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L’assurance contre les effets des catastrophes naturelles dans le domaine agricole est-elle un outil pour lutter contre le changement climatique et s’y adapter efficacement ? Birgit Müller de l’UFZ Centre for Environmental Research (Allemagne), Leigh Johnson, chercheur en géographie de l’université d’Oregon (USA) et David Kreuer de l’UFZ analysent ce sujet dans leur article « Maladaptive outcomes of climate insurance in agriculture » publié en août 2017 dans Global Environmental Change. Les subventions destinées aux programmes d’assurance existant dans le monde pour les risques météorologiques en agriculture dépassent aujourd’hui 2 Mds $[[En France, il s’agit par exemple du fonds national de gestion des risques agricoles, qui bénéficie notamment du produit d’une contribution additionnelle sur les cotisations d’assurance et d’une subvention de l’Etat.]]. L’enjeu est donc important. L’article s’appuie sur des études empiriques dans différentes régions du monde. Par « assurance climatique » sont désignés les mécanismes financiers permettant d’indemniser suite à des conditions météorologiques extrêmes, comme des sécheresses ou des ouragans. Beaucoup d’attention est portée jusqu’à présent aux bénéfices immédiats de ce type de mécanisme, promu y compris par le G7. Les conséquences sociales et écologiques à long terme ne sont cependant pas suffisamment prises en compte. Le bilan de l’assurance climatique agricole (1) comporte de potentiels effets négatifs (2) qui nécessitent d’agir pour en limiter l’impact (3). – #1 L’assurance climatique concerne beaucoup d’acteurs. Elle peut faire l’objet d’un programme national, comme celui décidé en 2006 par l’Ethiopie. L’assurance indemnise les agriculteurs en cas de perte de leur récolte suite à des perturbations météorologiques, ce qui permet de maintenir leur activité et contribue à la résilience des territoires[[L’article n’aborde pas en revanche les possibilités d’extension possibles de l’assurance agricole aux risques induits par l’évolution des règlementations liées à l’environnement et au climat.]]. – #2 Les effets pervers de l’assurance climatique agricole peuvent être d’abord économiques, sur la base d’une logique d’aléa moral[[Prise de risque supplémentaire lorsqu’une personne ou un organisme est assuré contre ce risque.]]. Lorsque les agriculteurs se savent assurés, ils investissent souvent dans des variétés plus risquées, au rendement plus élevé. Ceci entraîne des gains financiers immédiats, mais aussi des pertes plus grandes en cas de catastrophes naturelles. Ses conséquences écologiques peuvent en outre être négatives. Avec l’assurance agricole, les petites structures des pays en voie de développement cultivent souvent une moins grande diversité de variétés, qui permettait jusqu’alors d’assurer la survie d’au moins une culture en cas de sécheresse. Les conséquences écologiques de cette tendance à la monoculture peuvent être nombreuses: appauvrissement des sols, sensibilité plus élevée aux maladies et aux parasites, diminution de la biodiversité, usage accru de pesticides et de fertilisants, pollution de l’eau. Dans le Punjab en Inde par exemple, la généralisation des deux cultures du riz et du blé entraîne une perte de la qualité des sols et une augmentation des maladies affectant les cultures. L’assurance climatique peut enfin avoir un impact social défavorable. Les agriculteurs s’entraident en cas de mauvaises récoltes, par le biais de réseaux informels d’auto-assurance. La disparition des réseaux de ceux qui ne peuvent se permettre financièrement de souscrire à une assurance agricole représente une difficulté supplémentaire. – #3 Diverses pistes d’amélioration sont proposées, notamment l’utilisation des politiques d’assurances uniquement en cas d’urgence extrême, laissant aux agriculteurs la gestion des crises moyennes, ou bien le choix d’une meilleure échelle territoriale d’intervention despolitiques d’assurance. La création des nouvelles bases de données sur les caractéristiques biophysiques et socio-économiques locales est recommandée.

L’Oeil N°19 au format .pdf

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