Dans l'actualité :

Repanser la planète pour faire terre ensemble

Comment évoluer ensemble vers une société plus humaine, conciliant...

Imaginer un monde des affaires compatible avec les limites planétaires

Concilier le monde des affaires avec les limites planétaires...

FABACÉÉ : un programme pour accompagner la transition énergétique des agriculteurs

L’énergie est une charge économique importante des exploitations agricoles...
Alternatives Economiques N° 295 - Octobre 2010

Alternatives Economiques : 30 ans au service du débat économique et social

Alternatives Économiques fête ses 30 ans ! A cette occasion, le second magazine économique français se dote d’une nouvelle maquette et fait évoluer sa formule avec de nouvelles rubriques. Et dans ce numéro anniversaire, un cahier central supplémentaire de 32 pages, brossant un panorama des mutations du monde de ces trente dernières années et des enjeux actuels, avec les photos et la collaboration de Raymond Depardon.

30 ans, trois leçons par Philippe Frémeaux

Alternatives Économiques fête ses 30 ans. Qui aurait pensé, à l’automne 1980, quand le premier numéro fut publié à 2 000 exemplaires, sur seize pages noir et blanc, que, trois décennies plus tard, notre journal serait devenu le second mensuel économique français [[En 2008 avec 1 174 000 lecteurs, Alternatives Economiques se positionne comme le 2e magazine économique français. La diffusion moyenne atteint 111 656 exemplaires en 2009 (DFP – OJD 09).]]? Trois leçons peuvent être tirées de cette aventure. Alternatives Économiques témoigne tout d’abord qu’il est possible de faire un journal rentable sans courir après les recettes publicitaires ni être à même de financer de coûteuses campagnes de lancement. Comment? Avec beaucoup d’énergie militante: si Alternatives Économiques existe, c’est que Denis Clerc, notre fondateur, et avec lui un petit groupe de personnes ont accepté de s’investir bénévolement le temps que le projet monte en puissance. C’est aussi que l’équipe qui leur a progressivement succédé, à tous les postes de l’entreprise, n’a ménagé depuis ni son temps ni son talent. Il fallait aussi que ce projet rencontre suffisamment de lecteurs prêts à payer le prix nécessaire pour accéder à une information économique et sociale indépendante et de qualité. Ils ont été au rendez-vous et je tiens à les remercier chaleureusement de leur fidélité. Alternatives Économiques, ensuite, ce n’est pas seulement un modèle économique, c’est aussi une entreprise coopérative. Le statut coopératif garantit notre indépendance: le pouvoir est détenu par les salariés, tous parties prenantes, et non par des apporteurs de capitaux extérieurs. Il inscrit notre existence dans la durée: les parts sociales ne peuvent être cédées à des tiers et les bénéfices tirés de notre activité – quand il y en a – sont en grande partie mis en réserves. Ces réserves sont impartageables: elles appartiennent en propre à l’entreprise et contribuent donc à sa pérennité, par-delà les personnes dans lesquelles elle s’incarne. Alternatives Économiques, enfin, c’est aussi et surtout un projet. Nul n’imaginait, en 1980, que l’Union soviétique allait s’effondrer ou que la Chine deviendrait la seconde puissance économique mondiale. Le monde a changé. Et nous avec. Mais le projet demeure. Alternatives Économiques, aujourd’hui pas plus qu’hier, n’a la prétention de dire à ses lecteurs ce que devrait être l’Alternative avec un grand A. Notre ambition est à la fois plus modeste et plus grande: nous avons la vanité de croire que nous contribuons à changer le monde en donnant à nos lecteurs les outils nécessaires pour participer au débat économique et social. En expliquant que, sur chaque sujet – de la réforme des retraites à la régulation de la finance, en passant par la politique énergétique ou la gestion du marché du travail -, il n’y a jamais une seule voie, mais différentes options possibles. Le monde a changé, mais ce qui nous fait courir depuis le premier jour est plus que jamais nécessaire. Bon vent donc à Thierry Pech, qui me succède, à compter de ce numéro, à la tête de notre rédaction. – Retrouvez la page spéciale 30 ans sur le site d’Allternatives Economiques en cliquant ici. – Pour découvrir l’intégralité du sommaire de ce numéro anniversaire, cliquez ici. – Pour acheter ce numéro (4,80 € + frais de port soit 5,55 € cliquez ici.

1980-2010: ce qui a changé

Ne Jamais s’endormir par Thierry Pech
Cahier spécial 30 ans à découvrir dans Alternatives Economiques N° 295 - Octobre 2010
Cahier spécial 30 ans à découvrir dans Alternatives Economiques N° 295 – Octobre 2010
Un individu qui se serait endormi en 1980 et qui se réveillerait aujourd’hui aurait sans doute quelques surprises. Il chercherait probablement du regard les grands ateliers de la société industrielle qui peuplaient naguère les abords de sa ville, aujourd’hui recouverts par de vastes zones commerciales et pavillonnaires. Il découvrirait que le chômage, alors considéré comme un mal passager, n’est finalement jamais descendu en dessous de 7% de la population active depuis, que les jeunes peinent à s’insérer sur le marché du travail alors qu’ils sont mieux formés que leurs aînés, et les seniors à s’y maintenir alors que s’éloigne l’horizon de leur retraite. Regardant autour de lui, il constaterait certainement que la diversité culturelle n’a cessé de progresser en même temps que s’intensifiaient la ségrégation urbaine, les discours de rejet et la stigmatisation des migrants. Le changement technologique lui sauterait aux yeux (ordinateurs personnels, cartes de crédit, téléphones portables, Internet…), mais sans doute aussi les inégalités économiques entre des catégories populaires frappées par la précarité et menacées par la pauvreté laborieuse, et une nouvelle classe d’hyperriches qui, en dépit de ces années de croissance lente, ont profité à plein d’un capitalisme de plus en plus patrimonial. Il comprendrait alors que le compromis keynésien d’après-guerre a vécu, celui-là même qui avait porté les inégalités à un niveau historiquement bas au milieu des années 1970. Consultant les derniers numéros d’Alternatives Economiques, il réaliserait, enfin, que le monde occidental est entré en 2008 dans la plus grave crise économique de son histoire depuis 1929, alors même que se profilent à l’horizon les périls du réchauffement climatique, l’épuisement des énergies fossiles et la longue liste des déséquilibres écologiques nourris par le productivisme et la surconsommation. Les bouleversements du monde n’ont cependant pas tous été pour le pire. En 1980, le totalitarisme communiste contrôlait encore, sous différentes formes, plus de la moitié des continents européen et asiatique; la Chine ne communiquait pour ainsi dire pas avec le reste du monde; l’Amérique latine vivait encore en grande partie sous la botte de dictatures militaires; les dégradations de l’environnement n’émouvaient guère plus qu’une poignée de militants; et la construction européenne ne dépassait pas le rideau de fer à l’est et les Pyrénées au sud. Aujourd’hui, des centaines de millions de personnes sont sortis de l’extrême pauvreté en Asie et en Amérique latine. L’espérance de vie s’est accrue presque partout. Les femmes participent davantage au marché du travail et ont gagné en autonomie par rapport aux hommes. La Chine pointe parmi les grandes puissances économiques de la planète. L’Europe réunifiée s’étend de Gibraltar au Spitzberg et de l’Atlantique à la frontière russe. Et si la question écologique est très loin d’être résolue, elle progresse au moins dans les consciences. Ce sont ces transformations qu’Alternatives Economiques a voulu raconter dans ce cahier spécial, à l’occasion de son trentième anniversaire. Avec la complicité d’un témoin privilégié de ces années: le photographe Raymond Depardon. Depuis des points d’observation différents, notre mission et la sienne ont plus d’un point commun: faire le tri entre ce qui compte et ce qui compte moins, et rendre le monde à la fois plus visible et plus intelligible à tous. Bref, faire le contraire de notre Hibernatus: ne jamais s’endormir. Mais les anniversaires ne sont pas seulement l’heure des bilans et des rétrospectives: ils sont aussi l’occasion de regarder devant soi. C’est pourquoi nous avons sollicité d’autres témoins pour tenter de faire le point sur les questions qu’il nous faut affronter aujourd’hui. Contrairement à ce qu’on proclamait au lendemain de 1989, ces trois décennies qui ont vu la fin du monde bipolaire de la guerre froide et le triomphe de la démocratie et du marché sont loin d’avoir sifflé la fin de l’histoire. Elles ont au contraire accouché d’une nouvelle génération de problèmes et de périls, face auxquels le logiciel libéral qui a dominé nos sociétés ces trente dernières années révèle aujourd’hui son épuisement. Comment faire vivre la solidarité dans une économie ouverte? Comment inventer un mode de développement à la fois respectueux de l’environnement et capable de donner du travail à tous? Comment faire droit aux aspirations individuelles sans renoncer à la justice sociale? Autant de questions auxquelles il nous faudra répondre dans les prochaines décennies. Alternatives Economiques, pour sa part, continuera de faire le travail qui a été le sien depuis trente ans: porter à la connaissance de ses lecteurs les faits et les analyses leur permettant de comprendre les termes du débat politique sur l’économie et la société, et, bien entendu, y participer pleinement. Les articles à découvrir dans le cahier spécial 30 ans – N°295 d’Alternatives Économiques :
  • Chômage de masse ou de classe ? En 1973, le premier choc pétrolier entraîne une récession dans la plupart des pays développés. Le chômage commence alors son ascension fulgurante: il passe, en France, de 3,5% en 1975 à 9% dix ans plus tard. Depuis, même en période de croissance forte, il n’est jamais descendu sous la barre des 7%. Soit beaucoup plus que l’inévitable chômage « frictionnel » lié aux transitions entre deux emplois, estimé à 4% ou 5%. Après les « Trente Glorieuses », sont venues les « Trente Piteuses ». Alors qu’on le croyait conjoncturel, le chômage est donc devenu structurel. …
  • Les ouvriers n’ont pas disparu. Le 21 novembre 1989, quelques jours après la chute du mur de Berlin, Renault annonçait la fermeture de son site de l’île Seguin à Billancourt. Naguère plus grande usine de France, la forteresse industrielle emblématique des luttes de la classe ouvrière n’aura finalement pas survécu au régime qui prétendait l’émanciper. C’est presque un symbole des mutations qui ont frappé le monde ouvrier depuis 1980, au point de le rendre méconnaissable à défaut de l’avoir fait disparaître. …
  • Femmes: la révolution inachevée. Quarante ans après la création du Mouvement de libération des femmes (MLF), le bilan est mitigé. Le sort des femmes s’est bien sûr considérablement amélioré depuis le 26 août 1970, jour où huit militantes ont déposé, sous l’Arc de triomphe, une gerbe à la mémoire de la « femme inconnue du soldat inconnu ». Acte inaugural d’une décennie revendicatrice, ce happening a précédé nombre de conquêtes, dont les plus emblématiques restent la généralisation de la contraception et la légalisation de l’avortement. Mais la révolution de la condition féminine ne s’arrête pas là. …
  • Désordres et recompositions des familles. Que s’est-il passé dans la famille depuis trente ans? Au premier regard, ces trois décennies n’ont fait que poursuivre le mouvement lancé dans les années 1960-1970. Et pourtant, elles sont loin d’avoir consacré la Mort de la famille, pour reprendre le titre du livre de David Cooper (1975). La protestation qui se fait entendre en 1968 traduit les impatiences d’une génération qui veut s’émanciper des hiérarchies traditionnelles. La famille classique apparaît alors comme un carcan bridant une légitime soif de liberté et d’accomplissement personnel. …
  • La société de consommation en continu. Sony lance le walkman; 1980, le Minitel entre dans les foyers français; 1983, le premier téléphone portable Motorola fait son apparition aux Etats-Unis. Ces innovations sont emblématiques des transformations de la consommation de masse ces trois dernières décennies. Après avoir fortement investi dans des biens d’équipement (voiture, machine à laver…) dans l’après-guerre, les ménages ont orienté leurs achats vers des biens et des services répondant à des besoins nouveaux et plus immatériels. …
  • La ville entre croissance et morcellement. Français vivaient en ville en 1980. Ils sont 50 millions en 2010. Dans le même temps, la taille des villes a augmenté plus vite encore que leur population, l’étalement urbain grignotant chaque année 60 000 hectares de terres cultivables. Même si le rythme a ralenti ces dernières années, la ville continue de s’étendre sans qu’aucune politique ne semble capable d’enrayer cette tendance. La crise du logement est passée par là. …
  • La fin du communisme. Quand Alternatives Economiques voit le jour, à l’automne 1980, plus du tiers de la population mondiale vit sous l’empire du communisme. Celui-ci a cependant totalement cessé de faire rêver. L’inefficacité de l’économie administrée apparaît chaque jour plus évidente. La Chine, sous la houlette de Deng Xiaoping, vient d’ailleurs de décider de libéraliser son économie. En URSS, les dirigeants, au-delà des discours officiels, ont fini par prendre conscience du retard croissant pris par leur pays. …
  • Le basculement du monde. Qui aurait cru, en 1980, que les pays industrialisés seraient trente ans plus tard en passe de perdre leur domination sur l’économie mondiale? Le fossé les séparant des pays en développement paraissait infranchissable. Pas assez de capital, physique et humain, pour amorcer le décollage; pas assez de démocratie et de transparence pour un bon climat des affaires; pas assez d’influence pour dicter les règles du jeu mondial: il manquait toujours quelque chose aux pauvres pour sortir du sous-développement. La fin du XXe siècle ne devait pas vraiment ébranler cette vision. …
  • La démesure de la finance. Désastres financiers périodiques, crises de la dette, fuites de capitaux, crises de change, faillites de banques, krachs boursiers…, c’est assez pour forcer un bon libéral à s’arrêter pour réfléchir. Voilà le bilan de la finance contemporaine que dressait l’hebdomadaire britannique The Economist… en mai 2003. Quatre ans plus tard, explose une crise d’ampleur vertigineuse, de celle qui rentre dans les livres d’histoire parce que le système bancaire mondial a failli finir dans les sables de la spéculation. …
  • La France se barricade. En ce mardi 14 octobre 1980, en déplacement à Metz, le secrétaire d’Etat aux Travailleurs immigrés, Lionel Stoléru, l’affirme haut et fort: « Il n’est plus question d’accueillir un seul étranger en France. A l’approche d’une élection présidentielle que le pouvoir craint de perdre, tout est bon pour attirer les suffrages des Français frappés par la montée du chômage de masse et tentés par le vote aux extrêmes. Durcissement dans les discours, mais aussi dans les actes. La loi Bonnet de 1980 a fortement restreint l’accès au territoire. …
  • Le Sud en mal de développement. Au début des années 1980, l’Afrique au sud du Sahara se réveille avec la gueule de bois. A l’euphorie des indépendances a succédé celle des pétrodollars qui inondent les marchés de capitaux après 1973. Mais en 1982, la fête est finie. Avec la crise de la dette mexicaine et le resserrement des taux d’intérêt américains, le robinet du crédit se ferme. Frappant de plein fouet les gouvernements qui ont pris la fâcheuse habitude d’emprunter à tour de bras sans développer en parallèle de réelles capacités productives, et donc de remboursement. …
  • Ecologie: le flux et le reflux. Aujourd’hui, chacun (ou presque) est convaincu qu’à défaut de transformer en profondeur nos modes de production et de consommation, l’humanité court à sa perte à force de tirer sur les ressources naturelles, de modifier le climat, d’empoisonner l’environnement… Cette prise de conscience n’a pas été linéaire. Mai 1968 avait déjà dénoncé la logique consumériste. Dans la foulée, le Club de Rome avait publié le fameux rapport Meadows (1972) sur les limites de la croissance, et des penseurs comme André Gorz ou Ivan Illich dénonçaient le caractère insoutenable de nos sociétés. …
  • L’avenir d’une intuition. Ce n’est évidemment pas un hasard si le n° 1 d’Alternatives Economiques est paru en octobre 1980. Au Royaume-Uni, Margaret Thatcher – qui se disait lectrice et admiratrice de Friedrich Hayek – avait été désignée comme Premier Ministre quelques mois auparavant. Aux Etats-Unis, Ronald Reagan, largement en avance sur son adversaire démocrate selon les sondages, allait emporter haut la main l’élection présidentielle quelques semaines plus tard. … Cet article est consultable gratuitement sur le site d’Allternatives Economiques en cliquant ici.
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David Naulin
David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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