Plusieurs photographies choquantes qui ont été diffusées dernièrement font état d’une recrudescence massive de la chasse illicite des lémuriens à Madagascar, qui menace la survie de nombreuses espèces ; la communauté internationale doit agir au plus vite pour faire cesser le pillage de l’île – a déclaré aujourd’hui Conservation International (CI).
La biodiversité propre à Madagascar est altérée à un degré scandaleux par des gangs criminels qui profitent de la désagrégation de l’ordre public à la suite du récent coup d’État. Après les nombreux rapports dénonçant les coupes et l’exportation illicites du bois dur, le dernier scandale a trait au commerce des lémuriens (voir photographies ci-jointes) qui sont vendus comme viande de brousse aux propriétaires de restaurants, à l’origine du massacre des animaux – 15 personnes ont été arrêtées sur l’île en rapport avec ce délit. Après le coup d’État au début de cette année, nombre d’organismes internationaux, parmi eux la Banque mondiale et le gouvernement des États-Unis, ont suspendu leurs initiatives de conservation et de développement à Madagascar et se sont limités à une aide strictement « humanitaire ». Le retrait du soutien international a affaibli la gouvernance environnementale au sein de l’île, créant de ce fait des conditions idéales qui permettent aux criminels de profiter de la situation. Depuis mars 2009, un certain nombre de catastrophes environnementales ont eu lieu sur l’un des territoires les plus importants au monde en termes de conservation de la biodiversité ; ces catastrophes s’échelonnent de l’abattage illicite des arbres dans les parcs nationaux – arbres qui sont ensuite exportés vers l’Asie –, de la collecte des animaux à des fins commerciales, et aujourd’hui à la chasse aux lémuriens qui sont vendus comme viande de brousse ; ce témoignage est le premier que nous avons reçu depuis le coup d’État. Au dire de Dr Russ Mittermeier, président de CI et l’un des experts mondiaux sur les lémuriens : « Les conséquences sur la biodiversité de Madagascar sont absolument effroyables et le massacre de ces animaux merveilleux, paisibles et rares est tout simplement inacceptable. Son objectif n’est pas la subsistance, mais le marché « du luxe » qui sert les restaurants des grandes villes de la région. Plus grave encore, ces braconniers tuent la poule aux œufs d’or, car ils anéantissent précisément les animaux que les populations souhaitent le plus observer ; ils minent le territoire et, en particulier, les collectivités locales, en les dépouillant des futures recettes de l’écotourisme. » Il a ajouté : « Durant la dernière semaine, Madagascar a pris d’importantes mesures pour résoudre cette crise politique et œuvrer au rétablissement de la démocratie. Il est contre-productif de la part de la collectivité internationale des donateurs de continuer à refuser un financement pour la conservation et le développement ; cette décision ne fait qu’encourager la mauvaise gouvernance des ressources naturelles du pays. La communauté mondiale doit agir immédiatement pour soutenir les organismes de protection de la faune et de la flore locales qui luttent pour empêcher la destruction de cette importante ressource dans le monde. Il est capital de protéger les écosystèmes, la faune et la flore menacées de disparition à Madagascar, et pas seulement pour leur valeur scientifique. Les 20 millions d’habitants de l’île dépendent en majeure partie de l’écotourisme – cette industrie s’est effondrée depuis le coup d’État, mais elle pourra être rétablie rapidement une fois que la situation sera résolue. Les forêts de Madagascar jouent également un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique ; plusieurs projets pilotes menés par CI sur l’île ont prouvé que la protection des peuplements forestiers et le reboisement des zones dégradées peuvent procurer des avantages substantiels aux collectivités locales tout en réduisant les émissions de gaz carbonique. » Dr Mittermeier a conclu : « Voilà ce qui se produit lorsque la communauté mondiale veut punir les leaders d’une nation en supprimant la quasi-totalité de son aide. Il nous faut repenser la réaction de la communauté internationale aux crises politiques à l’avenir et non accabler le plus lourdement ceux qui ont le plus besoin d’une aide. »