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Plaidoyer pour les énergies renouvelables

Au moment où le prix du baril monte inexorablement et le litre d’essence sans plomb a franchi hier la barre symbolique de 1,5 €, ALAIN LIÉBARD ET YVES-BRUNO CIVEL (respectivement président et directeur général de l’Observatoire des énergies renouvelables (Observ’ER))font un « plaidoyer pour les énergies renouvelables » dans le quotidien « Le Figaro » (du 07/09/2005). En voici quelques extraits…

Soixante, soixante-cinq, soixante-dix dollars le baril… Le prix du pétrole monte inexorablement. Dans les colloques, les rencontres, les rendez-vous, sur le mode enthousiaste ou dans le genre moqueur, on nous félicite et on nous congratule : «La crise va profiter aux énergies renouvelables, vous voyez enfin le triomphe de vos idées et de vos technologies !» La remarque est pertinente et les encouragements sincères. Et pourtant, si nous restions dans les schémas de pensée actuels, celle-ci ne profitera pas aux énergies renouvelables. Paradoxe ! Nous sommes aujourd’hui au début de la crise et nous entrons «pour de vrai» dans la transition énergétique. C’est-à-dire que les politiques préparatoires à la transition qui ont été conduites entre 1980 et maintenant ne sont plus satisfaisantes et qu’il va falloir changer très rapidement l’échelle du développement des énergies renouvelables, pour apporter une réponse crédible et d’intérêt général.

Sur un fond de lutte contre le réchauffement du climat, celles-ci ont été plutôt bien conduites par un renforcement de l’offre : un développement des technologies, un soutien à l’industrie, des primes aux installations, des subventions nationales et régionales, ou des bonifications de certains tarifs d’achat… Sauf pour les Cassandre, il n’y avait pas d’extrême urgence. Et les différents outils et mesures accordés par une administration attentive à ne mécontenter personne ont permis aux professionnels d’exister sur un marché de niches et de tester l’excellence de leurs produits. Les principaux clients de cette période se recrutaient parmi des consommateurs privés, imaginatifs et pionniers et dans les entreprises ou les collectivités territoriales saisies par l’ardente obligation de mettre en oeuvre des opérations de développement durable à forte lisibilité médiatique ou électorale.

Poursuivre la logique du soutien de l’offre est sans nul doute nécessaire, mais il serait insensé de compter seulement sur les industriels des énergies renouvelables pour créer, ex nihilo, des réseaux commerciaux puissants et devenir de grands distributeurs nationaux d’énergie. Ce n’est pas leur métier, ils n’en ont pas la taille critique et les énergies renouvelables se commercialisent toujours en accompagnement des énergies conventionnelles ! Très rapidement désormais, si l’on veut réellement se dégager de la contrainte pétrolière et de la contrainte gazière qui suivra indubitablement, il faut mettre en place, aux côtés d’une politique existante du développement de l’offre, une politique de la demande en sources d’énergie renouvelable aujourd’hui quasiment absente.

Certes, il existe un crédit d’impôt à 40% mis en place au début de cette année. C’est un bon début. L’Etat responsabilise et gratifie fiscalement les personnes privées désireuses de s’équiper. Dans l’urgence, alors que son efficacité n’a pas encore été mesurée, il est proposé de la faire passer à 50% et d’élargir son assiette en 2006 ! C’est bien. Mais la mesure ne sera jamais, à elle seule, quantitativement suffisante. L’Etat, endetté, ne pourra maintenir durablement les incitations fiscales et financières nécessaires à assurer une forte croissance.

Au demeurant, au prix actuel de l’énergie, il ne serait guère légitime de subventionner trop fortement et trop longtemps des énergies renouvelables devenues concurrentielles. Il faut et il suffit d’inventer leur booster. Une mesure, propre à lancer durablement la mécanique, est celle de la mise en place d’une politique de «quotas d’énergies renouvelables». En voilà le principe : l’Etat prend ses responsabilités politiques et fixe à toutes les compagnies de production et de distribution d’énergies traditionnelles qui interviennent en France des quotas d’énergies renouvelables. Un quota est une obligation raisonnée et mesurée, pour les grands acteurs énergétiques, de placer chaque année un pourcentage minimal d’énergies renouvelables auprès de leurs clients. Et ce au travers d’offres mixtes : énergies stock + énergie flux.

Il ne s’agira pas, bien sûr, de changer brutalement les règles du jeu, mais de procéder pas à pas pour monter en puissance graduellement de façon à atteindre, par exemple, les objectifs européens de 2010 : 12% d’énergie primaire (incluant 21% d’électricité), puis de le doubler pour 2020. Au cours de l’année de lancement (dès 2006 si le politique le veut), les compagnies de distribution de pétrole, de charbon, de gaz, d’électricité devront vendre à leurs clients un pourcentage minimal de biogaz, de biocarburants, de chauffe-eau solaires, d’électricité éolienne ou solaire, de chaleur issue de la biomasse ou de la géothermie. Au cours de la seconde année, il conviendra de progresser significativement afin d’arriver, en quinze ans, à 24%. On peut imaginer alors que le pli sera pris, et les quotas, ayant mis la fusée du marché des énergies renouvelables en orbite, pourront retomber dans l’oubli.

> La suite de l’article est à lire sur le site du Figaro.

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