Elections législatives : l’évaluation des programmes par FNE
Les 12 et 19 juin, nous élirons nos député·es. Moins médiatisées que la présidentielle, ces élections sont pourtant importantes pour la transition écologique. France Nature Environnement a donc analysé les programmes des principaux candidats pour fournir une grille de lecture aux électeurs. Des élections importantes pour la transition écologique Plusieurs lois importantes pour la transition écologique sont déjà prévues : une loi de simplification des projets d’énergies renouvelables dès juillet, des lois de finances annuelles qui décideront du budget alloué à la transition, une loi agricole d’ici la fin de l’année, une loi sur la transition énergétique en 2023…Morgane Piederriere, responsable du plaidoyer à France Nature Environnement, témoigne : « Des député·e·s motivé·e·s peuvent se mobiliser pour que nos lois soient plus protectrices de l’environnement. Ils peuvent voter des amendements ambitieux pour modifier chaque projet de loi du gouvernement ou faire des propositions de lois sur ces sujets. Ils ont le pouvoir donc la responsabilité d’agir. Ceux de la majorité peuvent évidemment faire bien plus, c’est pourquoi cette élection est si importante.»Le mouvement France Nature Environnement mobilisé Conscientes de ces enjeux, des fédérations et associations membres de France Nature Environnement se mobilisent pour faire savoir aux candidats que la protection de la nature et de l’environnement tient à cœur à leurs électeurs et leur faire connaître leurs attentes et propositions. Certaines ont organisé des campagnes pour interpeller sur la France que nous préparons pour 2050 si nous n’agissons pas, en imaginant ce que deviendront des sites touristiques chers aux Français (FNE Bretagne, FNE PACA) ; d’autres invitent les internautes à participer à des concours photos sur l’artificialisation des terres pour illustrer les demandes qu’elles adressent aux candidats (FNE IDF) ; d’autres encore organisent des débats avec les candidats comme FNE Normandie ou font des propositions pour interpeller les candidats (Humanité et Biodiversité). Et bien d’autres écrivent à leurs candidats avec toutes le même message : l’urgence est là, ils devront être à la hauteur. Un hériscore pour mieux comprendre les programmes des partis Il est parfois difficile de s’y retrouver dans les programmes des candidats aux élections. Nous avons donc mis en place le « hériscore », le score des hérissons. Climat, biodiversité, santé-environnement, façon de gouverner : nous avons évalué les propositions des principaux partis et coalitions à l’aune des grands enjeux environnementaux, en regardant aussi leurs promesses aux niveaux européen et international.
Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement, conclut : « Les député·es peuvent faire beaucoup pour la transition écologique. Ils peuvent aussi faire beaucoup contre cette transition. Au cours du mandat passé, les députés ont été soumis à la pression de nombreux lobbies, ce qui les a parfois conduits à voter des régressions du droit de l’environnement ou des mesures trop tièdes. Pour cette mandature, quelle que soit la majorité, si nous voulons tenir nos engagements et agir pendant qu’il est encore temps, nos députés doivent s’engager à ce que la transition écologique soit dans chacun des textes qu’ils voteront, le fil rouge de leur mandat. »– Découvrir le hériscore
Un quinquennat écologique pour léguer un monde vivable
Lors de l’entre-deux tours, Emmanuel Macron a promis de faire de ce quinquennat un quinquennat écologique et de léguer un monde vivable. C’est une belle promesse. Elle doit engager davantage que ceux qui y croient. Elle doit engager celui qui l’a formulée. Nous avons souligné de grandes lacunes dans le volet environnemental du programme du candidat Macron. Pour tenir cette promesse d’un monde vivable et d’un quinquennat écologique, le président Macron devra aller au-delà de ce programme avec des chantiers prioritaires à mener : la gouvernance, le dialogue avec les acteurs de la transition écologique, les indicateurs de performance et plusieurs grands projets législatifs déjà au calendrier, sans oublier les importantes régressions du droit de l’environnement que nous avons subies, et qu’il faudra réparer.- 1. Organiser le gouvernement pour mettre l’écologie au cœur de l’action du gouvernement : Emmanuel Macron a parlé d’un Premier ministre chargé de la planification écologique. Cette transversalité qui sera ainsi donnée à l’écologie est une bonne chose pour aller au-delà des mots, à condition que la transition écologique soit réellement la boussole de tous les ministères, les faiblesses et limites du ministère de l’écologie – le « ministère de l’impossible » – ayant été montrées et démontrées depuis longtemps. Ceci étant, pour que cela soit efficace, il est indispensable que ce futur Premier ministre ait à la fois un poids politique important avec la volonté de faire respecter et renforcer le droit de l’environnement et surtout une connaissance et une sensibilité à l’écologie très fortes avec une capacité à faire dialoguer les parties prenantes plutôt qu’à les opposer. Par ailleurs, il est absolument essentiel, au sein de l’ensemble des ministères, que les services en charge de la protection de la nature et de l’environnement, dont les moyens humains ont été réduits fortement ces dernières années, soient remis à niveau et qu’ils disposent des ressources nécessaires à la complétion de leurs missions.
Nos propositions pour les 100 premiers jours.
- 2. Climat, biodiversité, santé environnementale, agriculture : comme l’a indiqué Emmanuel Macron en fin de campagne, nous devons accélérer. Pour cela, France Nature Environnement fait 20 propositions : instauration d’un livret vert, renforcement de l’encadrement des activités dans les aires marines protégées, préservation des espèces menacées d’extinction… Il y a beaucoup à faire. Pour nous assurer que nous sommes sur la bonne trajectoire, nous avons besoin de nous reposer sur des indicateurs. Ces indicateurs devront être publiés fréquemment, de manière transparente et avec la publicité nécessaire pour maintenir une mobilisation du public sur ces sujets.
- 3. La France est riche de l’engagement bénévole de millions de ses citoyennes et citoyens pour la nature et l’environnement au sein de milliers d’associations. Ces femmes et ces hommes sont un rouage essentiel à l’éducation de la population et un contre-pouvoir indispensable aux forces économiques qui rechercheraient uniquement un profit de court terme sans veiller d’abord à la protection du bien commun et au bien-être des populations. Ces citoyennes et citoyens ont construit un socle de savoir et d’expertise essentiels. Bref, ils sont l’aiguillon qui alerte et prévient les erreurs. Ils sont le réservoir d’expertise pour concevoir des politiques publiques efficaces. Ils sont le relais pour favoriser la mise en place des meilleures pratiques. Il est essentiel que le prochain gouvernement engage et accepte un dialogue exigeant et constructif avec ces associations pour tenir le rythme nécessaire à la transition environnementale de notre société.
- 4. Enfin, trois sujets aux implications très profondes sur la nécessaire transition environnementale devront être traités dans les prochains mois : la nouvelle loi de programmation énergétique, la prochaine loi agricole et au sortir d’une pandémie mondiale causée par une zoonose, une grande loi de santé environnementale que nous appelons de nos vœux. Ces trois projets législatifs d’ampleur doivent être réussis. Il est donc essentiel qu’une gouvernance efficace de ces projets soit mise en place, associant toutes les parties prenantes. La prochaine campagne des élections législatives doit être l’opportunité de replacer l’écologie au cœur des débats. Nous appelons les électeurs à se saisir de ce moment pour interpeller les candidats de leur circonscription. En complément nous encourageons les journalistes à traiter pleinement ce sujet et aller au-delà des « titres chocs » pour le dire grossièrement. Les médias ont un pouvoir d’influence indéniable, le travail de conscientisation passe aussi par l’information.
Pour Arnaud Schwartz, Président de France Nature Environnement : « Le GIEC nous donne trois ans pour inverser la tendance de nos émissions de gaz à effet de serre. En regardant les autres indicateurs environnementaux, pour la biodiversité et la santé environnementale notamment – force est d’admettre que l’urgence à agir est générale. Nous devons donc réussir ce quinquennat sur le plan environnemental. C’est-à-dire être capables de travailler ensemble, de hausser nos niveaux d’exigence, de nous appuyer sur la science et les experts. C’est un changement de fond pour Emmanuel Macron. Nous sommes lucides sur son bilan mais pas découragés et toujours ouverts au dialogue. Nous ne pouvons pas attendre donc nous continuerons à alerter et dénoncer avec vigilance mais aussi à proposer sans relâche les conditions d’émergence d’une société juste et respectueuse des limites écosystémiques. »