« Evénements climatiques extrêmes, aggravation des tensions autour de l’approvisionnement alimentaire, surexploitation des ressources, instabilité des marchés financiers, émergence de nouveaux conflits : ces phénomènes, et bien d’autres encore, forment désormais un système complexe global qui tend à échapper au contrôle des Etats. Si rien n’est entrepris aujourd’hui, la situation pourrait devenir dramatique dès 2050. »
Après L’Homme viable. Du développement au développement durable (Odile Jacob, 2010), Michel Griffon – agronome, économiste, conseiller scientifique à l’Agence nationale de la recherche (ANR) et Président du Fonds français pour l’environnement mondial -, et son fils Florent Griffon – économiste du développement durable et analyste chez Dexia Asset Management – préviennent « le système monde tend vers des périls et il n’y a pas de pilote ». Quel est donc ce « scénario noir », combinaison des pires évolutions environnementale, économique et sociale ? En quoi les quatre décennies qui viennent sont-elles capitales pour l’éviter ? Et surtout, sur quelles bases est-il possible d’élaborer cette gouvernante mondiale seule capable d’assurer désormais la viabilité de notre planète ? Voici un livre choc destiné à provoquer une prise de conscience salutaire et une accélération des solutions qui s’imposent dès aujourd’hui pour notre monde et celui de demain. UN BILAN Dans ce livre, les auteurs réitèrent tout d’abord leur appel à la constitution d’un « homo viabilis » en opposition au désormais obsolète « homo economicus ». L’homo viabilis désigne l’homme idéal de demain, capable de faire face à la mondialisation et à la complexification des phénomènes climatiques, économiques, démographiques… en inventant un « chemin pour un avenir viable et vivable ». Selon eux, il ne s’agit plus seulement d’imaginer un modèle de développement durable, mais de s’inquiéter de la viabilité de notre monde. Pour comprendre qui est cet « homo viabilis », les deux auteurs développent longuement le concept de « changement global » qui met en lumière l’imbrication de tous les changements de la planète et des sociétés. La représentation de ce « grand tout » passe par le découpage du « système global » en dix huit processus, qui constituent dix huit chapitres, expliqués en détail et remis en perspective dans le contexte mondial par le détail de leurs causes et conséquences. DES SOLUTIONS La seconde partie du livre s’attache enfin à proposer des solutions qui doivent, tous comme les changements, être envisagées de façon globale, en mesurant les implications de chaque décision dans les autres domaines. Des propositions qui entraîneraient l’humanité toute entière à s’investir, selon le philosophe Alain Cugno, dans « la création d’un monde nouveau comme si nous étions dans un monde neuf ». Les auteurs remettent ainsi en cause le système de démocratie représentative à l’occidentale pour proposer une démocratie centrée sur la délibération et le débat, avancent l’idée d’une fiscalité innovante, d’un nouveau système éducatif ou encore d’encadrer le système financier international. Autant de propositions qui exigent l’existence d’une volonté politique forte et mondialisée. Ce livre invite à la réflexion en fournissant des connaissances claires et précises dans des domaines aussi variés que la biologie, l’économie, l’histoire ou la géographie, qui prennent sens dans leurs croisements et leurs mises en perspective. Le 2 septembre dernier, Michel Griffon était l’invité de Marie-Odile Monchicourt dans la chronique de Info sciences sur France Info. Pour écouter cet entretien cliquez ici (5’23 »). Pour un monde viable, changement global et viabilité planétaire, de Michel Griffon et Florent Griffon, éditions Odile Jacob (septembre 2011), 329 pages, 25,90 euros.