La France reste le premier utilisateur de pesticides en Europe avec 62700 tonnes de substances actives vendues en 2011. Malgré le lancement du plan Ecophyto en 2008, et l’objectif affiché de réduction de 50% des pesticides en 10 ans ainsi que l’exclusion des substances les plus dangereuses, la consommation de pesticides (NODU) a augmenté entre la période de 2009-2010 et la période 2010-2011 de 2.7% et les professionnels, comme les amateurs ou les consommateurs, sont toujours exposés à des substances pouvant être perturbatrices du systèmes endocrinien, des neurotoxiques ou encore des cancérigènes possibles. Avec 783 milliers d’hectare en 2011, la vigne représente 3.7% de la Surface Agricole Utile mais elle consomme à elle seule environ 20% des pesticides (en masse) dont une majorité de fongicides (80%).
Forts de ces éléments, Générations Futures et Marie-Lys Bibeyran, une salariée agricole, ont décidé de mener une enquête dont l’objectif était de répondre à la question « Est-ce que les salariés viticoles, qui ne pulvérisent pas les pesticides, mais travaillent dans les vignes et les riverains des vignes sont contaminés par les pesticides viticoles ? ». Ainsi, entre mi-octobre et mi-novembre 2012, ils ont prélevé et fait analyser par le laboratoire Kudzu Science les mèches de cheveux de 25 personnes (15 salariés viticoles du bordelais, 10 non-salariés viticoles dont 5 riverains des vignes du bordelais et 5 « témoins » vivants loin des vignes) afin de mettre en lumière la présence ou non de résidus de pesticides viticoles. Des résultats préoccupants. Les résultats ont permis de mettre en évidence ce que l’on pouvait craindre: – 11 fois plus de résidus de pesticides en moyenne chez les salariés viticoles que chez les non professionnels habitant loin de vignes (6,6 pesticides en moyenne contre 0.6) ! – 4 des 15 salariés viticoles présentent 10 pesticides différents ! – 5 fois plus de résidus de pesticides en moyenne chez les non-professionnels de la vigne habitants près des vignes que ceux habitant loin des vignes (3 résidus de pesticides en moyenne trouvés chez les premiers contre 0,6 pour les seconds). – 74 % des pesticides actuellement autorisés sur vigne de la liste, établie pour l’enquête, et recherchés ont été retrouvés au moins une fois chez les personnes testées ! – Un produit interdit, le diuron, a été retrouvé chez un professionnel. – Plus de 45% des molécules retrouvées sont classées cancérigènes possibles en Europe ou aux USA ! – Plus de 36% des molécules retrouvées sont suspectées d’être des perturbateurs endocriniens (PE). « A l’heure où va s’ouvrir le Salon International de l’Agriculture, ces résultats montrent clairement que l’exposition des travailleurs agricoles à des pesticides dangereux est importante, même si ceux-ci non pas manipulé les produits. Ce rapport montre également que le simple fait de vivre à proximité de zones cultivées, moins de 250 mètres, ce qui est sans doute le lot de millions de familles françaises, augmente votre exposition. » déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. « Il est indispensable de reconnaître le scandale sanitaire des pesticides en France, on ne peut plus être à la fois malade et être ignoré en tant que victime, c’est une double peine inacceptable ! Il faut interdire les pesticides sur lesquels planent les soupçons de cancérogénicité et sans délai d’écoulement des stocks ! » ajoute ML Bibeyran. « Nos concitoyens auront l’occasion de demander, à nos côtés, la mise en place rapide de toutes ces mesures lors de la prochaine édition de la Semaine pour les alternatives aux pesticides qui aura lieu du 20 au 30 mars prochains dans toute la France, en Afrique ou encore dans d’autres pays européens de plus en plus nombreux. » conclut N. Lauverjat, chargée de mission à Générations Futures. – Le rapport complet de l’enquête APAChe est à télécharger ici – Le rapport du laboratoire Kudzu Science est à télécharger ici Pour en savoir plus – A lire sur le site du journal Le Monde : Dans le vignoble de Listrac-Médoc, le danger des pesticides