Sud-Ouest, publiait dans son édition Béarn du 7 février et sur une double page le 8 février, des article sur l’offensive OGM : la demande serait si forte de la part des agriculteurs que cette année , on pourrait avoir 50 000 hectares cultivés en OGM, en France. « Christian Pees, Président d’Euralis, nous dit Sud Ouest, n’est pas homme à mâcher ses mots. « On a des problèmes alimentaires sur la planète. Il faut donc savoir si l’on retient l’innovation ou pas ».
Une fois encore les partisans des OGM utilisent cet argument ignoble de la faim dans le monde ! Pourtant, tout le monde sait qu’aujourd’hui, 80% des OGM produits dans le monde servent à alimenter les … animaux d’élevage des pays riches ! Très peu de variétés OGM sont autorisées à la consommation humaine et le coton, l’autre grande production transgénique est peu comestible. Il s’agit d’un argument grossier, pourtant il est publié sans aucun commentaire, sans aucun conditionnel pour souligner le manque de sérieux du propos.
D’un autre côté, si Monsieur Pees est si soucieux du bien être de l’humanité souffrante pourquoi le groupe Euralis va-t-il gaspiller des milliers de tonnes de maïs pour faire de l’éthanol dans l’usine de Lacq ? La question n’est pas posée, mais la réponse est connue : Parce que ça rapportera plus que de nourrir les pauvres !
Même si Mr Prees nous explique qu’il y a « une demande pressante des agriculteurs pour cultiver des OGM », les vraies raisons de l’offensive d’Euralis (et plus discrètement Maïsadour) ne sont peut-être pas à chercher en France. Lorsqu’on examine le bilan des cultures OGM dans le monde, on se pose la question : Et si la filière OGM était économiquement en difficulté ?
Le Brésil et le Paraguay ont connu des aléas climatiques qui ont fait beaucoup souffrir le soja OGM. En effet, ce soja résiste beaucoup moins bien à la sécheresse que les variétés traditionnelles et les pertes pour les agriculteurs ont été très importantes, de 60 à 90% dans certaines zones du Paraguay ! La production de soja est en plein marasme, à tel point, que Monsanto a dû réduire ses droits sur les plantes GM dans ces deux pays. En Afrique du Sud, des milliers de petits paysans se sont endettés pour acheter des semences GM. Lorsque les rendements ne furent pas au rendez-vous, les petits producteurs furent ruinés. Le gouvernement sud-africain, un des plus favorables aux OGM, a mis en place un moratoire sur le coton GM pour analyser la situation. En Inde, les gouvernements de 7 états cotonniers intentent, depuis 2006, un procès contre Monsanto, l’accusant de réclamer des redevances excessives sur son coton Bt. Les faibles rendements de ce coton qui ont poussé des petits paysans à la ruine et au suicide, ne sont certainement pas étrangers à cette démarche. En Indonésie, le coton Bt a été un échec lamentable et Monsanto a abandonné la commercialisation dans ce pays. Autant de pays où l’argent ne rentre plus comme prévu…
En Chine et aux Etats-Unis d’autre part, les problèmes de résistance s’accumulent et s’aggravent. Comme tous les spécialistes des insectes l’avaient prévu, le coton Bt est aujourd’hui en proie aux attaques de ravageurs qui ne craignent plus le Bt. En Chine, dans les 5 régions productrices de coton, les rendements baissent, mais par contre la quantité de produits chimiques utilisés a été multipliée par 15 et même par 20 dans certains endroits ! Aux Etats-Unis, l’apparition de nombreuses herbes résistantes aux RoundUp provoque une augmentation des coûts et même le Ministère de l’Agriculture vient de reconnaître que « l’adoption du maïs Bt avait eu une incidence négative sur les recettes des exploitations spécialisées dans le maïs ». Ce même ministère écrivait toujours dans son rapport d’avril 2006 : « Les produits GM disponibles à l’heure actuelle ne dépassent pas le potentiel de rendement d’une variété hybride ».
Monsanto possède les brevets des traits génétiques de 90% des variétés d’OGM vendus dans le monde mais les cultures d’OGM connaissent des problèmes en Amérique, en Afrique, en Asie. On comprend donc toute l’importance de l’ouverture du marché en Europe ! La direction de Monsanto a d’ailleurs annoncé comme objectif à ses investisseurs, de contrôler l’ensemble du marché européen du maïs d’ici 3 ans ! De quoi peut-être remonter le moral à ses actionnaires… En attendant, les pressions se font toujours plus fortes sur nos dirigeants européens et nationaux et on comprend mieux la stratégie de firmes comme Euralis qui préparent le terrain…
Pour finir, un rappel important. En Allemagne, sous la Ministre de l’Agriculture, la Verte, Mme Kuhnast, le soutien à l’agriculture biologique a créé 150 000 emplois, à comparer aux milliers d’emplois que perd chaque année, le « modèle » agricole français ! Si on laisse faire l’introduction des OGM en France, cela signera rapidement l’arrêt de mort de l’agriculture biologique car, comme tout le monde le sait, la contamination est inévitable. Pour les semenciers et les chimistes comme Euralis et Monsanto, ce qui importe, ce n’est pas le nombre d’agriculteurs, mais le chiffre d’affaires. D’ailleurs, derrière les OGM, c’est le modèle nord-américain avec ses exploitations de plusieurs centaines ou milliers d’hectares qui se profile…
C’est à nous tous, citoyens de ce pays, de décider de l’agriculture que nous voulons, car la création de milliers d’emplois ne concerne pas que le secteur agricole mais l’ensemble de la société. Favoriser les OGM, c’est favoriser les intérêts d’une minorité contre l’intérêt général. Et n’en déplaise à Mr Prees, la VRAIE innovation pour l’agriculture française qui depuis des décennies perd des dizaines de milliers d’emplois, ce serait d’enfin en créer !
Source : Les Amis de la Terre – Christian Berdot
OGM et pesticides : la catastrophe Argentine !
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