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Développement durable (ODD)

La Conférence de l’ONU sur l’eau cherche des solutions à une crise mondiale

L'eau un bien commun mondial, une ressource naturelle vitale épuisée, polluée et mal gérée.

L’avenir des précieuses ressources en eau du monde est « compromis » et des dirigeants du monde se réunissent cette semaine au siège de l’ONU, à New York, pour répondre à cette crise mondiale à multiples facettes, avant qu’il ne soit trop tard. La Conférence des Nations Unies sur l’eau a lieu alors que cette ressource naturelle vitale est épuisée, polluée et mal gérée. Un événement de trois jours à mi-parcours de l’échéance des Objectifs de développement durable (ODD), qui incluent la promesse de garantir à tous un accès à l’eau potable et à l’assainissement d’ici à 2030.

Des enfants se lavent les mains dans un système d'eau installé dans leur école primaire du nord-est de l'Ouganda.
Des enfants se lavent les mains dans un système d’eau installé dans leur école primaire du nord-est de l’Ouganda.

« Drainer l’humanité de sa substance vitale »

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a souligné que l’eau est un droit humain et qu’elle est à la base de tout effort de développement tendant à façonner un avenir meilleur.
« Mais l’avenir de l’eau est compromis », a-t-il averti. « Nous drainons l’humanité de sa substance vitale par la surconsommation vampirique et l’utilisation non durable que nous faisons de l’eau, et nous provoquons son évaporation en réchauffant la planète. Nous avons brisé le cycle de l’eau, détruit les écosystèmes et contaminé les eaux souterraines ».
Le chef de l’ONU a noté que près de trois catastrophes naturelles sur quatre sont liées à l’eau et qu’un quart de la planète vit sans services d’eau gérés en toute sécurité ou sans eau potable. En outre, plus de 1,7 milliard de personnes ne disposent pas de systèmes d’assainissement de base, un demi-milliard de personnes pratiquent la défécation en plein air et des millions de femmes et de filles consacrent chaque jour plusieurs heures à la corvée de l’eau. Les dirigeants participant à la conférence sont mis au défi de trouver des solutions révolutionnaires à la crise mondiale de l’eau, caractérisée par « trop d’eau » – par exemple, les tempêtes et les inondations ; « trop peu d’eau », comme les sécheresses et la pénurie d’eau souterraine, et « l’eau trop sale », comme les sources d’eau polluées.
« Cette conférence doit marquer un progrès décisif – un changement radical –, pour amener les États Membres et la communauté internationale non seulement à bien comprendre que l’eau est d’une importance vitale pour la viabilité de notre monde et qu’elle est un outil de promotion de la paix et de la coopération internationale », a déclaré le Secrétaire général.
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'adresse à l'ouverture de la Conférence des Nations Unies sur l'eau.
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’adresse à l’ouverture de la Conférence des Nations Unies sur l’eau.

Combler les lacunes, augmenter les investissements

M. Guterres a appelé à l’action dans quatre domaines clés, à commencer par combler ce qu’il a appelé « les lacunes en matière de gestion de l’eau ». Il a déclaré que les pouvoirs publics doivent élaborer et mettre en œuvre des plans visant à garantir un accès équitable à l’eau pour toutes et tous, tout en préservant cette précieuse ressource, et qu’ils doivent travailler ensemble, par-delà les frontières, pour gérer l’eau conjointement. Son deuxième point, sur la nécessité d’investir massivement dans les systèmes d’eau et d’assainissement, a rappelé les propositions en faveur de la relance des Objectifs de développement durable et de réformes de l’architecture financière mondiale visant à accroître l’investissement dans le développement durable.
« Les institutions financières internationales devraient réfléchir à de nouveaux moyens de développer les solutions de financement et accélérer la réaffectation des droits de tirage spéciaux. Et les banques multilatérales de développement devraient continuer de multiplier leurs placements dans des projets liés à l’eau et à l’assainissement afin de venir en aide aux pays qui en ont désespérément besoin », a-t-il déclaré.
Son troisième point portait sur la résilience car « nous ne pouvons pas faire face à cette urgence du XXIe siècle avec des infrastructures d’un autre âge ». M. Guterres a appelé à des investissements dans des canalisations, des infrastructures de distribution d’eau et des stations d’épuration qui soient résilientes face aux catastrophes, ainsi que dans de nouveaux moyens de recycler et de conserver l’eau. La communauté internationale aura également besoin de systèmes alimentaires intelligents, qui protègent le climat et la biodiversité en réduisant les émissions de méthane et la consommation d’eau, et d’un nouveau système d’information mondial qui permette de prévoir en temps réel les besoins en eau. Investir signifie également s’assurer que chaque personne dans le monde bénéficie de dispositifs d’alerte rapide contre les phénomènes climatiques ou météorologiques dangereux, ainsi qu’envisager de nouveaux partenariats public-privé.

Lutter contre le changement climatique

Le Secrétaire général a également appelé à lutter contre le changement climatique, son dernier point. « L’action climatique et un avenir durable de l’eau sont indissociables », a-t-il dit. Il a exhorté les pays à « ne ménager aucun effort » pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius et répondre aux attentes des pays en développement en matière de justice climatique. M. Guterres a rappelé sa proposition aux nations les plus industrialisées du G20 d’établir un Pacte de solidarité climatique dans lequel tous les grands émetteurs redoublent d’efforts pour réduire leurs émissions. Les pays les plus riches mobiliseraient également des ressources financières et techniques pour soutenir la transition des économies émergentes.
Le Président de l'Assemblée générale, Csaba Kőrösi, à l'ouverture de la Conférence des Nations Unies sur l'eau.
Le Président de l’Assemblée générale, Csaba Kőrösi, à l’ouverture de la Conférence des Nations Unies sur l’eau.

« Un bien commun mondial »

Dans son allocution, le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Csaba Kőrösi, a noté que la communauté internationale se trouvait à « un moment décisif ». « Nous savons que nous ne pouvons pas tenir notre promesse de durabilité, de stabilité économique et de bien-être mondial en accélérant les solutions conventionnelles », a-t-il déclaré. « Nous n’avons ni le temps ni la planète pour cela. Il n’y a tout simplement plus assez d’eau douce ».
Selon M. Kőrösi, la communauté internationale doit reconnaître que l’eau est « un bien commun mondial et ajuster la politique, la législation et le financement en conséquence », exhortant les pays « à travailler en faveur des personnes et de la planète, et non de la procrastination et du profit ».
Il a appelé à des politiques intégrées d’utilisation des terres, de l’eau et du climat, qui feraient de l’eau « un levier d’atténuation et d’adaptation au climat », qui renforceraient également la résilience, tant pour les personnes que pour la nature, et lutteraient contre la faim croissante dans le monde.
« Nous pouvons travailler ensemble pour responsabiliser les États et les parties prenantes grâce au système d’information mondial sur l’eau qui est notre assurance-vie pour résoudre le dilemme de la disponibilité, de la demande et du stockage de l’eau », a-t-il déclaré.
M. Kőrösi a souligné que la conférence n’était « pas un lieu pour négocier des positions, des avantages et des compromis », et a exhorté les dirigeants « à délibérer sur des solutions fondées sur la science, durables, pragmatiques et solidaires ».
Le Président Emomali Rahmon (à gauche) du Tadjikistan et le roi Willem-Alexander des Pays-Bas ouvrent la Conférence des Nations Unies sur l'eau, co-organisée par les gouvernements des deux pays.
Le Président Emomali Rahmon (à gauche) du Tadjikistan et le roi Willem-Alexander des Pays-Bas ouvrent la Conférence des Nations Unies sur l’eau, co-organisée par les gouvernements des deux pays.

Répondre aux attentes internationales

Au début de la conférence, le Président du Tadjikistan, Emomali Rahmon, et le roi Willem-Alexander des Pays-Bas ont été élus présidents de l’événement. Le Président Rahmon a déclaré que la conférence était vraiment historique – à la fois pour promouvoir une compréhension claire des graves défis que pose la crise de l’eau et pour explorer des solutions efficaces pour y faire face. « A cet égard, nous devons faire des efforts conjoints pour obtenir des résultats spécifiques et suivre l’accord conclu en vue de répondre décemment aux attentes de la communauté internationale », a-t-il déclaré, s’exprimant par l’intermédiaire d’un interprète. Il a noté que le Tadjikistan possède d’abondantes sources d’eau potable, qui sont menacées par le changement climatique. Des milliers de glaciers ont complètement fondu au cours des dernières décennies. Il a proposé d’établir des programmes nationaux, régionaux et internationaux spécifiques pour la préservation et l’utilisation efficace de toutes les sources d’eau. « Poursuivre cette initiative est en effet conforme à nos engagements dans la mise en œuvre de l’agenda climatique mondial et nécessite une coopération fructueuse avec tous les partenaires », a-t-il déclaré. « En conséquence, des mécanismes modernes et fiables d’approvisionnement en eau et de gestion efficace des problèmes liés à l’eau devraient être développés et mis en œuvre ». Le Président a également proposé de tenir la prochaine conférence des Nations Unies sur l’eau au Tadjikistan en 2028.

Trouver un terrain d’entente

De son côté, le roi Willem-Alexander a déclaré que bien que son pays côtier de faible altitude, qui comprend plusieurs îles des Caraïbes, et le Tadjikistan montagneux et enclavé « peuvent sembler un couple étrange », ensemble, ils représentent « pratiquement tout le monde de l’eau ». Il a été encouragé par le fait que beaucoup d’États membres des Nations Unies assistent à la conférence, ainsi que des représentants d’entreprises, de villes, de groupes autochtones, d’organisations de femmes et d’instituts scientifiques.
« Je suis également heureux de voir que la jeune génération est très motivée et prête à aider à trouver des solutions », a-t-il ajouté. « Mais comme ils l’ont eux-mêmes dit, nous ne pouvons pas leur confier la résolution de tous les problèmes. Il est de notre responsabilité de faire tout ce que nous pouvons ».
Le roi des Pays-Bas a exhorté les participants à rencontrer des personnes qui ne travaillent pas dans leur domaine. Par exemple, les diplomates devraient rencontrer des ingénieurs, tandis qu’un représentant de la société civile devrait prendre un café avec quelqu’un qui travaille dans la finance. « Si vous avez plus de 50 ans, parlez-en à quelqu’un de plus jeune. Et si vous vivez en Europe, tournez votre attention vers l’Afrique ou l’Asie, ou vice versa », a-t-il conseillé. « Suivez l’exemple de la République du Tadjikistan et du Royaume des Pays-Bas… L’eau est notre terrain d’entente. Il y a tellement de choses à découvrir et à réaliser ».

 

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Cyrille Souche
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