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Alternatives Economiques Hors-série n°86 Octobre 2010

Economie et société : les chiffres 2011 en 30 thèmes et 280 graphiques

Croissance en berne, inégalités sociales toujours plus fortes, endettement des Etats, boulimie énergétique … A partir des dernières statistiques disponibles, ce hors-série d’Alternatives Economiques décrypte les grands mouvements de fond de l’économie et de la société, en France comme dans le monde en 30 thèmes et 280 graphiques.

Schizophrénie ? Par Antoine de Ravignan et Sandra Moatti Serions-nous schizophrènes ? Ces « Chiffres de l’économie 2011 » s’ouvrent sur une préoccupation : notre croissance en berne. Et s’achève sur une inquiétude: la dilapidation de notre patrimoine naturel. Il est question ici de produire davantage (pour donner des revenus et du travail à ceux qui en manquent) ; là, de mettre le holà à nos modes de production et de consommation insoutenables. Peut-on servir ces deux maîtres à la fois ? La réponse ne tient pas dans une alternative aussi simple. La baisse de la croissance n’est pas en soi une bonne nouvelle pour l’environnement, comme le montre la crise actuelle. On a bien constaté en 2009 une décroissance des émissions de CO2, mais il n’y a pas de quoi applaudir. C’est en effet le résultat sans lendemain d’une récession qui aura surtout eu pour conséquence de geler la volonté de s’atteler à la conversion écologique de l’économie. L’abandon de la taxe carbone ou encore le coup de rabot sur la fiscalité écologique, au nom de la restauration des finances publiques, en apportent, en France, la démonstration. Au total, que la croissance augmente ou baisse, c’est toujours l’environnement qui trinque, des intérêts de court terme l’emportant sur nos intérêts de long terme. Pour avancer sur la voie de l’économie durable (le titre d’un précédent hors-série d’Alternatives Economiques), il faut au contraire consentir des coûts immédiats – en payant l’énergie plus cher, par exemple – et des investissements considérables. Pour un bénéfice qui ne se révélera pleinement qu’à long terme. L’effort à consentir n’est pourtant pas hors de portée. Pour contenir le changement climatique, l’Agence internationale de l’énergie estime qu’il faudrait investir pendant des décennies un peu plus de 1% du PIB mondial chaque année, prioritairement dans les économies d’énergie. C’est moitié moins que les dépenses militaires des Etats. Mais sans un minimum de croissance, cela risque d’être encore trop. Oui, mais quelle croissance? Le PIB, on le sait, est un bien piètre indicateur de richesse, aveugle aussi bien au contenu de la production qu’aux formes de la consommation. Que les revenus proviennent de la progression des ventes de voitures ou de l’isolation des bâtiments, cela n’affecte pas le PIB. A quoi s’ajoute son indifférence à la répartition de la richesse: qu’elle soit accaparée par un petit groupe ou profite au plus grand nombre, c’est pareil. Or, plus les sociétés sont inégalitaires, plus elles risquent d’être hostiles à la conversion écologique. D’une part, parce que les plus modestes vivront durement la nécessaire augmentation du prix d’un certain nombre de biens. D’autre part, parce que les plus riches, habitués à des comportements de surconsommation, n’accepteront pas d’en changer et continueront d’imposer ce modèle à l’ensemble de la société. A quand, par exemple, des indicateurs de croissance des revenus par niveaux de vie, disponibles rapidement (et non pas avec trois ans de retard) et pour tous les pays ?

Sommaire

L’Europe et la criseReprise : le choc et l’enlisement. L’Union est à la traîne de la reprise mondiale. La crise a imprimé des traces profondes sur les marchés du travail et les finances publiques. – Modèle de croissance : des économies européennes divergentes. La crise a révélé la divergence des stratégies économiques des Etats de la zone euro. Mais la coordination des politiques n’est pas facile. – Finances publiques : une union à solidarité limitée. Budget insuffisant, prééminence des logiques nationales, les faiblesses institutionnelles de l’Union compromettent aujourd’hui la reprise. – Monnaie : l’euro et le monde. Malgré une forte instabilité et même si le dollar reste dominant, l’euro tient une place importante parmi les monnaies mondiales. – Finance : la crise change la donne. Le secteur bancaire s’est un peu assagi depuis la crise, mais il reste encore beaucoup à faire pour assurer la stabilité financière au niveau mondial. – Inégalités : être pauvre en Europe. Suite à la crise économique, davantage d’Européens pourraient être frappés par la pauvreté. Cependant, tous ne seront pas logés à la même enseigne. Emploi et revenusEntreprises : les firmes françaises dans la crise. L’industrie a vu sa production s’effondrer et sa compétitivité poursuivre sa glissade. L’Hexagone a besoin de sociétés de taille moyenne qui exportent et innovent. – Emploi : du tertiaire et des précaires. La crise a accentué la tendance: le tertiaire poursuit sa progression et l’industrie son déclin, et les embauches en contrats atypiques battent des records. – Chômage : les exclus du travail. Effet direct de la crise, le nombre de demandeurs d’emploi a explosé. Une hausse qui touche surtout les catégories les plus fragiles. – Consommation : la crise bride les dépenses des ménages. Le pouvoir d’achat ne progresse plus guère, voire même il diminue pour certains. Et la structure de la consommation se modifie peu à peu. – Revenus : les inégalités se creusent. En France, la pauvreté ne recule plus depuis dix ans, tandis que les écarts de revenus continuent d’augmenter. L’impact de la crise de 2008 n’a rien arrangé. Politiques publiquesBudget : à quoi sert l’argent public ? Education, défense, justice, politique sociale, investissements publics…, payés par tout le monde, impôts et cotisations sociales bénéficient aussi à tous. – Comptes publics : l’Etat s’endette de plus en plus, à qui la faute ? La baisse des rentrées fiscales est, depuis près de quinze ans, la principale cause de la dérive des finances publiques françaises. – Santé : comment la France assure. Les problèmes de financement de l’assurance maladie accentuent les inégalités de santé et révèlent des problèmes récurrents d’organisation. – Retraites : une réforme en trompe l’oeil. La « grande réforme » annoncée par le Président accouche d’une série de bricolages très politiques, qui répondent à l’obsession des déficits publics. – Agriculture : l’Europe verte au tournant. Soutiens publics, environnement, commerce extérieur…, la politique agricole commune, en cours de renégociation, prend l’eau de toute part. – Environnement : le Grenelle en panne. Au-delà des annonces, le bilan de la politique environnementale de la France est bien modeste à côté de celui de nombre de ses voisins. SociétéRégions : la diversité des territoires français. La richesse d’un territoire n’est pas qu’économique. D’autres indicateurs permettent d’en dresser une cartographie plus complexe, mais aussi plus précise. – Population : en Europe, davantage de bébés, moins d’immigrés. L’Union européenne enregistre davantage de naissances, tandis que les flux migratoires, sur fond de crise économique, sont en baisse. – Parité : l’égalité des sexes à la peine. Hommes et femmes sont loin d’être à égalité dans notre société. De l’école à l’emploi en passant par la famille, un long chemin reste à parcourir. – Ecole : un moindre effort. La part de la richesse que la France consacre à l’école diminue, comme les taux de scolarisation. Un danger pour l’avenir. – Culture : la société de l’écran. Les nouvelles technologies modifient les pratiques culturelles et de loisirs des Français. Mais la démocratisation est encore bien lointaine. PlanèteDémographie : plus nombreux, mais moins féconds. C’est un immense défi écologique et économique: nous serons 2 milliards de plus sur Terre en 2050. Une croissance largement tirée par le Sud. – Richesse : le basculement du monde. Alors que le partage de la richesse mondiale évolue au profit des pays émergents et qu’une classe moyenne apparaît au Sud, l’extrême pauvreté persiste. – Développement : trop lents progrès au Sud. Chine mise à part, la pauvreté a peu reculé dans le monde. Annoncés en 2000, les Objectifs du millénaire ne seront pas tous atteints en 2015. – Commerce : l’Asie au coeur des échanges mondiaux. L’essor des pays émergents, notamment de la Chine, a intensifié la mondialisation des échanges, dont le centre de gravité s’est déplacé. – Multinationales : la mondialisation des firmes fait une pause. Les investissements directs à l’étranger marquent le pas. Un effet direct de la crise, mais aussi d’une remise en cause du dogme libéral. – Climat : le carbone, drogue dure. Faute de politiques conséquentes, la boulimie énergétique actuelle mènera à un changement climatique de grande ampleur. – Géopolitique : ressources sous tension. Avec une demande énergétique et alimentaire qui ne cesse de croître, le pétrole, l’eau et la terre sont des biens de plus en plus convoités. – Biodiversité : la faune et la flore en chute libre. La diversité des espèces continue de se dégrader rapidement, contrairement aux engagements pris par la communauté internationale en 2002. Les chiffres 2011 Alternatives Economiques Hors-série n°86 – Octobre 2010 – Prix : 6,90 € – Disponible chez votre marchand de journaux ou sur le site d’Alternatives économiques en cliquant ici.

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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