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La récupération des mouvements de contestation

Tous les mouvements de contestation, aussi spontanés et authentiques soient-ils, sont tôt ou tard confrontés au problème de la récupération politicienne et idéologique.

Quelle société voulons-nous construire ?
Quelle école pour demain ?
Quel mode d’organisation sociale ?

C’est ce renoncement à sa responsabilité individuelle qui est la cause des divisions parmi les contestataires. Certains baissent les bras, d’autres deviennent fanatiques et rejettent ceux qui n’adhèrent pas à leurs convictions politiques. Là où il y a scission, la récupération des forces vives par des partis ou des organismes s’exerce sans obstacle.

Pour les rebelles qui refusent de se laisser embrigader dans les syndicats, les partis politiques es sociétés secrètes, reste encore le mirage des grands rassemblements citoyens qui ratissent large à l’échelle nationale ou internationale.

Ces rassemblements, qui arrivent à point nommé, très fédérateurs au départ et fortement médiatisés, ces manifestations aux allures humanistes qui se présentent comme des «espaces» et des « processus » se révèlent vite être des stratégies de récupération qui visent non pas le changement, mais la prise de pouvoir.

In fine, tous les mouvements qui dénoncent le capitalisme -parfois avec force talent- sans dénoncer la globalisation et le mondialisme, travaillent en réalité à l’instauration du communisme à l’échelle planétaire.

On a vu les « anti-mondialistes » du premier Forum social mondial de 2001 à Porto Alegre être rapidement rebaptisés « altermondialistes », c’est-à-dire, mondialistes autrement !

« ORDO AB CHAO », la devise maçonnique chère à Marx, annonce l’instauration du Nouvel Ordre Mondial à partir de la création du désordre. Quel plus beau désordre que celui engendré par le libéralisme économique ?
Karl Marx avait prévu que la révolution ne pourrait advenir que comme le dépassement d’un capitalisme devenu planétaire. C’est pourquoi le 9 janvier 1848, à Bruxelles, devant l’Association démocratique, il se déclara favorable au libre-échange : « La situation la plus favorable pour le travailleur est celle de la croissance du capital, il faut l’admettre […]. En général, le système protectionniste d’aujourd’hui est conservateur, alors que le libre-échange est destructeur. Il rompt les vieilles nations et pousse à l’extrême l’antagonisme entre le prolétariat et la bourgeoisie. En un mot, le libre-échange accélère la révolution, et c’est dans une direction révolutionnaire, Messieurs, que je vote en faveur du libre-échange. »

Aujourd’hui au niveau mondial, comme hier en Europe, il s’agit de se placer au cœur du réseau révolutionnaire et d’en prendre le contrôle.

Tant qu’il s’agit de créer un front de refus, de dire Non… à l’injustice, à la restriction des libertés, à l’oppression…, tout le monde est d’accord, mais tout se complique dès que sont proposés des essais de réflexion autour de questions de fond :

Le formatage d’une éducation colonisatrice enlève la possibilité de réfléchir par soi-même ou de se référer à sa raison et à son intuition profonde. Participer au débat, se positionner s ans avoir recours à des maîtres à penser devient vite une lourde charge et les problèmes paraissent alors insurmontables.
La solution de facilité est de se rallier à des courants de pensée partisans et collectivistes.

Le 4 janvier 2010, Bernard CASSEN, secrétaire général de Mémoire des luttes, dans un article intitulé : « Vers un tournant « post-altermondialiste » des Forums sociaux » explique la nécessité de jeter des passerelles avec les forces politiques et avec les gouvernements progressistes…, c’est-à- dire ceux de l’« Alliance bolivarienne des peuples de notre Amérique (ALBA) ».

Dans la même période, à la Rencontre Internationale des Partis de Gauche qui s’est tenue à Caracas en novembre 2009, le président du Venezuela Hugo CHAVEZ, a appelé à la constitution de la 5ème Internationale Socialiste, ce « parti-monde » (nommé ainsi par J. Attali) qui a pour vocation de renverser le capitalisme par le socialisme.

On assiste en France à une campagne de réhabilitation du terme : communisme. Il faut le dissocier de l’idée du despotisme bureaucratique et de toutes ses applications totalitaires qui ont conduit aux massacres sanglants que l’histoire ne peut cacher. Il faut le « moderniser » -formule magique pour faire passer la pilule-, le rendre synonyme de justice, d’égalité, de solidarité, d’humanisme et d’émancipation. Pure propagande !

Communisme contre capitalisme, capitalisme contre communisme, on n’en finit pas de ce conflit mondial permanent réduit à la simplicité monstrueuse d’un jeu manichéen : l’humanité coupée en deux, le bien d’un côté, le mal de l’autre, là où il est clair que le capitalisme et le communisme sont la main droite et la main gauche de l’esprit matérialiste qui vise la domination planétaire.

On ne résoudra rien tant que l’on cherchera à gagner contre l’autre, tant que l’on aura quelqu’un ou quelque chose à combattre. En étant divisés, on nourrit le jeu des mondialistes qui cherchent à tenir le monde en mains entre l’idéologie de droite et celle de gauche. Diviser pour régner !

C’est en l’homme que se trouve la racine du problème, la source de toutes les divisions, rapports de force et contradictions qui déchirent le tissu social. C’est donc en chacun de nous que se trouve la solution comme en témoigne notre aspiration naturelle à la paix tant intérieure que sociale.
En cessant de considérer l’homme comme un animal à domestiquer par la tyrannie d’une prétendue élite autoproclamée, en l’éveillant à sa dimension intérieure, profonde et universelle, c’est-à-dire à commune qui le relie à tous du dedans, en tissant un lien conscient entre la dimension temporelle du moi-je et la dimension atemporelle du Soi profond, on marie, en tout désintéressement, le pouvoir que l’on peut exercer sur le monde à l’Autorité de la vie qui nous dicte ce qui est à faire pour le bien commun. C’est en opérant sa « révolution intérieure » que, par voie de
conséquence, on changera la société.

« Si tu veux changer le monde, commence par toi-même ! »

En quittant les rapports de force et le désir de domination, on quitte le terrain du conflit pour découvrir comment vivre la richesse de la diversité humaine dans la complémentarité et à la lumière de notre HUMANITE, autrement dit de notre identité profonde, fondement de notre dignité.

La question de l’exercice du pouvoir au niveau des gouvernements et de l’organisation sociale se résout en sortant des sentiers battus de la gauche et de la droite pour emprunter la voie du juste milieu où le pouvoir n’est plus une fin en soi, mais un moyen pour exécuter la volonté souveraine du peuple qui s’exprime en âme et conscience sur toutes les questions importantes le concernant. C’est la voie de la démocratie directe où le respect de la liberté de conscience et la responsabilité individuelle priment sur toute volonté de domination et d’hégémonie.

Synthèse d’un travail collectif du R.I.R.E. (Réseau Informel de Réflexion sur l’Education)

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