L’Union européenne et les Etats-Unis se sont mutuellement accusés hier de faire obstacle à la rédaction de la déclaration finale de la conférence des Nations unies sur le climat qui se clôture aujourd’hui.
La conférence de Bali risque de s’écrouler « comme un château de cartes » si les 190 pays réunis en Indonésie ne parviennent pas rapidement à surmonter leurs différences qui bloquent le lancement de négociations sur l’après-Kyoto, a mis en garde jeudi Yvo de Boer. « Je suis très préoccupé par le rythme où vont les choses », a déclaré le secrétaire exécutif de la convention-cadre de l’Onu sur le changement climatique à l’avant-dernier jour de la conférence qui réunit du 3 au 14 décembre 10.000 délégués venus de 190 pays. Les discussions bloquent sur les termes de la déclaration finale qui doit officiellement lancer un cycle de négociations de deux ans sur un nouvel accord climatique global destiné à succéder à Kyoto, le protocole qui encadre pour l’heure la lutte contre le réchauffement climatique mais arrive à échéance en 2012. « Nous nous trouvons dans une situation où c’est tout ou rien car si nous ne parvenons pas à trouver un accord sur le futur tout le château de cartes s’effondre », a dit De Boer lors d’une conférence de presse. Parmi les sujets de discorde, les Etats-Unis, le Japon et l’Australie s’opposent à ce qu’un objectif de réduction de 25 à 40% des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 d’ici 2020 soit fixé pour les pays riches. L’Union européenne, qui milite pour l’inscription de ces objectifs chiffrés dans la déclaration finale afin de montrer que les pays riches ont la volonté de prendre la tête de la lutte contre le réchauffement climatique, accuse les Etats-Unis d’être le principal obstacle aux discussions à Bali. « Nous sommes un peu déçus que le monde entier attende encore les Etats-Unis », a déclaré Humberto Rosa, secrétaire d’Etat du Portugal à l’Environnement. Le Portugal assume la présidence tournante de l’Union européenne et Rosa est le négociateur en chef de l’UE à la conférence de Bali. « Les Etats-Unis emploient un nouveau vocabulaire à ce sujet – engagement, leadership – mais les mots ne suffisent pas. Nous avons besoin d’actes. C’est le principal point de blocage », a-t-il dit à Reuters. « Si nous échouons à Bali, il sera inutile de participer à une réunion (sur le climat) des grands pays industrialisés » organisée par les Etats-Unis, a par la suite ajouté Rosa. Les Etats-Unis, qui n’ont pas ratifié Kyoto, estiment que fixer des objectifs chiffrés préjuge du résultat des discussions et font valoir que la fourchette retenue pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, entre 25 et 40%, repose sur un nombre restreint d’études scientifiques. « Ceux qui suggèrent que l’on peut trouver comme par magie un accord sur un chiffre alors que les négociations commencent à peine, voilà l’élément de blocage », a estimé James Connaughton, président du Conseil de la Maison blanche sur la qualité environnementale. « Nous ouvrirons la voie, nous continuerons à ouvrir la voie. Mais pour être un meneur, il faut que les autres se mettent d’accord et suivent la marche », a-t-il déclaré. La stratégie américaine est d’investir massivement dans des technologies comme les piles à hydrogène ou le « charbon propre », sans objectifs chiffrés de limitation des émissions. Tout en réitérant son opposition aux objectifs chiffrés, Washington a toutefois réaffirmé sa volonté de participer au prochain traité. La Conférence de Bali sur Cdurable.info : – Le pessimisme gagne la Conférence de Bali sur le Climat – La conférence de Bali sur le changement climatique