Les Amis de la Terre ont décerné hier soir à Paris les prix Pinocchio du développement durable 2009, sur la base des votes des internautes. Cette année, les lauréats sont Bolloré dans la catégorie « droits humains », Total dans la catégorie « environnement », et EDF dans la catégorie « greenwashing ».
Dans la catégorie « droits humains » c’est le groupe Bolloré qui a reçu le prix avec 35 % des votes dans sa catégorie, pour les conditions de travail déplorables des travailleurs dans les plantations d’huile de palme de sa filiale Socapalm (Cameroun), dont elle est actionnaire majoritaire. Le groupe Total a quant à lui reçu le prix Pinocchio dans la catégorie « environnement » avec 29 % des votes de cette même catégorie. Les internautes condamnent la multinationale française pour son implication dans le méga-projet pétrolier Kashagan (Kazakhstan), qui s’annonce comme une catastrophe environnementale et sanitaire. Ce cas illustre le double discours du groupe qui, loin de l’image moderne et éthique qu’il cherche désespérément à se donner, continue à investir massivement dans des projets fossiles polluants et archaïques. Pour le « greenwashing » enfin, c’est EDF qui remporte le prix avec 42 % des votes de cette catégorie pour sa récente campagne de communication « Changer d’énergie ensemble » qui a coûté plus cher les dépenses du groupe en recherche et développement dans les énergies renouvelables. Ces dernières ne représentent elles-mêmes qu’une part infime du chiffre d’affaires du groupe par rapport au nucléaire. Les Amis de la Terre organisent chaque année les Prix Pinocchio du développement durable pour dénoncer les le bilan désastreux de grandes multinationales, en termes économiques, environnementaux ou sociaux. Les multinationales, toujours aussi peu encadrées, ont de plus bénéficié de financements publics sans précédent pour éviter de pâtir de la crise et ce sont les contribuables et les salariés qui doivent assumer les coûts. Pour Gwenael Wasse, chargé de campagne pour la Responsabilité sociale et environnementale aux Amis de la Terre, « malgré les beaux discours, les multinationales continuent à faire ce qu’elles veulent sans être inquiétées, en s’en tenant à des accords volontaires dont l’inefficacité est flagrante. Dans la crise systémique actuelle, il est plus que jamais temps que les décideurs prennent leurs responsabilités et mettent enfin en place des lois contraignantes. Il n’est plus admissible que les intérêts privés des multinationales continuent à primer sur l’intérêt général, l’avenir de la planète et le bien-être de ses habitants ».