La définition du développement durable est malheureusement basée sur un concept moralisateur : le développement doit être « compatible avec les besoins des générations futures ». Ce concept est trop restrictif. Il peut même être contreproductif, par exemple dans le cas de personnes qui n’ont ni famille, ni enfant ni neveu : elles peuvent être totalement insensibles à l’argument et même être incitées à vouloir en profiter d’autant plus pour elles-mêmes. Il faudrait élever le concept pour le porter au delà la morale, jusqu’à la beauté …
Imaginer un développement (gardons pour l’instant ce mot, pourtant contestable) mu essentiellement par la joie de découvrir et d’assimiler les lois de la nature pour pouvoir nous y intégrer harmonieusement. Cela me semble beaucoup plus positif et enthousiasmant que l’injonction actuelle qui revient à dire : « Laissez ce lieu dans l’état où vous l’avez trouvé en entrant« , par respect pour la personne suivante. Comme aux toilettes… S´émerveiller de l’extraordinaire complexité de la nature, de son incroyable précision, de ses stupéfiantes possibilités. Et, par dessus tout cela, s’émerveiller que la nature soit décryptable, compréhensible, saisissable rationnellement. Qu’elle soit époustouflante de grandeur, de force, d’ingéniosité. L’émerveillement porte spontanément au respect, sans qu’il soit besoin de morale. Nous sommes alors renvoyés à nous-mêmes, au présent. Quand on parle d’environnement, on le fait trop souvent comme d’un milieu froid, objectif, extérieur à nous-mêmes, qui ne nous concerne que si nous le voulons bien, ou par nécessité, ou par devoir. Or, par la connaissance, nous débouchons sur la reconnaissance. L’environnement devient une composante majeure de notre joie de vivre et d’agir. Impossible alors de nous comporter en ignorant nos impacts sur le monde et les autres. Impossible de gâcher cet immense trésor qui nous environne – et nous constitue. Dans le monologue de Faust, Goethe lui fait dire, au moment où il s’adresse, comblé, à l’Esprit suprême : – Tu m’as donné la splendide nature pour royaume. Le pouvoir de la sentir et d’en jouir. Puis il ajoute : – Tu fais défiler la chaîne des êtres vivants Devant moi et me présentes mes frères Dans le bosquet silencieux, dans l’air et dans l’eau. Après avoir énuméré toutes ces beautés offertes à sa jouissance, Faust monte jusqu’au faîte de son extase : – Tu me montres Alors à moi-même, et les merveilles, Profondes, de ma propre âme se révèlent. Voilà ce qui me semble être le grand bénéfice de pratiques fondées sur le plaisir de découvrir les beautés du monde, beautés nous renvoyant sans cesse à nous-mêmes. Ce plaisir conduirait sans peine à des comportements harmonieux, donc à un développement… infiniment durable. Et l’on ne pourrait plus séparer l’environnement de l’homme, liés désormais par un même sort. Une même beauté, celle de l’homme étant virtuellement aussi belle que celle de la nature… s’il sait l’aimer.La communication consensuelle
– Télécharger le document sur La communication consensuelle Malgré l’existence de concepts, de technologies, de réseaux et d’expériences concluantes, le développement durable (DD) ne se développe pas à la hauteur des enjeux que désormais nous savons vitaux pour la planète. Pourquoi ? Parce que, au-delà de l’ignorance et des conflits d’intérêt, l’homme résiste au changement. Aussi, pour soutenir le DD dans l’opérationnel, il faut travailler sur la composante humaine afin d’accélérer la levée des obstacles individuels et collectifs au changement. Pour cela, une équipe lauréate de l’appel à projets du PUCA (Plan Construction, Urbanisme Architecture, organisme de recherche du ministère de l’Equipement) pour un programme d’étude et de recherche a mobilisé les connaissances des sciences neurocognitives et comportementales afin de définir une méthode de management, de concertation mais aussi de gouvernance pour les projets urbains. Ce document propose les bases d’une nouvelle façon d’appréhender le management, l’information et la communication pour les rendre plus efficaces. Voici résumés dans le document joint les enseignements innovants de ce programme d’étude et de recherche, applicables en termes journalistiques de diffusion de l’information, de responsabilisation et de communication « consensuelle ». >> Par Jacques Fradin, docteur en médecine, comportementaliste et cognitiviste (AFTCC). J. Fradin fonde en 1987 l´Institut de médecine environnementale (Paris). Il y anime une équipe de recherche en neurosciences cognitives, en partenariat avec Paris 8 et l´Imassa. Il est aussi fondateur et directeur scientifique de l’INM (Institute of neuromanagement, Paris & Bruxelles), expert auprès de l’APM (Association progrès du management), du Puca (Plan urbanisme construction et architecture). Voir aussi son dernier livre « L’Intelligence du stress« , Eyrolles, 2008.