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Enquête Ipsos : les français et le développement durable

Le développement durable : quelle réalité pour les Français ?

A l’occasion des 5èmes Assises Nationales du Développement Durable et à la demande du Conseil régional Rhône-Alpes organisateur de cette manifestation en janvier 2009, Ipsos a réalisé une enquête auprès de la population française sur sa connaissance, ses convictions et ses pratiques en matière de développement durable. Il en ressort une maturité croissante de la population sur le sujet, non seulement sous l’angle des convictions mais aussi sur celui de l’engagement personnel.

François de Sars, Directeur Général d’Ipsos Lyon apporte les principaux enseignements de cette étude [[Enquête conduite auprès d’un échantillon de 1 015 personnes représentatives de la population française de 18 ans et plus selon la méthode des quotas. L’enquête s’est déroulée du 28 novembre au 2 décembre 2008 par mode auto-administré en ligne.]]. – Visionner le diaporama présentant les conclusions de l’enquête sur le site d’Ipsos

Le développement durable : qu’en sait-on d’abord ?

Consacré par le sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 et médiatisé depuis cette date, le concept relativement complexe de « développement durable » est un terme aujourd’hui totalement vulgarisé auprès du grand public. L’enquête réalisée en fin d’année 2008 révèle en effet que 97% des Français déclarent avoir déjà entendu parler de l’expression « développement durable ». Le chemin parcouru est grand, ne serait-ce que depuis ces deux dernières années où près d’un tiers de la population ignorait ce concept et, parmi ceux qui disaient le connaître, un tiers seulement déclarait avoir une idée précise de sa signification. Force est de reconnaître que les alertes successives sur la pénurie potentielle des ressources énergétiques naturelles (avec leurs conséquences sur le budget des ménages), tout comme la crise économique, ont largement contribué à cette vulgarisation. Spontanément, le concept de développement durable connote le plus souvent (cité par près de 2 répondants sur 3) la dimension environnementale mais pas seulement. Pour près d’1 Français sur 4 le développement durable est aussi associé à la sphère de l’économie, à la notion de long terme et, presque dans la même proportion, au champ social. Sur relance et à partir de choix proposés, pour 87% des personnes interrogées l’environnement est bien le premier domaine concerné par le développement durable, devant l’activité économique et financière (56%) et la solidarité – l’équilibre social (50%). Dans le triptyque – Environnement, Economie, Social – la dimension environnementale est toujours la première citée comme étant concernée par le développement durable, mais de façon beaucoup plus appuyée par les plus jeunes (citée en premier rang par 69% des moins de 35 ans vs 48% par des 60 ans et plus). En outre, ce qui est vraisemblablement la conséquence des semaines de crise économique précédant la mesure, c’est la restitution par 45% des interviewés, parmi les domaines concernés par le développement durable, du « mode de gouvernance ou façon de gérer de l’Etat, des collectivités et des entreprises ». Etaient ensuite restituées la santé (40%) et, dans une moindre mesure, l’éducation (22%).

Quel est le degré de prise de conscience à fin 2008 de la population ? Est-on prêt à changer de cap ?

Fin 2008, sur fond de crise économique qui exacerbe les sentiments, les Français se montrent particulièrement sensibilisés aux questions environnementale et sociale. Ainsi, 93% des Français jugent la situation préoccupante en ce qui concerne le réchauffement de la planète (parmi lesquels près des deux tiers la jugent vraiment préoccupante). Même constat pour la raréfaction des ressources naturelles. C’est également dans la sphère sociale que se focalisent les inquiétudes et en premier lieu à propos des inégalités sociales en France dont la situation est jugée vraiment préoccupante par 47% des interviewés et plutôt préoccupante par 44%. Un consensus existe également sur la question du logement (situation jugée préoccupante par 90%), de l’accès à la santé (77%), des conditions de travail (74%) ou plus encore des inégalités entre pays du Nord de la planète et pays du Sud (85%). Les Français semblent adhérer fortement à une nécessaire mobilisation collective de la population sur l’environnement. Ainsi, 80% reconnaissent que la protection de l’environnement est un sujet crucial et que plus on en parle, mieux c’est. Malgré cette prise de conscience massive, ils ne semblent pas prêts à sacrifier leur emploi pour autant : 42% considèrent que l’environnement c’est important mais que cela doit venir après l’emploi alors que 23% considèrent que l’emploi doit venir après l’environnement et que le tiers restant ne veut pas se prononcer sur cette question. Au-delà de la problématique de l’environnement, les Français ont pris la pleine mesure des enjeux sociétaux via la nécessaire solidarité envers les populations fragilisées ou la mise en place de programmes de soutien ciblés. Ainsi 86% d’entre eux se disent favorables aux initiatives en faveur de l’entrepreneuriat solidaire (l’aide à domicile pour les personnes âgées ou l’insertion des demandeurs d’emploi), 73% considèrent, certes à divers degrés, que le développement durable ce sont aussi des actions indispensables comme le maintien, voire le renforcement, des services publics et d’intérêt général en milieu rural ou dans les quartiers d’habitat social ou encore, pour 69%, comme la mise en place de programmes de formation et de reconversion pour faciliter la réinsertion sociale des demandeurs d’emploi.

De la prise de conscience au geste concret individuel : une évolution très notable.

Si 89% des Français s’accordent sur le fait que chaque individu devrait avoir à cœur de transmettre la planète aux générations futures avec autant sinon davantage de ressources, leurs actes – certes un peu moins en harmonie avec leur conviction déclarée – témoignent d’une évolution notable. 69% disent acheter de plus en plus de produits qui respectent l’environnement et 66% adhèrent au principe selon lequel pour améliorer notre qualité de vie, il faut réduire notre consommation. Un grand chemin parcouru depuis ces dernières années, où seule une minorité adoptait de tels comportements. Témoignant encore de ces efforts quotidiens, et de comportements écologiques devenus quasi systématiques, 65% de la population déclarent toujours trier les déchets ménagers, 67% disent toujours éviter de prendre des sacs en plastique aux caisses des supermarchés, 59% déposent toujours les piles ou batteries usagées chez les revendeurs plutôt que de les jeter, 39% utilisent toujours des appareils économes en énergie (ampoules basse consommation, appareils électroménagers classe A), 36% limitent toujours les achats de fruits et légumes aux fruits et légumes de saison, 35% rapportent toujours les médicaments périmés ou inutilisés chez le pharmacien, 24% préfèrent toujours un autre mode de transport à la voiture pour des déplacements courts ou quand cela est possible. Certes, d’autres pratiques restent encore marginales – 8% seulement des Français disent éviter toujours d’acheter des produits parcourant de longues distances à cause de la pollution générée par le transport – et les moyens coercitifs montrent leurs limites, notamment le concept du pollueur-payeur. Ainsi, seuls 14% sont tout à fait d’accord sur le principe d’être personnellement sanctionnés sur un plan financier en cas de non respect des bonnes pratiques en matière d’environnement et 32% plutôt d’accord.

L’action concertée de tous peut-elle permettre d’améliorer la situation pour les générations futures ?

La prise de conscience des Français – des constats sévères et réalistes – s’accompagne toutefois d’une vision optimiste quant à l’efficacité d’une action globale, conjointe de l’ensemble des acteurs : pouvoirs publics, associations, entreprises, citoyens. Les interviewés considèrent en effet qu’une telle action de l’ensemble des acteurs peut avoir un impact positif pour améliorer la situation des générations futures dans les domaines du logement en France (74% des opinions), de l’accès à la santé (74%), des conditions de travail en France (70%) et des inégalités sociales en France ou encore dans les domaines de l’environnement, en particulier par rapport au réchauffement de la planète (72%). Un plus grand scepticisme est exprimé en revanche sur la capacité collective à améliorer la situation pour la question de la raréfaction des ressources naturelles (36% n’y croient pas), celle des inégalités sociales (34% n’y croient pas non plus) ou plus encore pour la question des inégalités Nord/Sud (43% ne croient pas à une amélioration de la situation).

Quels repères dans le monde d’aujourd’hui et pour celui de demain ?

Signe des temps, pour traduire au mieux la richesse d’un pays, les Français placent en premier rang la qualité de vie de la population en général (premier critère cité mais aussi restitué pour 57% des interviewés parmi les 3 premiers critères de richesse parmi les 12 suggérés). Alors que les indicateurs économiques se situent pour leur part au second plan : le salaire moyen (situé pour 41% parmi les 3 premiers critères) ou le taux de chômage (31%). Quant au PIB (dont, pour mémoire, JF Kennedy disait déjà qu’il « mesure tout sauf ce qui rend la vie digne d’être vécue ») il n’est considéré comme l’un des trois premiers indicateurs de richesse que par seulement 27% des répondants. Bien sûr, certains critères sociétaux ressortent aussi comme le nombre d’habitants en-dessous du seuil de pauvreté (40%), ou plus secondairement, l’indice du moral des ménages (15%). De même est évoquée à un niveau moindre la « performance » sanitaire, sans doute parce que moins sensible dans le pays où est réalisée l’enquête avec l’état de santé général de la population (36%) et l’espérance de vie (19%). Dans un monde sans cesse en mouvement, la structure familiale reste un repère essentiel aux yeux du plus grand nombre : 75% considèrent ainsi le fait d’être heureux en famille comme un critère de vie majeur. L’accomplissement par le travail ressort également comme une valeur de référence avec 57% des répondants qui valorisent la stabilité ou l’intérêt dans le travail et, sans surprise, l’aisance matérielle et financière reste un élément constitutif du bien-être individuel pour 49% des interviewés pour qui gagner suffisamment d’argent pour bien profiter de la vie est l’un des trois critères de vie qui compte le plus parmi les 9 critères suggérés. Enfin, dans un monde où l’information et la culture se sont largement développées et vulgarisées, la connaissance permanente répondrait aussi à un besoin fondamental : pouvoir continuer à découvrir des choses tout au long de la vie est l’un des trois critères de vie comptant le plus pour 53% des Français. La hiérarchie des valeurs n’est toutefois pas transgénérationnelle. Au-delà du plébiscite de la quête du bonheur familial, un renversement des valeurs s’opère vers l’âge de 45 ans. Valeurs davantage matérialistes centrées sur la réussite et l’aisance économique pour les plus jeunes et valeurs davantage tournées vers l’autre et la découverte pour les plus âgés.

Réformer seulement ou repenser totalement les modèles économiques ?

Sans surprise, l’opinion publique est particulièrement sensibilisée aux problèmes économiques actuels, aussi adhère-t-elle fortement à la nécessité pour les entreprises d’adopter un comportement éthique dans leurs pratiques financières ou de gestion (89% tout à fait ou plutôt d’accord) et à la priorité aujourd’hui en France de sauver l’industrie pour éviter les délocalisations, les fermetures d’usine ou le chômage technique (86%). Un très fort consensus existe également (73% des opinions) sur la nécessité pour l’Etat d’intervenir dans l’économie pour obliger les entreprises à mettre davantage les salariés au cœur de leurs préoccupations. La confiance est bien loin d’être revenue et les risques bien loin d’être jugulés à ce jour. Alors que seuls 10% des interviewés considèrent que le système boursier et financier est désormais sous contrôle et qu’il n’y a plus de risque de nouvel effondrement des marchés, la très grande majorité (80%) considère qu’une nouvelle régulation de l’économie est à inventer à l’échelon international. Chargée d’un grand nombre de maux, la mondialisation apparaît toutefois aussi comme une opportunité pour 52% des Français, qui considèrent qu’il s’agit d’une chance pour engager des actions concertées entre tous les pays sur le développement durable. Exposés à une crise économique et financière qui a montré les limites des modèles économiques des pays occidentaux, 9 Français sur 10 considèrent qu’il est temps aujourd’hui de réformer, voire de repenser les modèles économiques. L’encadrement par des règles nouvelles pour éviter les excès est la solution privilégiée par le plus grand nombre (59%), alors que certains se montrent plus radicaux en considérant que les modèles économiques doivent être remis en question, repensés totalement (31%). Au final, les mises en garde de plus en plus répétées sur la nécessaire gestion des ressources naturelles ainsi que la crise économique et financière ont dopé la prise de conscience des Français sur la problématique du développement durable, en mettant le doigt sur la question économique et sociale qui lui est étroitement liée. Si des freins demeurent, il est incontestable que les comportements individuels sont en train de changer, la crise pousse à consommer différemment et les gestes en faveur de la planète deviennent plus partagés et plus quotidiens.

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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