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Un plaidoyer de Joaquin Muñoz, directeur général de Max Havelaar France

Commerce équitable : 20 réponses pour agir

Faire du commerce à son propre profit tout en générant un développement durable collectif

Café, thé, chocolat, riz, jus de fruits, épices mais aussi jeans, tee-shirts, couettes, ou encore gel douche, des centaines de produits du quotidien, souvent distribués en grande surface, sont estampillés « commerce équitable ». Or, devant la multitude des marques fleurant bon l’alter-mondialisme et l’exotisme bio, il arrive au consommateur de douter : l’étiquette « commerce équitable » ne serait elle pas une invention marketing destinée à glisser quelques kilos de bonne conscience dans les rayonnages des supermarchés ? Joaquin Munoz, directeur général de Max Havelaar – France, organisation non gouvernementale dont le logo est aujourd’hui présent sur plus de 2000 produits, essaye de répondre sans langue de bois aux multiples interrogations suscitées par cette nouvelle utopie concrète. Enjeux et impacts mais aussi polémiques et avenir, cet essai pratique et dictatique décrypte le commerce équitable pour nous permettre d’en faire une réalité durable.

A 35 ans, Joaquin Muñoz considère qu’il est « citoyen d’un grand village mondial qui a cessé de se définir de manière dualiste. Aujourd’hui, les frontières s’estompent, pour le meilleur et pour le pire. Le monde est globalisé. Jamais autant d’idées, de produits, de services n’ont été échangés. » Le directeur directeur général de Max Havelaar France poursuit : « nous sommes tous consommateurs, de manière plus ou moins consciente, de produits qui ont parcouru plusieurs milliers de kilomètres, ou de services offerts à grande distance. Nos draps viennent du Népal, nos choux de bruxelles du Guatemala, nos rouges à lèvres et nos lunettes de Chine, nos t-shirts du Bangladesh. Une partie d’entre eux est étiquetée par de grandes marques internationales. Et, si j’ai un problème avec mon ordinateur ou mon électroménager, la voix du service après-vente me répond depuis l’Inde ou le Maroc… » « En ouvrant nos frontières et services aux produits venus des quatre coins du monde, c’est tout l’avenir économique et social de nos sociétés que nous avons boulversé. A mon avis, écrit Joaquin Muñoz, cela engendre autant d’opportunités que de menaces. » « Toute cette activité fait s’emballer les indicateurs économiques et sociaux. Alors que le monde n’a jamais créé autant de richesses, le nombre d’exclus n’a jamais été aussi important. Ils sont des millions à travailler à perte ; ou bien encore ne plus travailler du tout, faute d’activité. » « Cette réalité, présente dans le monde entier, se fait particulièrement violente dans les pays dits du Sud, un vocable réducteur que nous utilisons pour désigner les pays, le plus souvent situés dans l’hémisphère sud et dont l’indice de développement humain (IDH) est faible. En général, ce sont des pays « à vocation agricole, comme les caractérise la Banque mondiale. » « Les inégalités entre ville et campagne ajoutée à la dureté du travail agricole poussent des familles entières à quitter les zones rurales au profit de grandes métropoles où elles ne trouvent guère plus d’opportunités. Elles vont parfois jusqu’à migrer dans des pays étrangers où leur intégration est souvent problématique ». Alors que faire face à ce constat ? « Les moralistes reprochent aux puissants de voler trop bas, d’être irresponsables. Les cyniques renvoient l’accusation en reprochant aux idéalistes d’avoir perdu le sens minimum des réalités. Le journaliste Edwy Plenel remarque à juste titre que la traduction du mot anglais « globalisation » par « mondialisation » n’est pas loin du « contresens historique ». Il propose d’utiliser la notion de « globalisation » pour désigner l’expansion aux quatre coins du monde des lois du marché capitaliste de manière plutôt prédatrice et de réserver le terme « mondialisation » à l’espoir de voir cette « globalisation » encadrée de telle sorte que son côté prédateur cède sa place à des échanges mondiaux régulés, plus homogènes et éqitables ». Dans l’avant-propos de son livre « Commerce équitable : vingt réponses pour agir« , l’auteur écrit : « Dans cette perspective, je me revendique comme altermondialiste. Altermondialiste ne signifie pas défendre une idéologie hors de la réalité, mais simplement penser qu’un autre monde est possible. Un monde dans lequel l’économie serait plus solidaire et concilierait les mécanismes du marché avec l’intérêt général – biens communs et biens publics. »

Le commerce équitable, une solution réaliste ?

« L’activité commerciale y serait aussi bénéfique pour le poids lourd du marché que pour le producteur familial. Les règles du jeu ne seraient pas définies en faveur de Goliath au détriment de David. Celles-ci établiraient un pacte réaliste entre Goliath (la grande entreprise qui concentre les débouchés) et David (les acteurs les plus défavorisés du marché). Etre liés par des engagements économiques partagés ne peut qu créer une solidarité d’intérêts mutuels ». « A mon avis, écrit encore Joaquin Muñoz, c’est le complément indispensables à l’éthique militante qui voudrait que nous soyons tous solidaires. » « Dès mes premiers contacts avec le commerce équitable, j’ai pressenti que cette innovation sociale était porteuse d’une révolution extraordinaire. De fait, cette idée associe des objectifs qui peuvent apparaître comme contradictoires : faire du commerce à son propre profit tout en générant un développement durable collectif, ce qui suppose de respecter un certain nombre de règles du jeu ». « Pourtant, assure le directeur directeur général de Max Havelaar France, le commerce équitable a largement démontré que ces deux paramètres étaient conciliables ». Il poursuit : « Il a prouvé qu’une autre voix était désormais possible entre l’économie planifiée et le libéralisme débridé. Il montre chaque jour qu’un nouvel humanisme économique, social et environnemental peut relier les pays du Nord à ceux du Sud et associer consommateurs et producteurs. » L’objectif de ce livre est d’apporter des réponses concrètes pour agir chacun à son niveau. En tout cas, à l’heure d’une crise financière et économique majeure, les consommateurs français ne boudent pas les produits issus du commerce équitable. Selon ETHIQUABLE, le commerce �équitable r�ésiste bien à la crise et à la baisse du pouvoir d�’achat. La croissance en volume des ventes alimentaires �équitables en grande distribution continue � progresser de mani�ère soutenue avec une progression de près de 10 % (premier semestre 2008). Elle rivalise bien face au march�é conventionnel qui de son cô�t�é est en perte et affiche une baisse de 3%.

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David Naulinhttp://cdurable.info
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1 COMMENTAIRE

  1. Commerce équitable : 20 réponses pour agir
    Tout Commerce devrait être équitable et durable.

    Il est vrai que c’est un plaisir d’acheter des produits équitable car nous savons que notre acte d’achat va permettre aux producteurs de vivre décemment avec leurs familles.
    Les acheteurs du commerce équitable veillent aux grains et grâce à tous les revenus des producteurs augmentent.
    J’ai l’habitude d’acheter du riz Equitable et je vois sur les emballages le tonnage produit à l’hectare et les illustrations montrent des rizicultrices repiquer du riz qui est resté plus de 30 jours en pépinière. Le riz repiqué trop tard ne donne pas plus de 3 t ha . Alors que ces familles en pratiquant le repiquage précoce à 8 ou 10 jours au stade de 2 feuilles pourraient doubler leur rendement. Je voudrai savoir si le commerce équitable a déjà commencé à diffuser le Système de Riziculture intensive auprès des paysans et dans quel pays?

    Pour ceux qui ne connaissent pas encore le SRI

    Le SRI (Système de Riziculture Intensive), vous trouverez ci-dessous quelques précisions:

    Le SRI qui a été découvert en 1982 à Madagascar par le Père Jésuite Henri de Laulanié, permet d’accroître très fortement les rendements (4 à 12 t/h de rendement au lieu de 2 t/h avec le système classique) tout en consommant 2 fois moins d’eau et 10 fois moins de semence.

    Il « suffit » de repiquer le riz dès qu’il a 2 feuilles, très espacé 25×25 cm, de contrôler l’apport en eau (le riz n’est pas une plante aquatique) et de faire une rotation des cultures (haricot, pommes de terre et riz la même
    année).

    Le Professeur Norman Uphoff de l’Institut Cornell de New-York (CIIFAD)
    participe lui aussi largement à la diffusion du SRI et plus de 30 pays
    pratiquent désormais ce système.

    Pour en savoir plus:

    voir : http://www.tefysaina.org (Site de Tefy Saina)

    http://ciifad.cornell.edu/SRI/countries/index.html (liste des pays
    pratiquant le SRI)

    http://fr.youtube.com/watch?v=P0UYXNuhpuM (video sur le SRI comparé au
    système classique+ projet de Soeur Pierrette à Antsirabé).

    Il est clair que le SRI est une réponse aux problèmes de faim et de santé dans le monde.

    C’est un système rustique et naturel relativement facilement appréhendable par les paysans du monde entier dès lors que l’apport en eau est maîtrisable dans les rizières.

    Je souhairerai échanger sur ce sujet avec les responsables du commerce équitable afin d’étudier avec eux ce que nous pourrions faire ensemble

    Jean Yves Clavreul
    jean-yves.clavreul@wanadoo.fr