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ADEME Recherche - Février 2025

Pourquoi remettre la santé des sols au cœur des stratégies territoriales ?

L’ADEME soutien la recherche et développement en matière de gestion durable des sols

L’édito de Jérémie Almosni, directeur Villes et Territoires Durables de l’ADEME répond à cette question « Pourquoi remettre la santé des sols au cœur des stratégies territoriales ? » Parce que l’ADEME soutien la recherche et le développement en matière de gestion durable des sols. Son action s’inscrit dans une démarche visant à préserver et à restaurer les sols, qui sont essentiels pour la biodiversité, la régulation du climat, la production alimentaire et la gestion de l’eau.

L’édito de Jérémie Almosni,
directeur Villes et Territoires Durables, ADEME

Les sols occupent une place centrale dans le fonctionnement des écosystèmes terrestres, jouant un rôle clé dans la régulation de la qualité de l’eau, la lutte contre l’érosion et la préservation de la biodiversité.

Cependant, les activités humaines intensifient les pressions sur les sols en multipliant les usages : production alimentaire, fourniture de matériaux et d’énergie, aménagements récréatifs, paysages, logements, infrastructures ou encore industrie. Ces tensions conduisent à une dégradation des sols qui menace leur capacité à remplir leurs fonctions écologiques. Selon l’Union européenne, 60 % des sols sur son territoire sont déjà affectés.

Malgré une prise de conscience croissante de leur rôle essentiel dans la lutte contre la perte de biodiversité et le changement climatique, leur protection reste insuffisamment intégrée dans les processus décisionnels. L’ADEME, dans sa stratégie de soutien à la recherche, vise à mieux ancrer la santé des sols au cœur des politiques publiques. Elle concentre ses efforts sur trois axes principaux :

  • 1 – évaluer leur état de santé,
  • 2 – promouvoir leur gestion durable
  • 3 – relever les défis liés aux nouvelles régulations, notamment la loi Climat et Résilience, qui fixe l’objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) d’ici 2050 ainsi que le projet de directive européenne sur la surveillance et la résilience des sols.


Cette directive, en plaçant la qualité des sols au même rang que celle de l’eau et de l’air, marque une avancée majeure vers une reconnaissance globale de leur importance. Elle a conduit l’ADEME à renforcer son action sur l’évaluation de la santé des sols et les techniques pour leur restauration écologique, en intégrant ces enjeux au sein des appels à projets de recherche GESIPOL et GRAINE.

Pour parler de ces avancées en matière de recherche, l’ADEME vous invite lors des 5e Rencontres Nationales de la Recherche sur les sites et sols pollués les 4 et 5 février 2025.

5ᵉ Rencontres Nationales de la Recherche sur les sites et sols

Organisées par l’ADEME et ses partenaires, ces 5ᵉ Rencontres Nationales sont incontournables pour tous les acteurs de la filière.

Les sols, un trésor à protéger

L’ADEME soutien la recherche et le développement en matière de gestion durable des sols. Son action s’inscrit dans une démarche visant à préserver et à restaurer les sols, qui sont essentiels pour la biodiversité, la régulation du climat, la production alimentaire et la gestion de l’eau. 

Le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité et la raréfaction des ressources naturelles pourront s’accompagner d’effets irréversibles sur tous les territoires.

Face à une aggravation des effets liés au changement climatique, les villes doivent s’adapter et répondre à certains objectifs de sobriété et de maîtrise des ressources afin de réduire l’étalement urbain et d’améliorer la restauration de la biodiversité (promulgation de l’objectif Zéro Artificialisation Nette (ZAN) – 2021, de la Stratégie nationale Biodiversité (SNB) – 2022, et du Règlement européen sur la restauration de la nature – 2024).

Cette prise de conscience est également européenne et a conduit à l’élaboration d’une directive qui prévoit des mesures visant à rendre obligatoire la surveillance de la santé des sols, fournissant des principes directeurs pour leur gestion durable, et traitant des situations dans lesquelles leur contamination présente des risques inacceptables pour la santé humaine et l’environnement.

Cette riche actualité réglementaire renforce le besoin d’approfondir les connaissances sur la biodiversité des sols et les processus écologiques qui en découlent afin de les préserver et de les restaurer, quel que soit le secteur économique (agriculture, pêche, industrie et urbanisme).

En cohérence avec les orientations de la stratégie R&D de l’ADEME, les projets de recherche accompagnés par l’Agence intègrent une approche pluridisciplinaire, mobilisant des experts en sciences de l’environnement (écologie, biologie, pédologie, agronomie), en chimie, en physique et même en géographie et géomatique (urbanisme). Ces travaux de recherche ambitionnent une approche systémique permettant de prendre en considération les sols, non pas uniquement comme un support de construction ou comme une source de pollution, mais comme un élément fondamental de nombreux services écosystémiques (régulation des flux d’eau et du climat, réservoir de biodiversité, etc.). L’ADEME favorise en outre des projets qui intègrent les aspects socio-économiques, car ils peuvent constituer des verrous pour la préservation et la restauration des sols. 

Les appels à projets de recherche (APR) sur la gestion durable des sols

L’ADEME mobilise les acteurs de la recherche, notamment via des axes ouverts sur les sols dans les APR (ou la mise en place d’appels dédiés), afin de mieux comprendre les impacts des activités humaines et du changement climatique sur les sols, d’évaluer les impacts de leur dégradation sur les humains et les écosystèmes, ainsi que les impacts socio-économiques. La thématique de la gestion durable des sols est non seulement traitée dans les APR de l’ADEME GRAINE, GESIPOL1, IMPACT, TEES, CO3, PACT2e2 et l’appel à thèses, mais aussi à travers la réalisation d’études sur des sujets spécifiques, notamment sur la réhabilitation écologique des friches polluées (diagnostics fonctionnels des sols avant et après réhabilitation3).

L’APR GRAINE traduit l’approche systémique recherchée en visant l’amélioration des méthodes et des outils d’évaluation de la santé des sols, tout en veillant à rendre cohérents les référentiels d’interprétation pour tout usage des sols (agricole, forestier ou urbain). L’ADEME porte aussi cette vision transversale à l’échelle européenne au sein du réseau européen SOILveR qui a pour objectif de partager des connaissances sur la gestion durable des sols et de mettre à disposition des ressources et des connaissances sur sa plate-forme (https://soilver.eu/)

La feuille de route « gestion durable des sols »

Pour structurer son action, l’ADEME s’est dotée d’une feuille de route sur la gestion durable des sols en s’inscrivant dans un contexte réglementaire en pleine évolution (Objectif ZAN, directive européenne sur la surveillance et la résilience des sols) afin de fixer des objectifs opérationnels déclinés au travers d’actions structurantes à l’échelle régionale et nationale sur une période de 2 à 3 ans.

L’ADEME souhaite accompagner les territoires en mobilisant le grand public et les acteurs socio-économiques dans l’optique de faire changer les comportements grâce à la communication, la sensibilisation et la formation. Elle accompagnera les collectivités dans l’élaboration de leurs stratégies de sobriété foncière. Cet accompagnement comprend la mise à disposition de financements, de méthodes, d’outils, de retours d’expériences ainsi que la mise en réseau de collectivités engagées sur le sujet.

L’ADEME encourage la création de terrains démonstrateurs territoriaux (ou livings labs, sites d’expérimentation à long terme), afin de répondre au mieux aux besoins des territoires et de mettre en place de nouveaux services ou modèles d’affaires, en s’appuyant sur la participation des entreprises, des chercheurs, et des acteurs locaux de l’aménagement du territoire.

The European knowledge platform on soil and land management (SOILveR) wants to establish a flexible, self-financed platform of European funders that assures future generations of sustainable soils and land

Ces projets reposent sur une gouvernance efficace pour coordonner toutes les parties prenantes en prenant en considération les enjeux sur les sols définis localement (risque inondation, risque sécheresse ou perte d’espace naturel, etc.). 

Vers une approche intégrée des effets sanitaires positifs et négatifs du jardinage dans l’aide à la décision sur des sols pollués. 

Eugénie Albert

Docteure en pharmacie à l’IRSET (Institut de recherche en santé, environnement et travail – UMR_S 1085 Inserm), Eugénie Albert s’est spécialisée en santé publique. Elle croit fermement que les enjeux de santé actuels nécessitent une lecture globale et interdisciplinaire. Cette thèse, appuyée par l’ADEME, s’inscrit complètement dans cette logique. Pour cette grande curieuse et fan de jardinage, le thème était tout indiqué… 

Quels sont les principaux objectifs et résultats de votre thèse ?

Il existe aujourd’hui des outils d’évaluation des risques sanitaires des sols contaminés. Cependant, lorsque les risques évalués sont faibles, peu parlants, il est difficile de déterminer l’usage que l’on peut réellement faire du sol. Par ailleurs, des usages comme le jardinage peuvent aussi avoir des impacts sanitaires positifs. La thèse cherche donc à construire un outil qui réponde à ces situations intermédiaires, en intégrant les bénéfices éventuels pour la santé. Ceci s’inscrit dans une logique de santé publique actuelle où, au principe de sécurité sanitaire, s’ajoute la notion de promotion de la santé. 

Ma thèse s’appuie tout d’abord sur une revue de la littérature montrant des bénéfices potentiels, en particulier pour le jardinage, en matière d’alimentation, de santé mentale, d’activité physique, de lien social, de qualité de l’environnement et de budget. Sur cette base, mon objectif est de proposer une méthode d’évaluation qui intègre tous ces bénéfices, et pas uniquement le risque. 

Le second volet a été d’aller rencontrer des jardiniers, en l’occurrence les usagers des jardins collectifs de la ville de Rennes. J’ai cherché à documenter les bénéfices économiques, qui sont moins connus, et les conditions dans lesquelles ils sont présents (profil de jardinier, structure du jardin…).

À Rennes, on montre que pour faire des économies substantielles en matière de coût alimentaire, il faut avoir une certaine surface, associée à une certaine expérience du jardinage. Mais surtout, c’est moins l’objectif économique que le loisir que les gens cherchent, contrairement aux conclusions d’autres études menées par exemple à Séville, région très touchée par la crise économique de 2008. 

La renaturation des sols dégradés en milieux urbains

Les sols peuvent être dégradés par les activités humaines. Réhabiliter les friches constitue des opportunités à la fois pour réduire l’artificialisation des sols et pour recréer des espaces de nature porteurs de bénéfices directs et indirects pour les habitants des villes.

Dans un contexte de tensions sur l’usage des sols, les villes doivent aussi s’adapter aux conséquences du changement climatique et répondre à certains objectifs de préservation et de restauration de la biodiversité (loi Climat – Plan Biodiversité).

La renaturation des zones à l’abandon ou de zones à enjeux écologiques constitue une opportunité de rendre les territoires plus résilients et de promouvoir un ensemble de bénéfices environnementaux, sociaux et économiques4. Ces opérations de renaturation (parc urbain, jardin partagé, trame verte, réservoir biodiversité) constituent une réelle opportunité pour recréer un espace de nature en milieu urbain et périurbain, porteur de bénéfices directs et indirects.

Ces opérations menées dans le cadre d’un renouvellement urbain peuvent dynamiser la reconversion des friches vers des usages environnementaux (espace vert, parc urbain, continuité écologique) lorsque celles-ci présentent un potentiel et des fonctionnalités permettant une intégration paysagère favorisant la biodiversité et la lutte contre le changement climatique

Lire la suite : Faire face à la raréfaction de la « ressource sol »

Rencontre avec Jamila Bentrar et Cécile Grand

Régulation de l’eau, lutte contre la perte de biodiversité et contre les îlots de chaleur urbains… Même contaminé, le sol peut rendre de nombreux services écosystémiques. D’où l’intérêt d’en prendre soin et de lui laisser le temps dont il a besoin pour se restaurer.


Jamila Bentrar

Coordinatrice Quartiers fertiles à la Métropole Européenne de Lille (MEL), des projets de recherche REVALS et REPONSE, Jamila Bentrar est également l’autrice de l’ouvrage Modéliser le futur des territoires – Pour une résilience des politiques publiques, publié chez Territorial éditions.

Cécile Grand

Cheffe de projets Sols et sites pollués, au sein du service SitéSol (sécurisation et reconversion des friches polluées) de l’ADEME, Cécile Grand travaille notamment sur la réhabilitation écologique des friches et leur reconversion.

Pourquoi et comment vous êtes-vous intéressée à la qualité des sols dans la stratégie urbaine de la Métropole Européenne de Lille (MEL) ?

J’ai rejoint la Direction Agriculture de la MEL il y a plus de trois ans afin de développer des projets d’agriculture urbaine dans des quartiers prioritaires. J’ai appréhendé ce sujet comme un programme immobilier comme un autre ; puis celui des sols s’est imposé rapidement, quand les analyses ont indiqué la présence de polluants, et donc une incompatibilité d’usage de ces sols avec nos projets. Les experts nous ont conseillé de suivre les modalités de gestion de la pollution qui sont mises en œuvre dans ce cas : retirer la terre polluée et la remplacer par une terre saine. J’ai alors découvert un problème de disponibilité déconcertant : nous ne trouvons plus de terre saine dans notre région. Notre modèle est arrivé à bout de souffle, nous devions envisager d’autres options. Nous nous sommes alors orientés vers la solution technique de reconstruction ou construction de sol, c’est-à-dire la mise en place de technosols.

Nous ne trouvons plus de bonne terre dans notre région ; nous devons donc envisager d’autres options.

Jamila Bentrar , Coordinatrice Quartiers fertiles à la Métropole Européenne de Lille.

  1. Recherche pour la GEStion Intégrée des sites POLlués ↩︎
  2. Planifier et aménager, face au changement climatique, la transition des territoires. ↩︎
  3. Réhabilitation écologique des friches polluées, Jeanne Maréchal, Xavier Marié – 2022-2024, Sol Paysage, 45 pages. ↩︎
  4. Lorsque les bénéfices environnementaux, sociaux et économiques constituent les bénéfices que l’Homme retire directement ou indirectement du fonctionnement des écosystèmes, on parle de « services écosystémiques ». Ceux-ci reposent sur l’ensemble des processus écologiques qui assurent le fonctionnement de ces écosystèmes ↩︎

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