s’adressera à la fois aux professionnels et au grand public (adultes et enfants) , avec pour objectifs de répondre à toutes les questions sur les principes et les valeurs de l’agriculture biologique, de faire découvrir la diversité et les saveurs des produits bio, et d’apporter des informations aux professionnels souhaitant convertir leurs activités à l’agriculture biologique. Chaque jour, de nombreuses animations sur l’agriculture biologique s’adresseront à tous les publics :- des ateliers culinaires « la cuisine bio de saison », animés par des chefs pour manger bio et équilibré à chaque repas, pour tous les budgets ;
- des dégustations de vins issus de raisins bio, proposées par des vignerons et oenologues, avec chaque jour une région viticole française mise à l’honneur ;
- un atelier pain bio avec des démonstrations et des dégustations de pain proposées par des boulangers et des meuniers bio ;
- des dégustations de produits bio et des démonstrations de savoir faire (atelier de distillerie, atelier de greffage d’arbres fruitiers…) avec la participation de producteurs et d’entreprises bio ;
- des jeux sur l’élevage bio et le jeu concours Cinelle, avec des jeux de société et des paniers de produits biologiques à gagner ;
- le goûter bio des enfants : des animations sur le goût et la bio pour les enfants, tous les jours à 16h…
Bilan du salon
Le salon de l’agriculture est, plus encore en année d’élections, un passage obligé où les candidats ont l’occasion de préciser leur programme en matière d’agriculture. Mais au-delà des grandes phrases et des annonces souvent consensuelles, les propositions concrètes manquent. Des idées à la mise en œuvre, il reste encore du chemin à parcourir. « Nous restons un peu sur notre faim au terme de ce salon où l’on a senti que les candidats viennent avant tout rendre visite aux agriculteurs dans l’objectif d’occuper le terrain électoral. Nous attendons de leur part qu’ils proposent un véritable projet pour l’agriculture, un nouveau contrat entre l’agriculture et la société » avertit Jean-Claude Bévillard, vice-président de FNE en charge de l’agriculture. Certes l’idée, consensuelle et évidente, qu’il ne faut pas opposer agriculture et environnement a été évoquée par la plupart des candidats, mais malgré tout, aucun moyen de mise en œuvre de ces intentions n’a été dévoilé. France Nature Environnement tient à faire savoir aux candidats qu’elle sera plus que jamais attentive aux propositions concrètes qu’ils pourront émettre par rapport à l’agriculture. Bruno Genty, président de FNE, prévient : « Les candidats se sont positionnés sur notre Appel des 3000 lors de notre congrès fin janvier, nous attendons d’en voir la transposition en mesures concrètes. »Pour une autre agriculture
A CDURABLE.info, nous sommes convaincu qu’une autre agriculture est possible. Nous relayons depuis maintenant sept ans les alternatives qui fonctionnent à l’image des AMAP. Voici quelques liens pour approfondir : – Le bio connaît un essor sans précédent en France. Les chiffres 2010 en cliquant ici. – Oui au bio dans ma cantine : pour une alimentation locale, de saison et en circuit court. 20% de bio dans les cantines d’ici 2012, c’est possible. Pour en savoir plus, cliquez ici. – Les guides du locavore pour mieux consommer local. Pour tout savoir pour consommer des produits de proximité respectant les règles du développement durable cliquez ici. Quelques films : – Le Temps des grâces, qui vient de sortir en DVD, livre une enquête documentaire autour des problématiques liées à l’environnement, au progrès et à l’économie globalisée. Le film revient sur un demi-siècle d’épopée agricole en France, de la révolution verte à la déferlante bio, nous amène à réfléchir à notre rapport au territoire et à l’alimentation : de quelle agriculture voulons-nous pour demain ? Avec notamment les témoignages de Pierre Bergounioux, Lucien Bourgeois, Lydia & Claude Bourguignon, Matthieu Calame, Marc Dufumier … Pour en savoir cliquez ici. – Coline Serreau nous invite dans Solutions locales pour un désordre global à découvrir de nouveaux systèmes de production agricole, des pratiques qui fonctionnent, réparent les dégâts et proposent une vie et une santé améliorées en garantissant une sécurité alimentaire pérenne. Pour en savoir cliquez ici. – Herbe : un road movie paysan. Au cœur de la Bretagne paysanne, deux visions du métier d’éleveur laitier se confrontent. Alors que des Hommes se sont engagés depuis plusieurs années dans une agriculture autonome, durable et performante, le courant majoritaire de la profession reste inscrit dans un modèle de production industriel, fortement dépendant des groupes agricoles et agro-alimentaires… Pour en savoir cliquez ici. – Nos enfants nous accuseront de Jean-Paul Jaud. Chaque année en Europe 100 000 enfants meurent de maladies causées par l’environnement. 70% des cancers sont liés à l’environnement dont 30% à la pollution et 40% à l’alimentation. A Barjac, un petit village français au pied des Cévennes, le maire a décidé de faire face et de réagir en faisant passer la cantine scolaire en Bio… Pour en savoir cliquez ici. Autre film réalisé par Jean-Paul Jaud : Severn, la voix de nos enfants. Parmi les nombreux intervenants présents dans ce film, on retrouve notamment Édouard Chaulet (le maire de Barjac que vous avez découvert dans nos enfants nous accuseront), le Professeur Gilles-Eric Séralini (Président du Conseil Scientifique du CRIIGEN), Guy Kastler (Réseau Semences Paysannes), Sjoerd Wartena (Président de l’association Terre de liens), Nicolas Hulot ou encore Pierre Rabhi … Ce film a le mérite de présenter de nombreuses alternatives agricoles. Pour en savoir cliquez ici. – « Si l’on compare la quantité produite, le coût de la production, l’eau consommée et l’énergie consommée, l’emploi créé, on arrive à la conclusion qu’il vaut mieux avoir 100 fermes de 50 hectares qu’une ferme de 5000 hectares. Je ne pense pas qu’il faille aller jusqu’à revenir à l’ancien mais qu’il faille trouver un autre équilibre que celui que nous avons eu l’erreur de croire bon » affirme l’ancien Ministre de l’Agriculture, Edgar Pisani, l’inventeur de la PAC. Il est l’un des intervenants du dernier documentaire de Agnès Fouilleux Small Is Beautiful. Pour en savoir cliquez ici. – We Feed the World (le marché de la faim) est un film sur la pauvreté au coeur de la richesse qui éclaire la manière dont notre nourriture est produite et répond aux questions que le problème de la faim dans le monde nous pose. Ce ne sont pas seulement des pêcheurs, des fermiers, des agronomes, des biologistes et Jean Ziegler, fonctionnaire aux Nations Unies qui sont interrogés, mais aussi un des responsables de Pioneer, le leader mondial des ventes de semences, ainsi que Peter Brabeck, le P.D.G. de Nestlé, la plus importante multinationale agro-alimentaire mondiale. Pour en savoir cliquez ici. – Notre Pain Quotidien ouvre une fenêtre sur l’industrie alimentaire de nos civilisations occidentales modernes. Réponse à notre sur consommation, la productivité nous a éloigné d’une réalité humaine pour entrer dans une démesure ultra-intensive qui a rejoint les descriptions des romans d’anticipation. Aussi utile que dérangeant, à l’instar d’une vérité qui dérange de Al Gore, ce film a eu un énorme succès aux USA où il a remporté de nombreux prix. Pour en savoir cliquez ici. – Pour finir voici le documentaire sur l’industrie alimentaire qui a secoué les Etats-unis. Food, Inc. décortique les rouages d’une industrie qui altère chaque jour notre environnement et notre santé. Des immenses champs de maïs aux rayons colorés des supermarchés, en passant par des abattoirs insalubres, un journaliste mène l’enquête pour savoir comment est fabriqué ce que nous mettons dans nos assiettes. Derrière les étiquettes pastorales de » produits fermiers « , il découvre avec beaucoup de difficulté le tableau bien peu bucolique que les lobbys agro-alimentaires tentent de cacher : conditions d’élevage et d’abattage du bétail désastreuses, collusion entre les industriels et les institutions de régulation, absence de scrupules environnementaux, scandales sanitaires… Éleveurs désespérés, experts indépendants, entrepreneurs intègres et défenseurs du droit des consommateurs esquissent, chacun à leur manière, le portrait d’une industrie qui sacrifie la qualité des produits et la santé de ses clients sur l’autel du rendement. Pour en savoir cliquez ici.