Pour répondre aux défis auxquels fait face l’agriculture française (compétitivité, changement climatique, sécurité alimentaire mondiale, préservation des ressources naturelles, qualité et sûreté de l’alimentation, etc.), le ministre de l’agriculture a engagé le 18 décembre 2012 le projet agro-écologique « Produisons autrement ». Après une première conférence nationale organisée le 18 décembre 2012, l’année 2013 a permis le déploiement des premières initiatives et contributions. Pour servir cette ambition, le projet agro-écologique s’est déployé depuis lors. Le présent rapport vise à présenter le bilan de l’année 2014 et à indiquer les principales perspectives pour l’année 2015.
Rapport 2014 sur l’agro-écologie
Rapport annuel 2014 du Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt sur l’agro-écologie«Je souhaite engager notre agriculture sur la voie de la performance à la fois économique, environnementale et sociale. Je suis persuadé que nous pouvons et que nous devons faire de l’environnement un atout de notre compétitivité. C’est une dynamique qui repose sur la force du collectif, sur la richesse et la diversité de nos territoires, sur l’innovation et la diffusion des nouveaux savoirs et savoir-faire. Nous allons positionner la France comme le leader de l’agro-écologie.»– Télécharger le Rapport annuel 2014 sur l’agro-écologie
L’agro-écologie, le modèle agricole de demain
par Elise Dumaspour Green Cross France et Territoire La 8ème édition de la Global Conférence organisée par l’UNESCO à Paris en Juin 2013 avait pour thème principal la Transition Energétique. Le 4 juin, une table-ronde portant sur la question de l’agro-écologie s’est tenue avec Léopoldine Charbonneaux, directrice du CIWF, Yves Riou, Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, Luc Guyau président non exécutif du conseil de la FAO et Nicolas Imbert directeur exécutif de Green Cross France et Territoire. Confrontée à l’enchérissement des matières premières, et de l’énergie notamment, l’agriculture doit se transformer et l’agro-écologie peut représenter des débouchés sociaux et commerciaux pour cette filière. – GREEN CROSS France et Territoires
Qu’est-ce que l’agro-écologie ?
L’agro-écologie peut se définir comme étant un ensemble de pratiques évolutives qui permet de réconcilier l’agronomie et l’écologie. Ce concept est destiné à apporter des réponses concrètes à la « malbouffe », à l’impact environnemental d’une monoculture trop intensive, dans un contexte de gaspillage alimentaire où 50% de la nourriture consommable produite n’atteint pas l’estomac humain.L’importance des réseaux
Les agriculteurs et les petits producteurs ont un vrai rôle à jouer, ce sont les principaux acteurs du changement. Les collectivités territoriales, en instaurant des politiques favorables aux cultures locales et aux petites entreprises, ainsi que les ONG et les coopératives, en sensibilisant les « consomm’acteurs » et les distributeurs aux bienfaits de consommer et de vendre des produits issus de l’agro-écologie, semblent être les parties prenantes qui tissent les liens d’un réseau de protagonistes qui souhaitent passer d’une agro-chimie peu respectueuse de l’environnement à une agro-écologie qui utilise les ressources naturelles de manière optimale et pérenne. Les agriculteurs exploitants ont établi de nouvelles stratégies pour être au plus près des consommateurs à travers l’agro-tourisme et l’augmentation du nombre des acteurs alternatifs du type AMAP présents sur les territoires. Ces stratégies privilégient les circuits courts de distribution et réduisent le besoin de faire appel à des intermédiaires.L’élevage complément de l’agriculture
L’élevage est une des composantes fondamentales de l’agriculture, et ce depuis l’apparition de celle-ci dès la préhistoire avec la communauté nomade des chasseurs-cueilleurs qui s’est sédentarisée au fil du temps, formant ainsi une véritable société d’agriculture. Cette société s’est développée peu à peu, pour connaître une phase de spécialisation durant la période d’après-guerre en France. Cette période bien connue sous le nom de « Révolution Verte » a vu l’agriculture se moderniser avec la mécanisation des systèmes de production et de récolte, et le statut de paysan disparaître aux profits de celui d’agriculteur et d’éleveur. Mais le modèle d’agriculture intensive qui prédomine aujourd’hui est sujet à de nombreux questionnements, en particulier concernant les externalités négatives qu’elle a sur l’environnement et la santé des consommateurs. L’exemple de l’élevage de porcs sur paille de Thierry Schweitzer montre que les nouveaux modèles d’élevages dans une optique écologique ont des conséquences directes sur les cultures, et sont viables économiquement et socialement pour toutes les parties prenantes. D’une part, ils contribuent au bien-être animal en changeant leur environnement et leur nourriture, et d’autre part le fumier provenant des porcs aide à la fertilisation écologique des cultures avoisinantes. Ce modèle rentable permet aux agriculteurs d’être plus indépendants vis-à-vis des subventions accordées chaque année.Conclusion
L’agro-écologie existe de longue date mais elle n’est pas encore assez formalisée et a besoin de développer son accessibilité. Le sujet de la table-ronde, « comment rendre l’agro-écologie plus attractive et désirable ? » montre que la transition vers l’agro-écologie doit se faire en amont avec une formation et un enseignement adaptés qui incluent des spécialisations en agro-écologie dans les écoles qui forment des futurs agriculteurs et experts en agriculture. L’accessibilité se fait également via les labels, la mise en avant des produits issus de l’agro-écologie auprès des consommateurs ainsi que les Fermes Ouvertes. Elise Dumas