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Changement climatique : les solutions existent

LE MONDE | 29.11.05 | Hervé Kempf

Il n’y a pas si longtemps, on discutait de la pluie et du beau temps. Aujourd’hui, on parle cyclones et sécheresse. Rien, peut-être, ne dit plus l’irruption progressive du changement climatique dans la conscience collective que l’habitude qui est prise de commenter – ou de subir – des événements météorologiques extraordinaires. 2005 aura été, de ce point de vue, une année agitée, marquée par un nombre record de cyclones sur l’Atlantique et des inondations en Inde et au Bangladesh qui ont contraint au déplacement de 280 000 personnes.

L’avenir ne sera pas plus clément. Dans une déclaration solennelle diffusée en juin 2005, les Académies des sciences des plus grands pays écrivaient : « Les températures accrues vont probablement augmenter la fréquence et la gravité des événements météorologiques comme les vagues de chaleur et les grosses chutes de pluie. Elles pourraient conduire à des effets à grande échelle tels que des modifications des flux de l’océan Atlantique (avec des conséquences majeures pour le climat de l’Europe du Nord) et la fonte de grandes calottes glaciaires (avec des effets majeurs sur les régions de basse altitude dans le monde entier). » La nouveauté de ce texte était d’associer les Académies de Chine, d’Inde et du Brésil. Le changement climatique n’est plus une préoccupation propre aux pays riches ; elle commence à s’imposer nettement dans les pays plus pauvres. C’est d’ailleurs le thème central de la conférence des Nations unies sur le climat qui s’est ouverte à Montréal lundi 28 novembre : comment associer les pays du Sud au contrôle des émissions de gaz à effet de serre, engagé par le protocole de Kyoto en décembre 1997 ? La nécessité de prévenir le changement climatique est désormais partagée mais la répartition de l’effort à mener est largement disputée. Les pays du Sud estiment que le problème provient surtout du développement passé et de la consommation actuelle des pays occidentaux, tandis que les Etats-Unis soulignent l’importance des émissions à venir dans les pays en développement. Cette dernière vision a fini par s’imposer. Selon les projections de l’Agence internationale de l’énergie, la Chine émettrait, en 2030, presque autant de gaz carbonique que les Etats-Unis à cette date. La situation n’est toutefois pas aussi figée que le blocage de la discussion politique le laisse paraître. On élabore partout des solutions qui, ensemble, pourraient être efficaces. A côté du catastrophisme émerge l’idée qu’une autre voie est possible. Rechercher l’efficacité énergétique. L’idée de base est qu’on peut fabriquer un même produit ou offrir un même service en consommant moins d’énergie. L’objectif peut être posé au niveau global en cherchant à diminuer l' »intensité énergétique » d’un pays, c’est-à-dire la consommation d’énergie requise par unité de produit intérieur brut (PIB). La Chine a ainsi décidé de diviser par 2 ce ratio en 2020 ; les Etats-Unis, pour leur part, veulent réduire le leur de 18 % d’ici à 2012. Au niveau microéconomique, la recherche de l’efficacité énergétique passe par l’amélioration des processus de production, l’évolution des véhicules – en Europe, les automobiles ne devront pas émettre, en 2008, plus de 140 g de CO2 au km – ou encore l’adoption de règles sur les logements imposant un niveau élevé d’isolation. En Allemagne par exemple, sont construits des bâtiments « à énergie positive », c’est-à-dire produisant davantage d’énergie qu’ils n’en consomment (Le Monde du 25 novembre). Modifier les modes de production de l’électricité. L’électricité est encore largement produite dans le monde par des centrales thermiques fonctionnant au charbon ou au gaz, qui rejettent des gaz à effet de serre. Il sera difficile de se passer du charbon, dont les réserves sont encore abondantes, mais il est possible de développer un « charbon propre ». Les Etats-Unis ont lancé un programme dit FuturGen qui vise à réaliser une centrale thermique à émission zéro par la capture du carbone et son enfouissement sous le site de la centrale. Ce projet n’en est qu’à ses prémisses. Les énergies nouvelles, éoliennes, solaires et géothermiques, sont beaucoup plus avancées et approchent progressivement du stade de la rentabilité, d’autant plus avec la hausse du prix du pétrole. Elles paraissent bien adaptées aux pays du Sud : le Maroc vient ainsi de lancer un programme d’électrification rurale de 16 000 ménages par l’énergie solaire. Le nucléaire est une autre option, dont la généralisation est cependant freinée par son coût d’investissement très important, par les risques liés à la radioactivité ainsi que par la prolifération de l’arme atomique qu’il pourrait favoriser. Les ressources de la biomasse. La capacité des arbres à absorber le carbone en fait une arme précieuse pour limiter la quantité de CO2 dans l’atmosphère. Quelques boisements commencent à s’opérer dans ce but, comme celui qu’a réalisé Peugeot dans le Mato Grosso, au Brésil. La conservation de la nature est aussi un enjeu essentiel du changement climatique. Eviter la déforestation est un moyen de limiter les émissions de gaz à effet de serre. On redécouvre, par ailleurs, les avantages du bois comme source d’énergie, tandis que la fabrication de carburant automobile à partir de la biomasse connaît un succès croissant : le Brésil est particulièrement avancé dans ce domaine, tandis que la Suède envisage, grâce aux biocarburants, de se passer de pétrole en 2020. Les pratiques agricoles, enfin, sont importantes pour limiter les émissions de gaz carbonique et de méthane : les méthodes de semaille sans labour sont favorables de ce point de vue, tout comme l’agriculture biologique. Le tout technologique. D’autres recherches explorent des solutions radicalement nouvelles. La captation de gaz carbonique, enfoui ensuite dans le sous-sol, connaît un engouement croissant, sur la base d’expériences réussies dans l’industrie pétrolière norvégienne. La voiture à hydrogène est un autre projet prometteur. Le problème est que la production d’hydrogène requiert de l’électricité. Les réglementations. Les mesures politiques restent un instrument essentiel pour orienter les comportements. Le Japon a ainsi décidé de limiter à 19o Celsius la température dans tous les bureaux de l’administration et, en juillet dernier, le gouvernement avait invité les cadres à ne plus porter de cravate afin de diminuer l’usage de la climatisation. Plus traditionnelle mais tout aussi efficace : l’arme fiscale. Elle permet d’encourager les procédés favorables et de pénaliser les produits trop consommateurs d’énergie (par exemple les véhicules 4×4). Au total, la variété des procédés et des mesures est très large. Aucun ne peut à lui seul résoudre le problème mais leur conjugaison pourrait le permettre, à condition qu’existe une volonté politique. Elle n’est guère présente. En témoigne le fait que, dans la quasi totalité des pays développés, les émissions de gaz à effet de serre augmentent inexorablement au lieu de décroître. Comme le résume Mariangola Fabbri, de l’association WWF, dans le bulletin Hotspot, « les Etats ont un comportement contradictoire : d’un côté, ils proclament que l’efficacité énergétique est une bonne solution à la fois pour l’environnement et pour l’économie ; de l’autre, aucun d’entre eux ne veut ouvrir la voie et s’engager sérieusement ». Les solutions pour éviter le changement climatique existent. Il reste à trouver les responsables politiques qui veuillent, de par le monde, les mettre en oeuvre. Hervé Kempf

 

CHRONOLOGIE

1990 : Premier rapport du giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Le rapport établit que l’humanité modifie le climat par ses émissions de gaz à effet de serre.

1992 : Convention sur les changements climatiques. elle est signée à rio (brésil) lors du sommet de la terre en juin, et entre en vigueur en 1994.

1997 : Protocole de kyoto. Signé en décembre, le texte engage les pays développés à réduire leurs émissions de 5,2 % en 2012 par rapport à 1990.

2001 : George W. Bush annonce en mars que les Etats-Unis ne ratifieront pas le protocole de Kyoto.

2001 : La communauté internationale maintient le protocole de kyoto, en juillet à Bonn (Allemagne), malgré l’opposition des Etats-Unis.

2005 : Entrée en vigueur du protocole de Kyoto, en février.

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