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Exclusion ESG : les énergies fossiles épuisent leur crédit auprès des investisseurs selon une étude de Novethic

Dans leur course à la « neutralité carbone » des portefeuilles, les grands investisseurs européens ont de plus en plus recours aux pratiques d’exclusion et de désinvestissement. D’abord concentrées sur le charbon, les pratiques d’exclusion d’entreprise liées aux énergies fossiles s’étendent désormais aux sous-secteurs du gaz et du pétrole, allant même jusqu’à l’exclusion totale au nord de l’Europe. Exclusion des énergies fossiles : les investisseurs prêts à changer de moteur ? L’étude Novethic intitulée « Exclusion des énergies fossiles : les investisseurs prêts à changer de moteur ? » dresse un panorama des principales stratégies d’exclusion et souligne leurs limites en matière de réduction effective des émissions de gaz à effet de serre. Elle permet de comprendre l’apport des initiatives collaboratives, comme la Net-Zero Asset Owner Alliance ou la Science Based Targets Initiative, pour définir les « trajectoires carbone » des portefeuilles d’investissement et les leviers d’action possibles. De l’exclusion charbon à la sortie des énergies fossiles L’incompatibilité climatique de l’exploitation d’une grande partie des énergies fossiles est apparue clairement en 2015 avec l’Accord de Paris. Le mouvement d’exclusion des entreprises qui leur sont le plus étroitement liées a pris de l’ampleur dès ce moment-là. D’abord centrées uniquement sur le charbon, avec des seuils parfois peu contraignants, les politiques d’exclusion se sont progressivement affinées et étendues à d’autres combustibles fossiles. Certains investisseurs nordiques franchissent même le pas de l’exclusion complète. Ce mouvement n’a jamais fait consensus. Contesté sur son efficacité en termes de réduction de gaz à effet de serre, il l’est aussi sur sa crédibilité de « décarbonation des portefeuilles » quand les seuils d’exclusion sont trop élevés. Début 2021, Larry Fink, PDG de BlackRock, a accusé les investisseurs pratiquant le désinvestissement d’écoblanchiment, mettant en avant la nécessité d’exercer une pression actionnariale pour pousser ces entreprises à faire leur transition énergétique. En pratique, l’exclusion des énergies fossiles répond à une double stratégie : anticiper sur les pertes de valeur du secteur en espérant que cela participera à sa stigmatisation et compliquera l’accès aux financements pour les entreprises. Enfin, l’exclusion n’occulte pas que les majors pétrolières cotées ne sont qu’une pièce du puzzle climatique, les deux tiers environ de la production mondiale étant le fait d’entre- prises contrôlées par des États. Pourtant, les ralliements récents d’investisseurs aux stratégies d’exclusion détaillées dans cette étude montrent que le secteur des énergies fossiles est en passe d’épuiser son crédit. Alors que l’essentiel des encours du secteur du charbon est désormais détenu par des institutions nord-américaines et asiatiques, comme l’a montré une récente étude de l’ONG spécialisée Urgewald, de plus en plus d’investisseurs européens se détournent du pétrole et du gaz pour continuer de réduire leur exposition aux risques de transition. Mis ensemble, les investissements en actions et obligations dans les secteurs les plus directement liés aux énergies fossiles (extraction et production d’électricité) représentent de l’ordre de 3% des portefeuilles d’actifs des assureurs de l’Espace Econo- mique Européen, soit autour de 200 Mds€. Pour les fonds de pension des pays de l’OCDE, ce pourcentage se situe autour de 4%. L’exclusion intégrée aux règlementations L’exclusion des énergies fossiles a pris suffisamment d’ampleur pour que le parlement australien demande au régulateur financier local de trouver un moyen réglementaire d’empêcher que trop d’actionnaires ne désinvestissent des entreprises australiennes du secteur. Même son de cloche en Alberta au Canada, où le gouvernement local s’est indigné de la décision du fonds souverain norvégien d’exclure des sociétés du secteur des sables bitumineux en raison d’« émissions inacceptables de gaz à effet de serre ». Aux États Unis, d’un côté, le Texas prépare une législation pour interdire aux fonds de pension locaux d’investir dans des institutions financières pratiquant le désinvestissement des énergies fossiles, pendant qu’à l’inverse, sur la côte Est, le Maine a récemment adopté une loi qui obligera le fonds de pension de l’État à se désinvestir des énergies fossiles. Les pratiques d’exclusion Elles sont de trois types :
  • L’exclusion normative a pour but de protéger la réputation des investisseurs en n’étant pas associés à des pratiques controversées d’entreprises dont ils abiment la réputation en les excluant. Dans le cas des énergies fossiles, cette stratégie se concentre sur des sociétés développeuses de projets de pipelines portant atteinte aux droits des communautés indigènes.
  • L’exclusion éthique vise pour sa part des secteurs mis au ban parce que sont considérés comme nuisibles pour des raisons morales ou religieuses. C’est la raison mise en avant par Bill Gates pour justifier de l’exclusion des énergies fossiles par son trust, alors que sa fondation dépense 3 milliards de dollars par an pour la santé publique.
  • L’exclusion sectorielle répond à des impératifs plus environnementaux comme pour les OGM ou le nucléaire mais, dans le cas des énergies fossiles, elle est couplée à la logique de prévention de risques financiers liés à la dépréciation d’actifs du secteur.
Exclusion des énergies fossiles : les investisseurs prêts à changer de moteur ?

A propos de Novethic

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