Par Rémy Decourt, Flashespace, le 18/10/2005
Une équipe de scientifiques du Centre Ames de la NASA a permis de démontrer que les éléments primordiaux du vivant, selon notre conception de la vie, sont très courants dans l’Univers de sorte que la vie peut foisonner un peu partout.
L’équipe du Centre Ames de la NASA a étudié la signature infrarouge des hydrocarbures aromatiques polycycliques ou PAH de façon à modéliser leur rayonnement infrarouge attendu depuis l’espace car différent de celui produit sur Terre. Ils ont utilisé pour cela les données d’ISO, l’observatoire spatial de l’Agence spatiale européenne (1995-1998).
L’équipe Ames a démontré que les PAHs sont en fait responsables du mystérieux rayonnement infrarouge que les astronomes observaient sans pouvoir en déterminer la nature. Le télescope spatial dans l’infrarouge Spitzer de la NASA a détecté la signature infrarouge de ces molécules partout dans la Voie Lactée, mais également dans d’autres galaxies proches ou très lointaines. Reste que si cette découverte est importante pour les astronomes, elle l’est moins pour les astrobiologistes, ces scientifiques qui recherchent la vie ailleurs que sur Terre.
Mais, ce qui est intéressant dans cette découverte, c’est la présence d’azote dans la structure de ces molécules. Or, cela change tout. Une grande partie de la chimie de la vie, y compris l’ADN, repose sur des molécules organiques qui contiennent de l’azote. Ainsi, la chlorophylle, cette substance qui permet la photosynthèse des plantes est un bon exemple de cette classe de molécules composées appelées polycyclic aromatic nitrogen heterocycles (PANHs).
Cette découverte renforce également la théorie selon laquelle la vie vient de l’espace. En effet, ces molécules se forment dans la matière expulsée par les étoiles en fin de vie A l’évidence, ces molécules sont soufflées dans le milieu interstellaire par les vents stellaires et enrichissent de gigantesques nuages de gaz et de poussière à l’intérieur desquels se forment les étoiles et leur système planétaire. Les planètes alors récemment formées sont bombardées des résidus de leur formation et enrichies en éléments chimiques présents autour de l’étoile.
Cette découverte montre que les molécules nécessaires aux balbutiements de la vie se trouvent en abondance dans tout l’Univers et que si d’aventure elles sont déposées sur une planète qui présente un environnement hospitalier à leur évolution, alors, rien n’empêche la vie d’émerger.
Note
La théorie initiale de l’origine de la vie sur Terre a du plomb dans l’aile. Elle promeut l’idée selon laquelle la vie se serait formée sur Terre à partir des ressources propres à la planète primitive. Par la suite, les conditions environnementales et climatiques ont favorisé la formation des composés de plus en plus complexes, les fameuses briques du vivant.
A sa décharge, cette théorie a été formulée alors que nos connaissances de l’Univers étaient des plus limitées et tendaient à nous faire comprendre que de telles molécules complexes ne pouvaient pas survire dans l’espace.