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A l'initiative de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'Homme

I Field Good : ensemble, mobilisons-nous pour une agriculture d’avenir

Signez la pétition pour une agriculture et une alimentation d'avenir

Le 20 février dernier, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme (FNH) lançait I Field Good : un mouvement citoyen pour informer et fédérer le plus grand nombre en faveur d’une agriculture et d’une alimentation d’avenir, écologique, juste et solidaire. Au cœur du dispositif : une pétition (les signatures seront remises au gouvernement français en juin prochain), 4 orientations et 11 mesures pour réformer la Politique Agricole Commune.

Alors que le débat tripartite entre le Parlement européen, la Commission et les représentants des Etats membres a débuté la semaine dernière, la pétition citoyenne lancée par la FNH enregistre près de 70 000 signataires. Preuve que ce débat d’experts est aussi celui des citoyens. Des citoyens concernés au premier titre : ils paient trois fois leur alimentation et donnent 110 euros par an et par personne pour alimenter le budget de la PAC Peu de gens le savent, mais nous payons trois fois notre alimentation : – Une première fois à la caisse quand nous réglons nos achats. – Une deuxième fois avec nos impôts puisqu’une partie, environ 110 euros par an, est dédiée au budget européen de la Politique Agricole Commune. – Et une troisième fois, toujours via nos impôts, pour compenser les effets induits par nos modes de production agricole sur l’environnement et la santé : algues vertes, crise de la vache folle, traitement de l’eau potable, santé des consommateurs et des agriculteurs… La PAC représente un budget annuel colossal de 50 milliards d’euros, dont environ 9 milliards sont attribués à la France. L’avenir de l’agriculture nous concerne donc tous. C’est ce message que la Fondation Nicolas Hulot souhaite faire passer à travers le mouvement « I Field Good ». En appelant les citoyens à soutenir 4 orientations pour favoriser les modèles agricoles basés sur la qualité et la proximité, inspirés de l’agriculture biologique et de l’agroécologie, la FNH souhaite montrer qu’il est nécessaire d’utiliser cet argent pour permettre aux agriculteurs d’opérer la transition. Dernière ligne droite des négociations, le dialogue tripartite est engagé depuis le 11 avril 2013 Le 13 mars dernier, le vote du Parlement européen a affaibli la proposition de la Commission, ne laissant que peu d’espoir à la PAC de retrouver une entière légitimité aux yeux des 500 millions de consommateurs européens. Les quelques signaux intéressants révélés par ce vote, comme le refus de l’équivalence des aides pour le verdissement et son caractère obligatoire à hauteur de 30% ou encore le plafonnement des aides, sont noyés au sein de réglements qui ne donnent pas de nouveau cap à la PAC. Le Conseil européen du 18 mars a renforcé l’ inquiétude et la déception de la FNH et de ses partenaires en actant une position a minima, voire en recul, sur les aspects écologiques et sociaux de la PAC, d’autant plus dans un contexte d’austérité et de crise. Le trilogue qui début aujourd’hui entre le Parlement, la Commission et les représentants des Etats membres est un moment clé et décisif de cette réforme. Il s’agit désormais, pour nos représentants européens, de ne pas perdre de vue la nécessité absolue de faire un usage le plus pertinent possible de l’argent public pour les agriculteurs, comme pour la société.

Pourquoi ce mouvement ?

La préoccupation d’une « alimentation plus responsable » s’est progressivement installée dans le quotidien des Français. Néanmoins, passé le filtre des labels et autres informations disponibles sur les produits, les citoyens n’ont pas connaissance de la phase amont ; ils méconnaissent très largement l’agriculture, son fonctionnement, ses enjeux et ses défis. Pourtant, ruraux ou citadins, l’agriculture occupe une place centrale dans la vie de tous. Par l’alimentation qu’elle procure, certes, mais pas seulement. Les impacts et les interactions de l’agriculture se manifestent bien au-delà : sur l’eau, les sols, la biodiversité, la santé, mais aussi sur les paysages, le terroir, la culture, l’emploi, le dynamisme des régions… Les modèles agricoles qui sont aujourd’hui privilégiés déterminent les assiettes de demain, comme ils dessinent une large part du cadre de vie. Dans le même temps, le visage de la PAC après 2013 est en train de se dessiner. Deux dates décisives en 2013 : le vote en plénière du Parlement européen en mars et la négociation finale des chefs d’Etat en juin. Suite à cela, les 500 millions de consommateurs et les 11,7 millions d’agriculteurs connaîtront le visage de l’agriculture européenne des 6 prochaines années. Dans ce contexte, l’enjeu pour la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme (FNH) est de : – Parvenir à parler d’agriculture aux citoyens, en allant au-delà des informations dont ils dis- posent déjà et en montrant ses interactions avec le quotidien. – Expliquer pourquoi il est désirable de passer d’un modèle agricole trop gourmand en eau, en énergie, en engrais chimiques et en pesticides, à un modèle basé sur la qualité et la proximité, inspiré de l’agroécologie et de l’agriculture biologique et pourvoyeur d’emplois. – Accompagner les agriculteurs en leur donnant les moyens d’opérer ce virage. – Rappeler qu’en tant que citoyens, décideurs, leaders d’opinion, chacun à un rôle à jouer. – Montrer qu’une autre agriculture est possible. En un mot, l’enjeu est de faire enfin coïncider la PAC avec les attentes de la société. Ainsi, pour apporter sa contribution à une agriculture à la fois d’avenir, écologique, juste et solidaire, la FNH lance le mouvement I Field Good (J’me champs bien). Objectif : rassembler le plus grand nombre de citoyens autour de la nécessité de changer quatre orientations de la Politique Agricole Commune. Quatre orientations que la FNH donne à voir et à comprendre à travers les yeux et les témoignages de quatre agriculteurs et agricultrices qui les incarnent par leurs parcours et par les réseaux agricoles qu’ils représentent. Cette nouvelle action de mobilisation citoyenne de la Fondation se veut un trait d’union entre les décideurs et le grand public pour qu’il comprenne les enjeux et fasse entendre sa voix. Une démarche qui demeure indispensable pour permettre à toutes les parties prenantes de la société d’avancer au même rythme.

Montrer qu’une autre agriculture est désirable et donner la parole à ceux qui la mettent en pratique

Les enjeux agricoles sont complexes . Sans stigmatiser les choix opérés par les uns et par les autres, la Fondation Nicolas Hulot souhaite simplement encourager les modèles agricoles qu’elle estime d’avenir et leur donner la parole. C’est ainsi qu’Agnès (Cameroun), Stefanie (Allemagne), Christophe et Quentin (France) ont accepté de témoigner. Deux femmes et deux hommes qui aiment leur métier et qui ont choisi de donner une place centrale à l’environnement et l’emploi.
I Field Good : ensemble, mobilisons-nous pour une agriculture d'avenir
I Field Good : ensemble, mobilisons-nous pour une agriculture d’avenir
A travers leur voix, la Fondation entend montrer la réalité d’un autre modèle agricole possible et ses bienfaits, tout en valorisant les collectifs qui l’ont initié, étudié et le portent, mais dont la place dans le paysage agricole n’est pas assez reconnue. La Fondation souhaite ainsi rendre plus concrètes les propositions politiques qu’elle porte. Chacun pourra se faire son opinion sur le virage à opérer et mieux comprendre pourquoi la FNH et ses partenaires appellent à une réforme de la Politique Agricole Commune d’avenir, écologique, juste et solidaire. Christophe, 41 ans, éleveur dans la Loire. Installé grâce au réseau Terre de Liens. Pour “I Field Good”, il illustre une agriculture d’avenir. Après avoir été chef d’élevage d’une exploitation porcine au sein d’un lycée agricole pendant 18 ans, Christophe a repris la ferme des «Charmilles» en 2011 grâce à la Foncière Terre de Liens. Avec la mobilisation financière de plus de 130 personnes (actionnaires solidaires), Terre de Liens a racheté, les bâtiments et une partie des terrains aujourd’hui loués à Christophe, qui n’avait pas la possibilité financière d’acquérir l’ensemble de l’exploitation. L’exploitation est en agriculture biologique. Le cœur de l’activité repose sur un troupeau d’une quarantaine de vaches laitières, dont une grande partie de la production est transformée en yaourts et fromages. Christophe Pontet élève également quelques cochons et cultive du blé qu’il transforme sur place en une petite production de viande et de pain. Il écoule la totalité de sa production dans un rayon de 40 km autour de sa ferme à des restaurants de collectivités et des supermarchés. Une boutique attenante au corps de ferme lui permet également d’accueillir directement ses clients, chaque vendredi. L’installation des jeunes ou des néo-ruraux pour rendre accessible des systèmes de production durables à un plus grand nombre de jeunes professionnels, avec en filigrane la question foncière, est un défi majeur de l’agriculture de demain. résume FNH. Stefanie, 43 ans, éléveuse bio, en allemagne. Investie dans Bioland (FNAB). Pour “I Field Good”, elle illustre une agriculture écologique. Stefanie et son mari Ludger exploitent la ferme familiale de ce dernier à Harsewinkel, à 50 km de Münster, en Allemagne depuis 1990. La ferme consacrée à l’élevage est en agriculture biologique. Le cœur de l’activité repose sur une quarantaine de vaches laitières, plusieurs dizaines de porcs et entre 200 et 400 poules pondeuses. Elle est organisée autour d’une boutique dans laquelle sont commercialisés tous les produits issus de l’élevage et notamment les œufs, la viande de bœuf et de porc transformée et de nombreux produits livrés par d’autres agriculteurs du réseau Bioland, équivalent de la Fédération d’Agriculture Biologique en France (FNAB). Stefanie est vice-présidente et représentante régionale de cette association qui regroupe plus de 4500 producteurs bio en Allemagne. Les systèmes biologiques et durables font leur preuve sur l’ensemble du territoire européen : oui, il est possible de concilier économie et écologie ! Or ces agriculteurs qui prennent des risques, notamment financiers, pour faire évoluer leurs systèmes vers plus de durabilité sont très peu soutenus par la PAC considère FNH. Quentin, 38 ans, Céréalier dans la marne. Impliqué dans les CIVAM. Pour “I Field Good”, il illustre une agriculture juste. Quentin a repris la ferme familiale en 2008. L’exploitation est en polyculture céréalière sur 160 hectares. A sa reprise, il a souhaité entrer dans une phase de transition en s’appuyant sur le réseau CIVAM (Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural) dont il est membre. Pour réduire l’utilisation d’intrants agricoles, il a allongé la rotation des cultures en développant d’autres productions, comme le chanvre et des légumineuses,et mis en place des méthodes alternatives de production comme le désherbage mécanique et des aménagements paysagers pour favoriser les insectes utiles aux cultures. Aujourd’hui, Quentin a atteint l’objectif de réduction de 50% de l’utilisation de pesticides fixé par l’Etat pour 2018. Prochaine étape : sa femme le rejoint pour travailler sur la ferme et poursuivre leur cheminement vers l’agroécologie ! Opérer une meilleure répartition des aides entre les types d’agriculture (céréales, élevage, maraîchage, arboriculture…) est fondamentale pour que la PAC préserve et suscite les emplois ! rappelle FNH. Agnès, 46 ans, éleveuse de poulets au Cameroun. Adhérente de l’ACDIC. Pour “I Field Good”, elle illustre une agriculture solidaire. Agnès est productrice de poulets à Nkom Ndamba, un village situé à 15 km de Yaoundé au Cameroun, depuis 1990. Ses parcelles agricoles de quelques hectares lui permettent de produire elle-même le maïs, ingrédient principal de la « provende », le mélange qui constitue l’aliment des volailles. Agnès est membre de l’ACDIC, l’Association Citoyenne de Défense des Intérêts Collectifs qui s’est farouchement battu au milieu des années 2000 contre l’importation de poulets congélés, notamment européens. Sans barrière douanière à l’entrée du Cameroun, des poulets, largement subventionnés par les aides européennes, arrivaient dans le pays à des prix inférieurs au prix de revient d’un poulet élevé localement. L’ACDIC a obtenu en 2006, la fin des importations de poulets congelés au Cameroun. Le Cameroun symbolise la mobilisation d’une alliance entre société civile et agriculteurs pour défendre leur agriculture et leur alimentation indique FNH.

Fédérer les citoyens pour une politique agricole commune d’avenir, écologique, juste et solidaire

L’Europe a vocation à nourrir le monde. C’est sur cette idée que se sont construites les politiques agricoles des 40 dernières années. Ce choix politique, qui fût une réussite à ses débuts, a ensuite conduit à un emballement lourd de conséquences tant sur les modes de production, que de consommation… Il a généré une agriculture intensive en intrants (eau, engrais, pesticides) et en énergie, provoquant de nombreux dégâts environnementaux. Ce choix du productivisme doit aussi être regardé sous le prisme économique et social. Non seulement il n’a pas permis une progression des revenus, soumis à la volatilité du prix des matières agricoles, mais il a renforcé une perte de l’emploi agricole, avec une réduction de 25% des effectifs européens en 10 ans. La réforme de la Politique Agricole Commune en cours est donc décisive. En juin, se décidera probablement l’avenir de l’agriculture et de l’alimentation européenne pour les 6 prochaines années… La PAC représente 42% du budget européen, soit 50 milliards d’euros par an dont 9,5 milliards sont attribués à la France. Elle concerne 500 millions de consommateurs européens et 11,7 millions d’agriculteurs. Enfin, la PAC est le principal levier pour faire évoluer nos modèles agricoles. Pourtant, en France, elle ne trouve pas sa place dans les discussions sur les projets de société. Un appel à rejoindre I Field Good pour interpeller les décideurs français et européens sur 4 orientations pour réformer la PAC. En créant le mouvement I Field Good, la Fondation Nicolas Hulot souhaite non seulement faire acte de pédagogie auprès du public, mais aussi l’impliquer en tant que citoyen. Dans le cadre de son activité de Think tank, et avec ses partenaires français et européens, elle appelle les citoyens à soutenir une réforme qui permette le développement d’un autre modèle agricole basé sur la qualité et la proximité, et inspiré des pratiques de l’agriculture biologique et de l’agroécologie. Un modèle agricole plus juste et plus solidaire, qui vise à développer les emplois. La PAC doit être tournée vers une agriculture au service de tous. Elle n’est pas une politique sectorielle mais concerne tout un chacun dans son quotidien. La PAC doit être une politique simultanément agricole, alimentaire, sociale et environnementale. Au cœur de l’appel, 4 orientations claires et non dissociables qui doivent être intégrées à la réforme de la PAC :Pour une agriculture d’avenir : Favoriser le soutien à l’emploi agricole et à l’installation. En Europe, chute de 25% des emplois agricoles en 10 ans, moins de 8% des agriculteurs européens âgés de moins de 35 ans, une ferme qui disparaît toutes les 2 minutes, 100 000 ha de bonnes terres agricoles artificialisées chaque année… Pour arrêter cette hémorragie, les aides de la PAC doivent cibler le maintien et la création d’emplois et cesser de favoriser l’agrandissement des exploitations existantes au détriment de la transmission. Par ailleurs nos gouvernements doivent enfin prendre au sérieux les difficultés pour les jeunes européens de trouver du foncier et stopper l’envolée des prix de la terre. – Pour une agriculture plus écologique : Réorienter les aides vers les systèmes agricoles respectueux de l’environnement (agriculture biologique, agriculture durable, agroécologie…). La PAC ne doit plus favoriser des agricultures qui ne préservent pas les biens communs ; elle doit accompagner les agriculteurs dans la nécessaire transition des systèmes agricoles. Pour cela 30% des aides directes, tout comme une politique de développement rural renforcée doivent réellement soutenir les agriculteurs qui mettent en place des pratiques exigeantes donc efficaces pour le maintien de la qualité de l’environnement. – Pour une agriculture plus juste : Revoir la répartition des aides entre les types d’agricultures et entre les pays européens en les couplant à l’emploi agricole. La répartition des aides de la PAC est aujourd’hui inéquitable. Alors que certains types d’exploitations reçoivent en moyenne 40 000 € d’aides de la PAC par an, d’autres n’en reçoivent que 5 000. Il est néces- saire d’opérer une meilleure répartition des aides pour corriger cette inéquité. Il s’agit de favoriser non plus la productivité à tout prix mais l’emploi dans les exploitations pour que l’agriculture contribue elle aussi à répondre à la crise sociale. Par ailleurs, l’homogénéisation des aides perçues par les 27 Etats membres doit permettre de soutenir l’agriculture et l’emploi dans l’ensemble des pays, notamment dans les pays d’Europe centrale à forte population agricole. – Pour une agriculture plus solidaire : Supprimer les subventions qui déstructurent les agricultures du Sud. Subventionnés par la PAC, les surplus agricoles européens se retrouvent sur les marchés du Sud, moins chers que ceux produits sur place (poulets congelés, poudre de lait…). Même si leur part a largement diminué ces dernières années, il est encore possible d’utiliser ces subventions dans la boîte à outils de la PAC. Les subventions aux exportations, qui déstructurent les marchés agricoles des pays du Sud et entravent leur développement, doivent donc être supprimées. Il s’agit, plus globalement, de rendre la PAC cohérente avec les objectifs d’un développement durable au Sud.

Signez la pétition pour une agriculture d’avenir

Les signatures recueillies par la pétition seront remises début juin au ministre de l’agriculture, qui représentera la France lors des négociations finales avant l’été.
Signez la pétition pour une agriculture d'avenir
Signez la pétition pour une agriculture d’avenir
Traduite en anglais, cette pétition est également portée auprès des autres citoyens de l’Union Européenne, noramment grâce au collectif de l’ARC 2020 qui rassemble 150 organisations de la société civile européenne pour faire des propositions sur la PAC. Pour signer la pétition et rejoindre le mouvement I Fields Good cliquez ici.

11 mesures clés de la Fondation issues de son Think tank et de sa participation à différents réseaux

En complément des 4 orientations, la Fondation a décliné 11 mesures pré- cises pour les atteindre . – Le rétablissement d’outils de régulation des marchés agricoles. Dans le cadre d’une PAC toujours plus en accord avec les règles de l’OMC, les outils de régulation des marchés disparaissent peu à peu. Or, ils sont essentiels pour protéger efficacement les agriculteurs des aléas des marchés et pour maintenir l’agriculture sur l’ensemble du territoire. Les quotas laitiers vivant leurs dernières années malgré une efficacité reconnue, il faut a minima maintenir les outils restant dans la boîte à outils de la PAC. – Un verdissement obligatoire pour tous les agriculteurs : 30% des aides directes doivent rémunérer les agriculteurs européens qui mettent en place trois mesures.
  • Un minimum de 4 cultures dans la rotation dont une plante légumineuse.
  • 10 % d’infrastructures agroécologiques.
  • Le maintien des prairies et des pâturages permanents.
Depuis 1992 et suite à la prise de conscience des dommages des modes de production agricoles européens sur l’environnement, l’Europe a fait le choix de prendre en compte la multifonctionnalité de l’agriculture : c’est le premier pas de la préoccupation environnementale dans les orientations de la PAC. Toutefois, malgré une prise en compte de plus en plus affirmée, les impacts de l’agriculture ne se réduisent pas, bien au contraire. En effet, les subventions de la PAC restent aujourd’hui majoritairement décorrélées de la capacité des pratiques ou des systèmes agricoles de respecter ou non l’environnement : la qualité de l’eau, la fertilité des sols, la biodiversité, le climat. Or un environnement sain aujourd’hui, c’est une alimentation saine aujourd’hui et demain. La PAC ne doit plus soutenir des agricultures qui ne préservent pas les biens communs, et dont les coûts de restauration incombent aux citoyens mais elle doit accompagner les agriculteurs dans la nécessaire transition des systèmes agricoles. Pour pouvoir tendre vers une PAC plus écologique, il est tout d’abord fondamental que les mesures du verdissement des aides directes soient obligatoires pour tous les agriculteurs. Par ailleurs, l’accès aux 30% des aides directes doit se baser sur des mesures à la fois efficaces et exigeantes pour ne pas seulement primer l’existant mais bien inciter au changement :
  • Un minimum de 4 cultures dans la rotation dont une plante légumineuse. Ce n’est pas tant la diversification qui est source d’externalités positives mais la rotation. Allonger la rotation est un levier considérable pour faire évoluer l’ensemble d’un système agricole vers plus de durabilité. Pour cela, nous proposons qu’elle comporte un minimum de 4 cultures pour être éligible et qu’elle intègre obligatoirement une plante légumineuse. Par ailleurs, la culture la plus importante ne doit pas excéder 50% de la SAU. C’est la combinaison de ces paramètres qui donnera toute la légitimité à cette mesure.
  • 10 % d’infrastructures agroécologiques. Haies, talus, bois sont des composantes fon- damentales des paysages et de l’équilibre des écosystèmes. Ces composantes permettent tout d’abord de réduire l’impact de certaines pratiques agricoles sur l’environnement (érosion des sols, lessivage…). Elles constituent aussi un abri pour les prédateurs des insectes ravageurs des cultures, régulant de fait les populations, ce qui permet de réduire l’utilisation des pesticides. Enfin, elles peuvent constituer une ressource non négligeable comme du bois de chauffe par exemple. La France s’est déjà fixé un objectif de 3 % de surfaces d’intérêt écologique depuis 2011. Il est donc possible d’atteindre un objectif moins 10 % de la SAU avant 2020, d’autant que de nombreux agriculteurs vont bien plus loin. Il faut également être attentif à la comptabilisation de ces infrastructures agroécologiques qui doit être à la fois fiable et commune à tous les pays européens.
  • Le maintien des prairies et des pâturages permanents. Les prairies permanentes sont définies comme des surfaces à dominante herbagère ayant plus de 5 ans et qui ne sont plus dans la rotation des cultures sur la ferme. Les pâturages permanents incluent quant à eux les fourrages autres que l’herbe très présents notamment dans les régions sèches. Prairies et pâturages permanents sont des écosystèmes à la fois productifs et à forte valeur ajoutée environnementale, tant pour la biodiversité que pour le climat. Leur maintien est essentiel au maintien de la biodiversité européenne.
Une politique de développement rural renforcée, consacrée à l’agro- environnement et aux projets alimentaires territoriaux durables (circuits courts et de proximité). Le second pilier de la PAC a été créé en 1999 pour conforter la prise en compte du développement rural en général et de l’environnement en particulier. Dans le sens des objectifs que s’est assigné l’Union européenne tant vis-à-vis du climat que de la biodiversité, le second pilier doit être renforcé. La PAC ne sera pas écologique sans un pilier de développement rural orienté vers des mesures agroenvironnementales fortes tournées vers les enjeux relatifs à la lutte contre le changement cli- matique, la protection des ressources en eau, le maintien de la biodiversité, les énergies renouvelables, les emplois et l’innovation. Le second pilier doit comporter des mesures s’appliquant à des systèmes dans leur ensemble, telles que le maintien de l’agriculture biologique, pour être mise en œuvre dans des zones à enjeux prioritaires comme les zones de captage d’eau potable. Il est également souhaitable qu’il accompagne plus fortement encore les projets territoriaux tournés vers la mise en lien des acteurs du territoire pour le développement des agricultures locales de qualité (la restauration collective en est un bon exemple). Il permettrait ainsi de répondre aux besoins collectifs de développer les agricultures agroécologiques et aux enjeux transversaux des systèmes alimentaires locaux. Une augmentation de la modulation des aides directes doit également permettre de mieux financer le second pilier déjà soumis au cofinancement des Etats Membres et des régions. – Un plan de relance des légumineuses. Les plantes légumineuses, à travers des mesures incitatives, doivent être au cœur de l’évolution des systèmes de production agricoles, tant pour assurer une moindre dépendance de l’Europe aux importations de soja pour nourrir le bétail, que pour leurs qualités agronomiques et environnementales : réduction de l’apport d’engrais azotés et moindre émissions de gaz à effet de serre. Outre la mesure du verdissement incitant à la rotation des cultures, la PAC doit explicitement inciter les agriculteurs à produire des légumineuses par des aides couplées. – Une sortie totale des aides historiques en 2020. Le constat est partagé par la plupart des parties prenantes, dont la Commission dans sa communication de 2011 et la Cour des Comptes européennes : les aides directes basées sur des références historiques d’avant 2002 sont profondément inéquitables et n’ont plus de finalité claire (revenu, biens publics…). Les maintenir perpétue une distribution des aides anachronique et déconnectée de la réalité des systèmes agricoles et des besoins du plus grand nombre des agriculteurs. Il est donc nécessaire d’enclencher rapidement la sortie des aides historiques à l’horizon de 2020. Certains pays européens ont, depuis quelques années déjà, achevé cette transition. La France ne peut qu’emboîter le pas et s’engager dans la convergence interne des aides de la PAC. – Un plafonnement des aides à 100 000 euros par exploitation. Un plafonnement des aides reçues par un agriculteur à 300 000 €, tel que discuté, est beaucoup trop élevé pour être pertinent : il ne concerne en effet que 160 fermes en France. Un plafonnement des aides par exploitation, à hauteur de 100 000 €, permettrait d’assurer une répartition plus juste des aides et réduire la situation de rente de certains agriculteurs. Même si ce plafond reste relativement élevé, sa mise en place permet de dégager une part du budget pour le répartir et, au-delà, constitue un symbole d’une PAC plus juste.  – Une dégressivité des aides par exploitation avec une bonification des aides sur les premiers hectares afin de favoriser l’emploi. La convergence des aides de la PAC pour une meilleure équité passe également par un ciblage basé non plus seulement sur la taille de l’exploitation agricole mais sur le nombre d’emplois. Cette mesure permettrait de freiner en partie la course à la subvention par l’agrandissement. En ce sens, la valorisation des aides sur les premiers hectares, que la France propose, peut être une idée intéressante si elle est suffisamment incitative et correctement ciblée vers les exploitations qui en ont besoin, notamment en élevage. – Une aide à l’installation et une aide aux petites fermes dans le premier pilier. En Europe, le fossé générationnel en agriculture se creuse. Entre des agriculteurs à la retraite qui ont de plus en plus de mal à transmettre leur exploitation au sein de leur famille et des jeunes professionnels qui n’ont pas les moyens d’accéder aux terres et à la production, le constat est là : moins de 7% des agriculteurs européens ont moins de 35 ans. Il est nécessaire de soutenir les jeunes professionnels tout comme les nouveaux entrants (reconversion professionnelle, création d’activité) en introduisant des incitations dans le premier pilier pour aider à l’installation. Une aide additionnelle doit par ailleurs pouvoir être proposée pour les Etats membres. Ces mesures devront être complétées par des mesures nationales visant à opérer une meilleure répartition du foncier agricole entre les profes- sionnels dans l’objectif de soutenir la création d’emplois. Par ailleurs, à travers l’Europe, l’aide aux petits agriculteurs, qui contribuent très largement à la valeur ajoutée de notre alimentation et des territoires, doit être obligatoire pour les Etats membres. Cette aide permettra, en complément des autres mesures, de mieux prendre en compte l’emploi agricole sur les territoires.  – La suppression des subventions aux exportations. Les subventions aux exportations, même si elles ont été réduites depuis quelques années, sont encore potentiellement mobilisables alors même qu’elles peuvent avoir un impact dramatique sur les agricultures du Sud. Le modèle agricole euro- péen visant à produire des surplus n’est plus acceptable, ni pour les pays du Sud, ni pour les systèmes agro-alimentaires du Nord qui n’en vivent pas face à la concurrence des marchés mondiaux. La Fondation demande la suppression définitive des subventions à l’exportation de la boîte à outils de la PAC ainsi qu’une meilleure cohérence de la PAC avec la politique de développement européenne. – La mise en place d’outils de suivi des impacts de la PAC dans les pays en développement. Il est temps de mettre en cohérence la politique de développement et la politique agricole euro- péenne. En effet, même sans subventions aux exportations, la PAC, par les subventions reçues par les agriculteurs européens, fait évoluer les règles du marché. Ceci n’est pas sans conséquence sur les agricultures des pays du Sud alors même que la politique de développement européenne a pour objectif de soutenir la structuration des filières agricoles. Ainsi il est fondamental de mettre en place des outils de suivi des impacts de la PAC sur les agricultures des pays en développement pour utiliser au mieux les deniers publics. – Articuler les politiques agricoles avec les autres politiques publiques. Création d’un observatoire européen de la consommation de terres agricoles, fixation d’objectif de réduction de l’artificialisation et articulation avec d’autres politiques pour stopper le grignotage de nos meilleures terres d’Europe. La PAC doit trouver une articulation avec des politiques nationales qui doivent encore être définies :
  • Des politiques d’aménagement du territoire, politique de la ville et fiscalité qui préservent les terres et limitent la spéculation foncière.
  • Des politiques de l’Économie Sociale et Solidaire pour impliquer la société civile dans la gouvernance du foncier.
  • Des politiques alimentaires pour améliorer la sécurité et l’autonomie alimentaire des territoires, en quantité et en qualité.

IFIELDGOOD.ORG, le site pour tout savoir

Disponible en versions française et anglaise, accessible sur tablette et smart phone, le site www.ifieldgood.org concentre la totalité des contenus proposés au public et aux décideurs. Plus d’une heure de vidéos cumulées : – Des modules de présentation de la campagne. – Un webdocumentaire composé de 25 modules de 1’30 à 2 min dédiés aux agriculteurs et agricultrices partenaires et leur version longue de 15 minutes. – 3 vidéos pédagogiques pour amener chacun à s’interroger sur les qualificatifs qui accompagnent souvent le mot agriculture : «intensive» , «productive», «au juste prix» : La publication de la pétition « Pour une agriculture et une alimentation d’avenir » et la possibilité de la signer en ligne. Des documents d’analyses et de propositions sur la PAC et l’agriculture . La présentation des types d’agricultures que la Fondation souhaite valoriser (agroécologie, agriculture biologique, agriculture paysanne, agriculture durable….). Des contenus pédagogiques faisant le lien entre agriculture et santé, agriculture et emploi, agriculture et cadre de vie, agriculture et environnement… Une page «j’agis et je témoigne» donnant des bons gestes et la possibilité de poster sa photo pour symboliser son soutien. La présentation de projets concrets soutenus par la Fondation…

 

Créée en 1990, la Fondation Nicolas Hulot s’est donnée pour mission de contribuer à une métamorphose de nos sociétés par le changement des comportements individuels et collectifs. L’objectif : assurer la préservation du patrimoine commun, le partage équitable des ressources, la solidarité et le respect de la diversité sous toutes ses formes.
Reconnue d’utilité publique, apolitique et non confessionnelle, la Fondation lance en 2013 son think tank de la transition écologique.

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Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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