À l’heure de la grand-messe des candidats à la présidentielle sur l’avenir de la France, une étude Ifop réalisée pour l’ONG Colibris dévoile les véritables aspirations des Français.
Alors que la conjonction des crises atteint une forme de paroxysme dans le monde, la majorité des français a conscience de lʼurgence à radicalement changer de modèle de société. Selon 56% dʼentre eux, la démocratie ne fonctionne plus réellement car ce sont aujourd’hui les intérêts économiques et financiers qui priment. Seuls 12% pensent quʼil sʼagit du meilleur système pour répondre aux enjeux actuels. Au regard de la situation économique, sociale et écologique, les politiques devraient en effet faire preuve de détermination pour enrayer des crises aussi graves que lʼeffondrement progressif de notre système économique et financier, la faim galopante qui touche maintenant plus dʼun milliard dʼêtres humains dans le monde et ne saurait épargner les pays du Nord à moyen terme, le dérèglement du climat, la disparition dramatique de milliers dʼespèces animales et végétales chaque année, lʼépuisement des ressources naturelles, la raréfaction de lʼeau potable, la privatisation des biens communs de lʼhumanité (semences, terres, eau, forêts…). Force est de constater que les véritables enjeux ne sont pas abordés dans cette campagne. Les responsables politiques de deux partis majoritaires en France proposent des mesures en parfait décalage avec la gravité de la situation et les attentes de leurs concitoyens. Pourtant, la plupart des solutions qui permettraient dʼamorcer une véritable transition et résoudre une grande partie de ces problèmes, existent et apparaissent comme pertinentes pour la majorité des français. Les Français veulent avant tout une société écologique et humaine Selon les résultats de lʼétude Ifop/Colibris [[Etude Ifop/Colibris réalisée auprès d’un échantillon de 1001 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.]], en fonction des thématiques abordées, entre 55% et 80% des français sont en accord avec les propositions et les directions proposées par Colibris. Une grande majorité attend aujourdʼhui que les politiques engagent une véritable refonte de la gouvernance, pour une société plus écologique et plus humaine. En matière dʼéconomie, 75% de la population attend des politiques une lutte active contre la spéculation et un recentrage sur lʼéconomie réelle, et 97% pensent qu’il ne faut pas laisser aux banques privées le monopole de la création monétaire. Selon 64% dʼentre eux, elle doit être gérée par de multiples acteurs : État, collectivités, banques… et pour 33% être le monopole de lʼÉtat. Les résultats au sujet de la mission des grandes entreprises sont tout aussi édifiants. Pour 80% de la population, les entreprises de demain devront prendre davantage leurs responsabilités sociales et environnementales. 86% sont par ailleurs favorables à une réforme de la fiscalité de manière à ce quʼelle pèse davantage sur les activités qui nuisent à lʼenvironnement. Pour 93% des sondés, il est important de revoir le modèle agricole actuel. 54% dʼentre eux privilégie un modèle raisonné qui réduirait lʼutilisation des produits phytosanitaires (engrais, pesticides) dans un souci de limiter la pollution de lʼeau, de lʼair, des sols et les risques pour la santé. 39% attendent une refonte plus radicale avec la mise en place d’un modèle biologique, majoritairement à partir de produits locaux, dans un souci de préservation de lʼenvironnement et des emplois locaux. Concernant le grand débat sur lʼénergie, 64% des français souhaitent l’abandon progressif des énergies fossiles et du nucléaire au profit du développement des énergies renouvelables. Le sujet de lʼurbanisme est également un des grands absents des débats. Pourtant, 60% de la population souhaite une organisation plus écologique des villes : développement des espaces verts, développement des transports collectifs, isolation des bâtiments. Concernant le processus démocratique, 75% des français pensent qu’il serait bon de prendre en compte les votes blancs dans les suffrages exprimés, soit 7% de plus quʼen 2000 (étude Ifop sur la même question). Tous candidats ! L’ONG Colibris propose avec la campagne Tous Candidats ! une large mobilisation populaire pour que chaque citoyen puisse s’engager à l’échelle locale et faire masse pour porter tous ces enjeux à l’échelle nationale et européenne. “Nous vivons une forme de paralysie politique et démocratique, une forme de stupeur face au danger. C’est pour cette raison que l’ONG Colibris a lancé début 2012 la campagne “Tous Candidats”. Elle a pour objectif d’interpeller les citoyens, les élus et les entrepreneurs sur la responsabilité de chacun dans la transformation de la société. Il est urgent d’appeler nos leaders à prendre les mesures qui s’imposent face aux crises écologique, économique et sociale, et de nous mettre en action dans nos vies. L’ONG Colibris travaille actuellement sur un programme citoyen, qui permettra à une communauté de plus en plus large d’impulser des projets localement et de peser sur les orientations futures, à l’échelle nationale et européenne. Ce programme se construit actuellement dans les forums citoyens organisés partout en France par Colibris, et au travers de l’apport d’experts sur les grands sujets de société : économie, éducation, agriculture, énergie, urbanisme…” résume Cyril Dion, directeur de Colibris.(R)évolutions : des propositions et des mesures concrètes pour une société écologique et humaine
(R)évolutions de Lionel Astruc aux éditions Actes Sud/ Colibris présente 13 initiatives pionnières, 91 mesures concrètes, 33 propositions d’actions individuelles. 1 Pour une agriculture locale et biologique- relocaliser la production alimentaire pour assurer à chaque territoire son autonomie
- viser une production pour moitié biologique et pour moitié intégrée en 2050
- réduire l’élevage de 60% et aller vers des élevages de qualité, moins gourmand en ressources et moins émetteur de CO2
- Donner une place prépondérante à l’agroécologie dans les cursus de formation des jeunes agronomes et agriculteurs. Créer parallèlement des fermes-écoles qui dispensent un enseignement sous forme de compagnonnage.
- Réduire la surface minimale d’installation afin de permettre à de petites unités de production en agroécologie de se créer et de se multiplier
- Assouplir les normes sanitaires pour les productions locales
- Stimuler la réinstallation ou protéger les PME qui assurent la transformation alimentaire sur chaque territoire (séchoirs de graines, meuneries, huileries, abattoirs, fromageries, conserveries, cidreries, etc.)
- Encourager les réseaux de distribution locaux (marchés, magasins fermiers, AMAP, commerces de proximité)
- Augmenter les subventions agricoles à destination de l’agriculture biologique et de l’agriculture intégrée.
- Conditionner les aides à un effort de protection de l’environnement
- Appliquer le principe pollueur/payeur à l’agriculture : taxer le fuel agricole, augmenter le prix de l’eau d’irrigation…
- Augmenter la part d’alimentation biologique et locale obligatoire dans la restauration collective
- Faire son jardin potager / cultiver en agroécologie
- Acheter des produits bio et locaux
- Adopter un régime alimentaire moins carné, dont 2/3 des protéines soient d’origine végétale et 1/3 d’origine animale
- économiser massivement l’énergie (par la sobriété et l’efficacité énergétique) : réduire de 65% la demande en énergie primaire par rapport à 2010
- développer un bouquet d’énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolien, biomasse, géothermie…) qui représenteraient 91% de notre approvisionnement en 2050
- sortir des énergies fossiles et fissiles (pétrole, gaz, charbon, uranium) : entre 2030 et 2035 pour le nucléaire et vers 2050 pour les autres.
- Créer une haute autorité indépendante de l’énergie, du climat et de l’environnement, ayant pour mission d’aider les responsables politiques à préparer leurs décisions, d’en contrôler la mise en oeuvre et de sanctionner les manquements à l’application des mesures prises.
- Lancer un vaste programme d’isolation de l’ensemble du parc immobilier français
- Mettre en place une réglementation énergétique dans le bâtiment concernant avec la même rigueur et le même degré dʼambition la construction neuve et la rénovation des bâtiments existant
- Instaurer un instrument fiscal unique sous forme dʼune Contribution sur lʼEnergie Primaire et les Externalités environnementales (CEPEx)
- Généraliser le principe du bonus-malus à tous les biens dʼéquipement générant une consommation dʼénergie récurrente pour leur utilisation
- Lancer un vaste programme dʼéconomie des ressources énergétiques et des matières premières non-renouvelables dans lʼensemble des secteurs industriels, notamment à travers la promotion des principes de réutilisation (type consigne), de réparabilité, de recyclabilité, dans une perspective de relocalisation de la production
- Assurer le développement des énergies renouvelables dont le caractère dʼintérêt général doit être reconnu par la loi
- Favoriser lʼinstallation de “compteurs intelligents” à fin de mieux connaître la consommation à lʼéchelle de son logement, de son entreprise, de sa commune, etc.
- Isoler son logement
- Réduire sa consommation d’énergie
- Adopter un fournisseur d’énergies renouvelables 
- Passer de la monoculture à la biodiversité monétaire afin dʼaugmenter la résilience de notre système économique.
- Libérer la création monétaire afin de redonner à la monnaie, de façon démocratique, son caractère premier : faciliter lʼéchange de richesses (réelles) de toutes natures.
- Limiter la spéculation mondiale, la dérégulation et les bulles financières.
- Abroger lʼarticle 123 du traité de Lisbonne obligeant les états à emprunter exclusivement aux banques privées.
- Créer de nouveaux indicateurs de richesses prenant en compte les externalités des activités économiques ainsi que toutes les richesses non- financières produites par la société et relevant de lʼintérêt général (parent au foyer, bénévolat, régénération des espaces naturels, aide sociale…)
- Créer une monnaie complémentaire nationale, destinée à valoriser et à rémunérer les activités relevant de lʼintérêt général.
- Permettre le paiement des taxes, la rémunération des fonctionnaires dans cette monnaie complémentaire (exemple des monnaies de type C3)
- Autoriser la création monétaire à tout groupe de personnes ayant une communauté dʼintérêts (Etats, collectivités, groupes dʼentrepreneurs et de commerçants, associations…)
- Rendre ces monnaies “fondantes” pour empêcher leur thésaurisation et la spéculation.
- Utiliser une monnaie complémentaire ou en créer une là où lʼon vit.
- Choisir des placements respectueux de lʼenvironnement et de la société.
- Sélectionner sa banque et ses assurances en fonction de leur politique écologique et sociale.
- Passer de lʼéconomie verte (polluer moins) à lʼéconomie bleue (ne plus polluer et régénérer la nature)
- Remplacer la compétition économique par la solidarité et la complémentarité entre les entreprises valorisant les ressources et savoir-faire locaux.
- refuser lʼhyperspécialisation.
- rechercher les ressources nécessaires (emploi, matières premières) en priorité localement, dans un périmètre limité. • rechercher les complémentarités avec dʼautres activités économiques sur le territoire.
- adopter des modèles de production industrielle écologique et circulaire “zéro déchets”
- penser « long terme”
- Mettre en place ces modèles si lʼon est entrepreneur.
- Privilégier les produits de ces entreprises lorsque lʼon fait ses achats. 
- Repenser lʼurbanisme à la lumière des deux impératifs que sont : la réduction des besoins en énergie non-renouvelables et la recherche dʼun “mieux-vivre ensemble”.
- Généraliser lʼarchitecture écologique et lʼefficacité énergétique des bâtiments
- Stopper l’étalement urbain et rééquilibrer les densités de population ville-campagne
- Créer dans chaque région une grille dʼévaluation de la qualité environnementale des constructions, adaptée au territoire, qui définit les aides apportées par la collectivité à l’habitat neuf ou rénové.
- Favoriser la construction de petites unités à lʼéchelle humaine comptant environ cinq à quinze logements.
- Prévoir dans le plan dʼurbanisme : un commerce, un équipement ou des services en rez-de-chaussée de chaque immeuble afin de favoriser la mixité fonctionnelle des bâtiments et la proximité d’un réseau de transports collectifs.
- Instaurer des critères dans l’obtention de permis de construire favorisant les projets collectifs, coopératifs, à haute performances énergétiques, à forte mixité sociale et inter-générationnels.
- Aménager dans les friches industrielles, portuaires, militaires, de vastes espaces de nature et des équipements de loisir.
- Engager un grand programme d’isolation des logements existants.
- Développer la mixité fonctionnelle et la mutualisation des bâtiments, dans le neuf, comme dans l’ancien.
- Instaurer sur les territoires une gouvernance décentralisée, « du bas vers le haut » qui implique toutes les parties prenantes. Faire fonctionner l’intelligence collective.
- Avant de construire une maison individuelle, envisager lʼidée dʼune seule construction pour plusieurs logements avec dʼautres porteurs de projets. • Choisir un emplacement qui permette de profiter sans voiture des équipements publics (transports, mais aussi infrastructures sportives, culturelles etc.).
- Utiliser en priorité des matériaux locaux issus de ressources renouvelables