L’ambition de la France est de diviser par 4 ses émissions de gaz à effet de serre à horizon 2050. L’agriculture est particulièrement concernée par cet objectif puisque ce secteur est à l’origine de 21% des émissions enregistrées, ce qui en fait le troisième émetteur de gaz à effet de serre dans notre pays aujourd’hui. Forte de ce constat, l’ADEME affine et partage ses connaissances sur les impacts de l’agriculture sur le changement climatique, notamment par la réalisation d’études, l’organisation de journées techniques et l’élaboration d’outils méthodologiques et d’information etc. La journée technique « Agriculture et gaz à effet de serre : l’approche territoriale ClimAgri » est l’occasion pour l’ADEME de présenter « ClimAgri », un outil destiné à faire évoluer les pratiques agricoles et forestières au sein de chaque territoire.
ClimAgri est un outil de diagnostic permettant d’évaluer l’impact énergétique et les émissions de gaz à effet de serre liés aux activités agricoles et forestière à l’échelle des territoires : régions, départements, parcs naturels, etc. Son principal objectif est de mettre en relations trois types d’indicateurs : – les consommations d’énergie de l’agriculture, – les émissions de gaz à effet de serre, -la production de matière première agricole. A partir du diagnostic établi, les utilisateurs définissent et priorisent les actions à mettre en œuvre en vue de réduire les impacts énergétiques et environnementaux des activités agricoles sur le territoire. ClimAgri, c’est également une démarche qui nécessite la mobilisation de nombreux partenaires régionaux pour mener à bien son déploiement: – la mobilisation d’un comité de pilotage et la sensibilisation des acteurs impliqués (conseils régionaux et généraux, chambre d’agriculture, etc.), – la collecte des données, – l’élaboration du diagnostic et les simulations, – la valorisation des résultats et la mise en place d’un plan d’action. La démarche ClimAgri peut s’insérer dans les Plans Climats Energie Territoriaux (PCET) dont il constitue le volet agricole.L’exemple d’une expérimentation réussie en Basse-Normandie
Le Parc Naturel Régional (PNR) Normandie-Maine a expérimenté ClimAgri de septembre 2009 à juin 2010, en coordination avec les principaux acteurs agricoles du territoire. Le parc s’engage aujourd’hui dans un premier plan d’actions : « Soutenir l’adaptation des exploitations agricoles aux enjeux énergétiques et climatiques ». Une estimation des tonnes équivalent pétrole ou CO2 économisées sera calculée au cours des 3 années à venir. Ce programme d’actions est constitué de 40 mesures et s’articule autour de 3 grands axes : – renforcer les connaissances agricoles du territoire, via notamment la réalisation d’un bilan de santé économique des exploitations du territoire, – développer le mix et l’autonomie énergétique des exploitations agricoles, grâce notamment à la promotion des énergies renouvelables, – optimiser le bilan Gaz à effet de serre des systèmes de production, par exemple, avec la mise en place de formations avec les établissements d’enseignement agricole sur des systèmes plus économes et viables. Pour mener à bien cette expérimentation, le Parc Naturel Régional de Normandie-Maine s’est entre autres appuyé sur les bilans de l’activité agricole du territoire de Basse-Normandie pour la campagne 2007-2008. Soit : – Le bilan ClimAgri des émissions de GES de l’agriculture qui mesure les émissions par poste (sols agricoles, stockage des effluents…) et les émissions par type de gaz. Les résultats de ce bilan ont permis des simulations chiffrées de certaines pistes d’actions ; réduire notamment les consommations des engins agricoles et ainsi diminuer les émissions directes de CO2, favoriser le semis de culture sous couvert ce qui permet de diminuer les émissions de NO2, mieux gérer les déjections animales et par conséquent réduire les émissions de NO2 et de CH4. – Le bilan ClimAgri des consommations énergétiques de l’agriculture : consommation en énergies directes, elle représente 48% de la consommation d’énergie totale, essentiellement due la consommation de fuel pour les engins agricoles et d’électricité pour les pratiques d’élevage en Basse-Normandie) ; consommation en énergies indirectes, elle s’élève à 52% de la consommation d’énergie totale, pour moitié dues à la fabrication et l’utilisation d’engrais azotés. Pour chaque diagnostic et afin de réduire ces consommations, des pistes d’action ont été proposées : l’entretien régulier de son engin agricole ou une formation à l’éco-conduite permet de réduire sa consommation de fioul ; mieux ventiler la salle de traite ou installer un récupérateur de chaleur permet de limiter sa consommation en électricité ; optimiser la gestion des pâturages, favoriser les mélanges graminées/légumineuses permet une diminution des consommations d’énergie indirecte. D’autres exemples et plus d’informations disponibles sur les pages www.ademe.fr/agriculture et dans le Hors-Série ADEME, supplément au n°15 de Campagnes et Environnement.