Alors que le projet de loi sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) vient d’être adopté par le Sénat, Greenpeace a décerné son premier Monsanto d’or. C’est le sénateur UMP de la Manche et rapporteur du projet de loi, Jean Bizet, qui est récompensé au palmarès général « pour l’ensemble de son œuvre de promotion des OGM et de sape des principes issus du Grenelle ». Alors ce projet de loi a-t-il été adopté pour défendre l’intérêt général et la santé des citoyens ou les intérêts des lobbies et de certains agriculteurs ? Sans vouloir attiser la polémique et adopter un regard partisan, à quelques semaines des élections municipales où de nombreux sénateurs se présentent pour garder leur poste de maire, la question peut au moins être posée.
« Les industries semencières et biotechnologiques n’auraient pas fait meilleur travail que M.Bizet. Avec un tel représentant à un poste si stratégique, la majorité UMP la plus archaïque est en train de passer au rouleau compresseur sur le Grenelle de l’environnement ! » déclare Arnaud Apoteker. Selon Greenpeace, la perspective des municipales semble justifier le retour dans le champ de la société de doctrines issues des lobbies ruraux les plus archaïques et les plus conservateurs. « Pour de bien tristes raisons électoralistes, incapables d’être en phase avec leur temps, grossièrement anti-écolo, scotchés à une France qui n’existe plus, M. Bizet et sa clique règnent en maître sur un hémicycle au trois quart vide et règlent leurs comptes avec le Grenelle et ses avancées : concertation, ouverture à la société civile, primauté du principe de précaution… ajoute Arnaud Apoteker. Il est regrettable que les voix éclairées de la majorité UMP, elles sont nombreuses, ne puissent plus s’exprimer. Le Premier Ministre Fillon et le Président Sarkozy doivent rappeler la majorité UMP à ses responsabilités et à ses engagements. »Florilège des déclarations du sénateur UMP de la Manche et rapporteur du projet de loi au Sénat, Jean Bizet, les 5, 7 et 8 février 2008
Pour Greenpeace, Jean Bizet s’illustre depuis des années par son soutien constant et sans faille aux lobbies des industriels, en particulier sur tous les dossiers concernant l’agro-alimentaire. Affaire de la « vache folle » minimisée, déclarations scandaleuses sur l’affaire du poulet aux dioxines (« au moment de l’affaire de la dioxine, les scientifiques ont démontré que 2 tonnes de poulets belges n’étaient pas plus nocives que la consommation d’une cigarette » La Manche Libre, 21 novembre 1999), promotion systématique des OGM au sein du Sénat par l’organisation de colloques pro-OGM en partenariat avec le lobby… – Sur les OGM : Il nous appartient de faire un nouveau saut technologique. – Sur le maïs OGM Bt (dont la culture vient juste d’être supendue en France) : Le maïs Bt apparaît de qualité supérieure, en particulier par sa plus grande sécurité sanitaire. – Sur le « droit d’expression » du haut conseil sur les OGM : Afin d’assurer tout à la fois l’indépendance et la dignité des fonctions de membre du Haut conseil, nous proposons (…) qu’il leur soit fait obligation d’informer le président, dont le rôle de coordination en sera d’autant mieux assis, avant toute prise de parole publique. Le Haut conseil doit tenir un langage clair, qui mette enfin un terme à la cacophonie qui prévaut depuis trop longtemps sur ce dossier. – Justifiant la scandaleuse autorisation de cultures d’OGM dans les parcs naturels : Si les plants génétiquement modifiés sont dangereux, il faut les interdire partout. En revanche, dès lors que le principe de précaution est respecté, on ne voit pas pourquoi les prohiber dans les parcs naturels… M. Longuet a fort justement expliqué que, si les parcs méritent d’être protégés, il ne faut pas en faire des sanctuaires. Il ne faut pas les ghettoïser et que les créateurs de richesses les désertent. – Sur l’impossible coexistence : J’ai déjà dit que je ne partageais pas cette approche de la contamination. Les prescriptions techniques permettent la coexistence des cultures. – Menace explicite sur le bio : Le maïs Bt a acquis une qualité supérieure au regard de la mycotoxine. Il faudra qu’ils (les agriculteurs bio, ndlr) s’en rendent compte ! Si les producteurs bio n’entendent pas notre message, ils vont se sanctuariser et nous serons obligés de frapper là où ça fait mal, sur le plan des normes sanitaires ! Il n’est pas question d’instituer la domination d’une culture sur l’autre, mais de défendre une agriculture plurielle. Il s’agit aujourd’hui d’un saut technologique, que cette forme d’agriculture fera ou ne fera pas ; n’empêchons pas le développement dans le respect mutuel d’une autre forme d’agriculture. – Sur ses collègues : Je m’efforce, dans ce débat, de retrouver mon calme et mes esprits. M. Desessard nous avait habitués à davantage d’humour et de courtoisie, mais peut-être, comme le suggère M. Charasse, son comportement résulte-t-il d’un excès de consommation de produits biologiques. – Refusant l’étiquetage de la viande issue d’animaux nourris aux OGM : Une telle obligation d’étiquetage aurait en outre un effet dévastateur sur toutes les filières animales. La majorité du bétail français est nourri aux OGM. Ce serait l’effondrement ! M. Le Cam ne me démentira pas, lui qui connaît bien de quoi est nourri le cheptel breton. Derrière tout cela il y a tellement de fantasmes ! – Justifiant le périmètre de 50 m entre OGM et sans OGM : En Angleterre, le périmètre est de 25 mètres, contre 700 à 800 mètres dans certains pays d’Europe centrale et orientale, car les structures parcellaires sont différentes ! Nous n’avons pas à réserver cette technologie novatrice aux seuls agriculteurs qui disposent d’une grande surface. – Sur la transparence du haut comité : Au demeurant, il serait contradictoire de saluer l’attribution de 45 millions d’euros supplémentaires à la recherche en biotechnologies et de fragiliser les industriels en leur imposant de révéler des secrets de fabrication (…) Souhaiter assurer la confidentialité de certaines informations ne relève pas d’une volonté de dissimulation. Le texte, comme la convention d’Aarhus, le reconnaît. Il est illusoire de penser que de telles informations divulguées aux membres du Haut conseil resteraient confidentielles ; et les fuites empêcheraient nos entreprises et nos chercheurs de préserver leurs positions dans la compétition mondiale. Nous voulons tous la transparence. Attention toutefois que son excès ne nourrisse pas les fantasmes (…) Ce n’est pas faire injure au public que de lui refuser l’accès au secret industriel. Greenpeace souhaiterait que M. Bizet applique à lui-même l’une de ses subtiles déclarations faite en séance au Sénat : « Quand on est dans une posture, on est pas loin de l’imposture » et se range aux décisions issues du Grenelle et aux souhaits des français. – Ecrire à Jean Bizet, sénateur UMP de la Manche et rapporteur du projet de loi.