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Quelles pistes pour une alimentation durable aujourd’hui et demain ? Une synthèse INRA Cirad

pour une alimentation durable
pour une alimentation durable
La durabilité de l’alimentation est aujourd’hui en question, au regard de ses effets sur l’environnement, la santé, l’équité sociale et l’économie. En particulier, assurer à la population mondiale une alimentation répondant à ses besoins qualitatifs et quantitatifs, dans un contexte de pression sur les ressources et de changement climatique, constitue un défi majeur. Des experts de l’Inra et du Cirad se sont mobilisés pour dresser l’état des lieux des systèmes alimentaires à l’échelle de la planète, en étudiant spécifiquement la transformation, la distribution et la consommation. C’est l’originalité du projet duALIne d’avoir ainsi traité les enjeux que pose l’aval des filières, de la sortie du champ à l’assiette du consommateur. L’ensemble de ces résultats est rassemblé dans un ouvrage de synthèse[[Pour une alimentation durable. Réflexion stratégique duALIne, Catherine Esnouf, Marie Russel et Nicolas Bricas (coord.), éditions Quae, déc. 2011, 288 pages, 32 €]], publié le 15 décembre 2011. Comment nourrir le monde aujourd’hui et dans la perspective démographique du XXIe siècle tout en intégrant la notion de « durabilité » dans cette réflexion ? Lancé par l’Inra et le Cirad en novembre 2009, achevé en juillet 2011, l’atelier de réflexion stratégique duALIne permet de dresser un état des lieux des déterminants majeurs qui ont présidé aux évolutions passées des systèmes alimentaires, d’identifier les points critiques de ces systèmes, et enfin, de dégager des questions à la recherche pour de futurs programmes. Le projet a mobilisé 125 experts académiques, institutionnels et privés.
INRA Cirad
INRA Cirad

Etudier l’aval des systèmes alimentaires

La réflexion menée au sein de duALIne couvre les systèmes alimentaires depuis la sortie de la ferme jusqu’à la consommation et l’élimination des déchets. En cela, elle se distingue et vient en complément de la prospective Agrimonde, centrée sur les enjeux mondiaux liés à l’agriculture. De nombreuses questions ont été examinées : la consommation alimentaire avec l’augmentation des calories d’origine animale et ses conséquences, l’organisation des systèmes alimentaires en liaison avec les productions de chimie et d’énergie renouvelables, les pertes et gaspillages, l’impact des marchés internationaux sur la consommation, les insuffisances des méthodes d’évaluation et de leurs critères d’appréciation de la durabilité. Trois sujets originaux apportent un éclairage neuf sur certaines controverses : – Evaluer l’impact carbone des consommations alimentaires des Français selon leur qualité nutritionnelle La question de la relation entre la qualité nutritionnelle de l’alimentation et son impact carbone[[L’estimation de l’impact carbone des aliments désigne, en équivalent CO2, la quantité de gaz à effet de serre émis par la production, la transformation et le transport des produits.]] s’avère plus complexe qu’il n’y paraît. A partir de l’enquête nationale sur les consommations alimentaires des français (INCA2), les experts ont observé que plus les quantités d’aliments ingérées chaque jour par un individu sont importantes, plus l’impact carbone associé à ces consommations est élevé. C’est ainsi que l’impact carbone de l’alimentation des hommes (4725 eqCO2/j) est significativement supérieur à celui des femmes (3658 eqCO2/j). En revanche, les experts ont noté une faible relation entre la qualité nutritionnelle de l’alimentation et son impact carbone. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre associées à l’alimentation, une baisse des quantités totales ingérées pourrait donc être plus efficace qu’une modification du type d’aliments consommés. Ces premiers résultats, qui vont à l’encontre de bien des idées reçues, se doivent d’être vérifiés par des recherches approfondies. – Repenser les filières industrielles alimentaires et leur organisation Le système alimentaire dominant des pays industrialisés a reposé sur une réduction de la gamme des matières premières agricoles produites et sur une spécialisation des opérateurs des filières sur deux étapes successives : le fractionnement de cette matière première, puis une reformulation pour aboutir à une grande diversité d’aliments. Cette évolution butte aujourd’hui sur de nouvelles contraintes, dans un contexte de marges de manœuvre réduites au niveau industriel. Par ailleurs, les aléas auxquels la production agricole fait face se traduisent par une plus grande variabilité des prix qui va conduire les filières à développer des systèmes de production plus flexibles et plus robustes. Enfin, l’intégration des exigences environnementales rend nécessaire des évolutions profondes, tant au niveau des procédés industriels qu’au niveau de l’organisation des filières et des relations entre les différents opérateurs des chaines alimentaires. – Alimenter les villes : quels enjeux pour le développement durable ? Plus de la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans une ville. Selon la FAO, nourrir une agglomération de 10 millions d’habitants nécessite environ 6000 tonnes de nourriture chaque jour, correspondant à 3 millions d’hectares de terre agricole. Pour une ville comme Paris, la surface agricole correspond à 6 fois celle de l’Ile-de-France. Il existe ainsi une véritable logique de localisation des productions agricoles à proximité des lieux de consommation. Pourtant, faut-il favoriser l’agriculture à proximité des grandes villes ? La réponse, d’un point de vue énergétique et environnemental, est loin d’être évidente. Sur le plan de la distribution, ce qui se joue dans les 5 derniers kilomètres est ce qui pèse le plus en matière d’impact sur l’environnement, ce qui, de ce point de vue, remet en question les avantages des circuits courts. Emission de gaz à effet de serre, processus d’intensification des terres agricoles près de villes, pollutions des nappes phréatiques, autant d’exemples qui mettent en question le déplacement de la production agricole vers le lieu de consommation et la possibilité d’un développement local durable. Les perspectives nombreuses ouvertes par cette étude donneront lieu à des programmes de recherche, publics et privés, au niveau national et européen. L’INRA coordonne à ce titre un nouveau réseau européen consacré à l’alimentation durable, SUSFOOD.

Rédacteur

Service Presse INRA au 01.42.75.91.86

Contacts

Catherine Esnouf, Directeur scientifique adjoint « Alimentation », INRA au 01 42 75 91 51 – Marie Russel, Ingénieur de recherche à la direction scientifique Alimentation, INRA au 01 42 75 96 71 – Nicolas Bricas, UMR Moisa, Cirad au 04 67 61 57 12

 

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