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Au cinéma le 17 mai 2011

The Tree of Life : l’Arbre de la vie de Terrence Malick

The Tree of life, le cinquième long métrage du légendaire réalisateur américain Terrence Malik, réunit un duo de rêve : Brad Pitt et Sean Penn. Le film a été projeté dans la compétition officielle du Festival de Cannes. Le récit se déroule dans le Texas des années 1950. Un enfant grandit entre un père autoritaire et une mère aimante. Une histoire d’amour sensée nous parler du sens de la vie mais certains y verront plutôt une illustration pseudo-naturaliste de la Bible. A Cannes, le film a d’ailleurs essuyé quolibets et sifflets lors de la projection de presse. Peu semblent s’être laissés approcher par cette expérience que tous décrivent comme mystique. Cependant, tous soulignent le travail accompli sur les ambiances et sur les images. Entre louanges et scandales, le film est cependant, à notre humble avis, un véritable chef-d’œuvre et le plus intime et le plus ample de Terrence Malik.

Car cette épopée nous plonge dans plusieurs époques, passant de l’Amérique urbaine d’aujourd’hui au Texas des années 50, de l’apparition de la vie sur terre jusqu’aux confins de l’univers – dans une quête de vérité, d’éternité et d’infini. L’histoire se déploie comme une symphonie musicale en plusieurs mouvements – ou comme les branches d’un arbre – et s’attache au parcours d’un homme, Jack O’Brien qui tente, depuis longtemps, de répondre à des questions obsédantes sur le tempérament colérique de son père, l’amour de sa mère et la mort de son frère et qui se débat avec ses propres démons : le sens de la vie et la foi… Le choix des comédiens est aussi varié que les thèmes du film puisqu’il réunit aussi bien Brad Pitt, cité à l’Oscar, et Sean Penn, oscarisé, que de nouveaux visages comme Jessica Chastain et trois jeunes garçons du Texas qui n’avaient jamais tourné auparavant. « En réalité, on n’a eu aucun mal à trouver nos acteurs parce que tous ceux qui ont le lu scénario ont été emballés par la beauté, la poésie et la force du texte, » explique Sarah Green. « Nous avons donc réussi à mobiliser des comédiens extrêmement talentueux. » Brad Pitt s’est engagé dans l’aventure peu après que son associée Dede Gardner et lui-même aient accepté de financer le projet. Il campe M. O’Brien, personnage autoritaire et psychorigide, extrêmement exigeant vis-à-vis de ses enfants, tout en aimant profondément sa famille… Pour les besoins de son film, Terrence Malick a tourné des images du chaos et de la naissance du monde qui défient l’imagination humaine. Il s’agissait donc de mettre en scène le big-bang qui s’est produit il y a 14 milliards d’années, la création de la Terre, la nébuleuse solaire qui a donné naissance à la Terre il y a 4,5 milliards d’années, l’apparition des premiers organismes unicellulaires de l’ère protérozoïque, l’époque des dinosaures qui régnèrent sur la Terre pendant 160 millions d’années, et la fin de l’univers qui devrait advenir d’ici plusieurs milliards d’années lorsque le soleil ne sera plus qu’une « naine blanche » et que la Terre sera réduite en poussière. Pour y parvenir, le cinéaste a donc dû faire appel – pour la première fois de sa carrière – à de nombreux effets visuels…
The Tree of Life : l'Arbre de la vie de Terrence Malick
The Tree of Life : l’Arbre de la vie de Terrence Malick
Le 15 mai, le réalisateur américain Terrence Malik et l’acteur principal, Brad Pitt, ont présenté « The Tree of Life », en compétition officielle au Festival de Cannes. A propos de son travail avec Terrence Malick, Brad Pitt confie : « Nous avons parlé longuement. Il s’agissait de plonger dans un personnage difficile mais aussi une époque pleine de rebondissements. Il nous a donc fait lire un poème, Nature et grâce, qui je crois l’a beaucoup inspiré pour the Tree of Life. Pour lui, l’être humain est tellement faillible qu’il ne peut que vivre en tentant de se protéger des autres. » Regardez le compte-rendu de la conférence de presse (un sujet de Sven Waskönig diffusé pour Arte) :

Les critiques

De nombreux critiques ont détesté ce film à l’image de Siegfried Forster de RFI qui résume assez bien un avis assez général : « Regarder L’Arbre de la vie de Terrence Malick est comme entrer en religion. Il faut y croire très fortement pour voir quelque chose. Les non-croyants resteront à genoux sur le banc en bois pendant que les autres vont à la communion cinématographique. Dieu créa la terre en six jours, Malick le montre en 30 minutes. A travers des images de synthèse et des effets spéciaux ultrasophistiqués, il laisse défiler la création de l’univers version Malick : du big bang et la soupe primordiale de l’univers jusqu’aux dinosaures et êtres humains. Curieusement, il saute la case chimpanzé, un signal de plus qu’on doit être très croyants pour avoir accès au film du maître. Arrivent alors les hommes : surtout un homme (Brad Pitt) et une femme (Jessica Chastain) qui planteront un arbre devant leur maison. M. O’Brien, beau gosse et ancien officier, éduque ses enfants d’une manière bêtement autoritaire. Son mot d’ordre : la vie, c’est la lutte, et mon destin est entre mes mains. Bref, le rêve américain… qui s’écroulera. Mme O’Brien est jolie, comme créée à partir d’une côte du flanc gauche de son époux. Elle aime ses trois garçons et obéit à son mari. Comme dans la Bible, il y aura les dix commandements et plein de chapitres. Naturellement, le malheur arrive. Un fils se noie et toute la famille se demande : Pourquoi ? Où est Dieu ? La vie continue. Jack, l’un des frères, tombe dans le mal, il casse les fenêtres, attache une grenouille sur une fusée, torture son frère et haït son père. Le destin n’est plus entre les mains du papa… Ainsi coule le film de Terrence Malick qui ne sort jamais du trou noir du début. L’apparition de Sean Penn, prétexte pour le flashback dans le Texas des années 1950 dans lequel l’histoire se déroule, reste totalement gratuite. Le réalisateur légendaire crée des plans sublimes, mais le scénario ne les porte pas. Avec son ton moralisateur, les 232 minutes de film remplacent peut-être la messe du dimanche ; à l’écran restent les images impressionnistes : un papillon qui se pose sur la main, le ballon qui tombe du toit, les enfants qui jouent dans l’herbe, l’eau qui ruisselle. Autrement dit, pas grande chose pour un projet extrêmement ambitieux qui voulait nous transmettre le sens de la vie. A la fin, on doit se rendre à l’évidence : Terrence Malick n’est pas Dieu et des nombreux spectateurs vont se demander : Seigneur, pourquoi ce film ? » Nicolas Schaller du Nouvel Observateur tempère cet avis et puis s’emballe littéralement : « On peut regretter la prétention, plutôt naïve, du cinéaste à sonder de manière aussi littérale l’origine et le sens de la vie, dont il ne détient pas plus qu’un autre le secret Force est de reconnaître la beauté fulgurante de sa mise en scène, sa faculté proprement magique à saisir l’impalpable, à véhiculer des émotions indicibles, sans dialogue, par le seul pouvoir de l’image, des sons et de la musique. A ce titre, le noyau du film, soit l’heure et demie durant laquelle Malick retrace la jeunesse et l’adolescence de Jack (Hunter McCracken, remarquable), tiraillé entre un père autoritaire (Brad Pitt, la mâchoire serrée) et une mère protectrice (Jessica Chastain, une révélation), est un éblouissement ». Didier Péron de Libération l’a aussi trouvé tout simplement « grandiose », Fabrice Leclerc de Studio Ciné Live considère que Terrence Malick a réalisé avec Tree of Life son 2001 L’odyssée de l’espace. « Une oeuvre déchirée, explosée mais totalement maîtrisée. Et surtout un film qui repousse encore un peu plus loin les limites du cinéma. Vous n’avez jamais rien vu de pareil. Le cinéma une nouvelle fois réinventé en quelque sorte ». A l’heure où l’ensemble des médias sont focalisés sur le DSK gate, je vous invite à aller voir ce film qui propose, certes, une vision quasi mystique du sens de la vie mais qui est surtout une véritable bouffée d’oxygène…

 

The Tree of Life : l’Arbre de la vie de Terrence Malick – Sortie salles: 17/05/2011 – Durée : 2h18 – Casting : Brad Pitt, Sean Penn, Jessica Chastain – Distribution France : EuropaCorp

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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