Nicolas Sarkozy rencontre cet après-midi les dirigeants des grandes banques françaises pour la septième fois en moins d’un an. Cette rencontre, en pleine polémique sur les bonus des banquiers devrait malheureusement à nouveau accoucher d’une souris, ces derniers refusant obstinément de voir remis en cause l’un des principaux mécanismes d’incitation à l’origine de la crise actuelle. Les Amis de la Terre demandent au Président de la République de s’engager à légiférer enfin sur cette question et de supprimer les bonus ou d’imposer des malus symétriques, seules solutions pour mettre un terme aux dérapages incontrôlés et à l’aveuglement de nombreux acteurs financiers.
Poussé par une opinion publique scandalisée par le retour aux pratiques bancaires fastueuses d’avant-crise, Nicolas Sarkozy reçoit à nouveau aujourd’hui les dirigeants des principales banques françaises. C’est malheureusement pour jouer à nouveau au jeu de dupes, dénonce Yann Louvel, chargé de campagne Finance privée aux Amis de la Terre : « Les propositions mises sur la table par les banques françaises sont lénifiantes. Elles ne résolvent en aucune façon le problème fondamental des bonus : leur caractère incitatif menant à une sous-appréciation notoire et chronique du risque. Les bonus étant par essence problématiques, seules des mesure radicales prenant le problème à la racine peuvent faire changer les pratiques actuelles ».
Deux solutions sont possibles et peuvent réellement changer les choses, comme l’explique Sébastien Godinot, coordonnateur des campagnes aux Amis de la Terre : « Le plus simple serait d’interdire purement et simplement toutes les « rémunérations variables » des opérateurs de marché, les privant ainsi de toute incitation monétaire à une prise de risque excessive. L’autre solution serait de procéder à une intense « désincitation » en rendant pleinement algébrique le calcul des bonus, c’est-à-dire en transformant les bonus en malus en cas de pertes. Les traders et leur hiérarchie devraient ainsi rembourser les pertes comme ils bénéficient des gains. Il est en effet totalement scandaleux que les opérateurs de marché bénéficient de bonus mirobolants quand tout va bien, mais se réfugient derrière l’Etat, et donc les contribuables, littéralement pris en otage, quand tout va mal ».
Contrairement à ce qu’affirment les banques françaises, le problème des bonus ne nécessite pas impérativement de règlement international, un argument généralement employé par ces dernières pour ne rien faire. Le fait que les solutions proposées ci-dessus provoqueraient le départ des « meilleurs éléments » des banques françaises vers les autres places financières constitue au contraire l’un de leurs plus grands avantages, comme l’explique Yann Louvel : « La France n’a pas besoin de ces « compétences » qui non seulement fragilisent son économie mais viennent de prouver combien elles sont nuisibles socialement. La fuite des « cerveaux » les plus aveuglés par les profits à court terme pourrait même être salutaire pour la place de Paris. Si la City et Wall-Street veulent continuer à jouer avec des traders sans être capables d’en contrôler les activités, tant pis pour elles ! Il est grand temps que Nicolas Sarkozy s’engage à légiférer en la matière et aille bien au-delà des recommandations des banquiers qui n’ont tiré aucune leçon de la crise financière ».
– Source : communiqué de presse des Amis de la Terre du 25 août 2009