La surpêche a fortement baissé au cours de la décennie écoulée en Méditerranée et en mer Noire, mais l’exploitation de la plupart des espèces commerciales est loin d’être durable, a indiqué mercredi l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).Le rapport de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) de la FAO, fait état d’une diminution de l’exploitation excessive dans la région, particulièrement en ce qui concerne les espèces essentielles faisant l’objet de plans de gestion multilatéraux. Toutefois, 73% des espèces commerciales sont encore surexploitées et la pression de pêche, quoique moins forte que dans le passé, reste le double de ce qui est considéré comme durable. The State of Mediterranean and Black Sea Fisheries 2022 La publication de ce rapport coïncide avec le moment crucial où se tient au Canada la quinzième réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique. Pour la FAO, cette rencontre sera l’occasion de mettre en avant la contribution importante de la pêche à l’utilisation durable et à la préservation de la biodiversité. Selon l’agence onusienne, il est crucial d’inverser la tendance à la baisse des ressources aquatiques ainsi que d’établir des liens entre la rentabilité et la durabilité dans cette région.
La pêche en Méditerranée et en mer Noire génère chaque année 2,9 milliards de dollars
« Dans la Stratégie 2030, les membres de la CGPM ont fixé de nouveaux objectifs afin de régler ce problème », a déclaré Miguel Bernal, nouveau Secrétaire exécutif de la CGPM. « Cette nouvelle stratégie définit une vision ambitieuse et nécessite des efforts collectifs plus audacieux qu’auparavant ».Selon le rapport biennal, la production dans le secteur des pêches a chuté d’environ 15% depuis 2020, notamment en raison de la pandémie de Covid-19, et les recettes et les emplois dans la filière ont diminué d’autant. « Les moyens de subsistance dans les zones côtières sont menacés par le vieillissement de la main-d’œuvre et par les suppressions d’emplois », a détaillé la FAO. La pêche en Méditerranée et en mer Noire génère chaque année 2,9 milliards de dollars de recettes. Elle occupe, selon les estimations, un demi-million de travailleurs tout au long de la chaîne de valeur. En moyenne, dans la région, un habitant sur 1.000 est un pêcheur sur le littoral et, dans certaines zones côtières, ce chiffre peut être jusqu’à dix fois supérieur. Mais la main-d’œuvre vieillit. En 2020, plus de la moitié des marins-pêcheurs étaient âgés de plus de 40 ans et 10% seulement avaient moins de 25 ans. Cette tendance s’accentue, d’après les dernières données du rapport.
La pêche artisanale représente près de 60 % des emplois
Par ailleurs, la pêche artisanale représente 82% des navires et 59% des emplois. Elle fait également travailler le plus grand nombre de jeunes, mais les petits pêcheurs gagnent en général moins de la moitié du salaire des marins-pêcheurs de la flottille industrielle, selon la FAO. Plus globalement, le document se penche sur la durabilité de la pêche. Car bien que la plupart des principales espèces commerciales ne soient pas encore exploitées de manière durable, presque la totalité d’entre elles connaissent une baisse de la pression de pêche et sont actuellement à des niveaux inférieurs à la moyenne régionale. A ce sujet, la FAO dit avoir constaté « une diminution notable » de la surpêche des stocks de merlu européen en Méditerranée, de turbot en mer Noire et de sole commune en mer Adriatique, qui sont actuellement soumis à un ou plusieurs plans de gestion. « Certaines de ces espèces montrent déjà des signes de reconstitution de la biomasse ».La Méditerranée et la mer Noire parmi les régions de pêche les plus surexploitées au monde
A noter que la CGPM a mis en œuvre 10 plans de gestion pluriannuels des pêches visant des stocks prioritaires et concernant près de 7.000 bateaux. Elle a également créé 10 zones de pêche réglementée en vue de réduire l’exploitation de stocks et d’écosystèmes d’eaux profondes sur plus de 1,7 million de kilomètres carrés de la Méditerranée et de la mer Noire et d’en améliorer la conservation. Selon Manuel Barange, Directeur de la Division des pêches et de l’aquaculture de la FAO, le rapport a mis en évidence combien il était compliqué d’assurer la durabilité dans cette région d’importance critique. « La Méditerranée et la mer Noire comptent parmi les régions de pêche les plus surexploitées au monde, mais nous y observons également un fort engagement dans la gestion efficace des ressources ces dernières années », souligne-t-il. La CGPM compte 23 pays membres et a pour objectif principal de veiller à la préservation et à l’utilisation durable des ressources marines biologiques ainsi qu’au développement durable de l’aquaculture.