Depuis 2018, nous sommes plus de 30 000 étudiants à avoir signé le Manifeste Étudiant pour un Réveil Écologique exprimant ainsi notre volonté de “prendre notre avenir en main” en intégrant dans notre quotidien et nos métiers les enjeux écologiques et en appelant au réveil la société. Le succès du Manifeste a ouvert un espace de dialogue inédit entre les étudiants et les décideurs politiques et économiques. Nous, étudiants à l’initiative du Manifeste, nous sommes rassemblés au sein du collectif Pour un réveil écologique pour porter le plus loin possible la voix des signataires. Nous nous sommes engagés sur deux sujets : les formations et le choix d’un emploi, des domaines sur lesquels nous pouvons agir directement en tant qu’étudiants.
Manifeste Pour un Réveil Écologique
Nous, étudiants et jeunes diplômés, faisons le constat suivant : malgré les multiples appels de la communauté scientifique, malgré les changements irréversibles d’ores-et-déjà observés à travers le monde, nos sociétés continuent leur trajectoire vers une catastrophe environnementale et humaine. Faut-il le rappeler ? Chacune des trois dernières décennies a été plus chaude que la précédente et que toutes les autres décennies depuis 1850[I]. En cette année 2018, même les pays scandinaves ont été touchés par des feux de forêts d’une ampleur inhabituelle[II]. Aujourd’hui déjà, 60% des espèces en Europe sont en situation de conservation défavorable[III] et le tiers de l’humanité est touché par la désertification des sols[IV]. Du fait de l’augmentation de la fréquence des événements climatiques extrêmes, de la baisse des rendements agricoles et de la recrudescence des maladies, plus de 100 millions de personnes risquent de passer sous le seuil de pauvreté d’ici 2030[V]. D’ici 2050, 250 millions de personnes devraient se déplacer suite à des événements extrêmes liés au changement climatique[VI]. La liste est longue alors essayons de faire court : nous avons, à l’échelle mondiale, franchi au moins 4 des 9 “limites planétaires”[VII] au-delà desquelles les dégradations environnementales risquent de provoquer des changements brutaux du système-Terre, compromettant la poursuite des activités humaines. Faudra-t-il attendre que toutes les limites soient franchies avant que nous ne réagissions ? Certes, lors de la COP21 en 2015, 195 pays, appuyés par des groupements d’experts et des ONG, se sont accordés, sans pour autant se contraindre, quant à la nécessité de contenir le réchauffement climatique à moins de 2 °C pour ne pas risquer un emballement incontrôlable du climat. Mais étant donné l’écart[VIII] entre les engagements chiffrés des États et les réductions nécessaires d’émissions, nous constatons avec frustration que les actions proposées sont fondamentalement insuffisantes au regard des défis qui se présentent à nous. Insuffisantes, car elles ne permettent pas de traiter les causes profondes du problème. Le fonctionnement actuel de nos sociétés modernes, fondé sur la croissance du PIB sans réelle considération des manques de cet indicateur, est responsable au premier chef des problèmes environnementaux et des crises sociales qui en découlent. Nos systèmes économiques n’ont toujours pas intégré la finitude des ressources[IX] ni l’irréversibilité de certaines dégradations écologiques ; ils ignorent jusqu’à leur propre fragilité face aux dérèglements environnementaux et au creusement des inégalités. Nos systèmes politiques, contraints par l’expression d’intérêts contradictoires souvent éloignés de l’intérêt général, peinent à proposer une vision à long terme et à prendre des décisions ambitieuses effectives pour un renouveau de société. Nos systèmes idéologiques, enfin, valorisent des comportements individualistes de recherche du profit et de consommation sans limite, nous conduisant à considérer comme « normaux » des modes de vie pourtant loin d’être soutenables. Nous nous bornons au mieux à l’ignorance, au pire au déni. Nous, signataires de ce manifeste, sommes pourtant convaincus que ce sombre tableau n’est pas une fatalité. Deux options s’offrent aujourd’hui à nous : poursuivre la trajectoire destructrice de nos sociétés, se contenter de l’engagement d’une minorité de personnes et en attendre les conséquences ; ou bien prendre notre avenir en main en décidant collectivement d’anticiper et d’inclure dans notre quotidien et nos métiers une ambition sociale et environnementale, afin de changer de cap et ne pas finir dans l’impasse. L’avantage de la première option est sa facilité, puisqu’il s’agit de ne rien changer, ou bien de continuer à opérer des changements superficiels. Il faudrait alors que les jeunes que nous sommes observent, tout au long de leur vie, la machine s’essouffler sans réagir ? Nous refusons qu’il en soit ainsi. Nous sommes de plus en plus nombreux à penser qu’un changement radical de trajectoire est aujourd’hui l’option qui nous offre les perspectives d’avenir les plus épanouissantes. Même si nous disposons peut-être d’un répit avant que nos pays riches et tempérés ne subissent de graves dommages dus aux problèmes environnementaux, nous refusons que ce délai soit un prétexte à l’inaction, en particulier quand d’autres souffrent déjà des conséquences de notre modèle de développement. Un Français moyen fait en effet partie des 3% les plus riches de la planète, et près de trois planètes seraient nécessaires à la généralisation de son mode de vie à l’échelle du globe[X]. Nous bénéficions actuellement de ces injustices, et en serons d’autant plus responsables si nous ne nous engageons pas dès maintenant à les combattre. Face à l’ampleur du défi, nous avons conscience que les engagements individuels, bien que louables, ne suffiront pas. En effet, à quoi cela rime-t-il de se déplacer à vélo, quand on travaille par ailleurs pour une entreprise dont l’activité contribue à l’accélération du changement climatique ou de l’épuisement des ressources ? Au fur et à mesure que nous nous approchons de notre premier emploi, nous nous apercevons que le système dont nous faisons partie nous oriente vers des postes souvent incompatibles avec le fruit de nos réflexions et nous enferme dans des contradictions quotidiennes. Nous sommes déterminés, mais ne pouvons pas agir seuls : nous ne pourrons surmonter ces contradictions qu’avec l’implication active des décideurs économiques et politiques, dont le seul objectif doit être de servir durablement l’intérêt général. Nous, futurs travailleurs, sommes prêts à questionner notre zone de confort pour que la société change profondément. Nous souhaitons profiter de la marge d’action dont nous bénéficions en tant qu’étudiants en nous tournant vers les employeurs que nous estimerons en accord avec nos revendications exprimées dans ce manifeste. Nous affirmons qu’il est possible de bien vivre sans sombrer ni dans l’ultra-consommation ni dans le dénuement total ; que l’économie doit être consciente de sa dépendance à son environnement pour être pérenne ; et que la réponse aux problèmes environnementaux est cruciale pour la réduction des inégalités et des risques de conflits. La société que nous voulons n’est pas une société plus dure, plus triste, de privation subie ; c’est une société plus sereine, plus agréable, de ralentissement choisi. En effet, le ralentissement des destructions causées par notre modèle économique n’est pas incompatible avec le bien-être humain, au contraire. C’est pour toutes ces raisons que les entreprises doivent accepter de placer les logiques écologiques au cœur de leur organisation et de leurs activités. En tant que citoyens, en tant que consommateurs, en tant que travailleurs, nous affirmons donc dans ce manifeste notre détermination à changer un système économique en lequel nous ne croyons plus. Nous sommes conscients que cela impliquera un changement de nos modes de vie, car cela est nécessaire : il est grand temps de prendre les mesures qui s’imposent et de cesser de vivre au-dessus de nos moyens, à crédit de la planète[XI], des autres peuples et des générations futures. Nous avons besoin d’un nouvel objectif que celui du maintien à tout prix de notre capacité à consommer des biens et des services dont nous pourrions nous passer. Nous devons placer la transition écologique au cœur de notre projet de société. Pour y parvenir, un élan collectif doit naître. Et puisque l’ampleur du chantier nécessite toutes les énergies, nous sommes prêts à mobiliser la nôtre, avec enthousiasme et détermination. Nous souhaitons, par notre mobilisation, inciter tous les acteurs de la société – les pouvoirs publics, les entreprises, les particuliers et les associations – à jouer leur rôle dans cette grande transformation et à mener les changements nécessaires vers une société enfin soutenable. – Signer le Manifeste Signer ce texte, à quoi ça sert ? Pour toi, à prendre acte une bonne fois pour toutes que les problèmes énoncés sont réels, et que tu veux réfléchir à ton rôle dans leur résolution. Pour nous, étudiants, à générer un élan collectif pour que ceux qui agissent ne soient plus minoritaires. Pour les autres, à montrer que les étudiants sont conscients de ces problèmes, savent identifier leurs causes, et sont mobilisés pour agir. Si tu es resté·e sur ta faim en termes d’actions concrètes, c’est normal. Si ce n’est pas déjà fait, tu peux aller visiter notre site. A toi d’explorer, mais avant tout, tu peux signer !Comment concrétiser les engagements pris en signant le Manifeste ?
Le passage à l’action Après un an de réflexion et d’échanges avec des entreprises, des acteurs publics, des grandes écoles, des universités et de nombreux experts, nous pouvons enfin passer à l’action. Le collectif Pour un réveil écologique propose ainsi des outils concrets pour aider les étudiants à mobiliser leurs écoles et universités pour mieux se former sur les questions écologiques et aider les jeunes diplômés à choisir un employeur suffisamment engagé dans la transition.Formation et Premier emploi : le jeunes s’engagent pour un réveil écologique
Notre vision du réveil écologique
Le Manifeste Étudiant pour un Réveil Écologique lancé en septembre 2018 a trouvé un immense écho au sein de la communauté étudiante, dans un contexte de mobilisation croissante face à l’urgence écologique. Pour passer de la prise de conscience à un engagement efficace, nous voulons maintenant dégager de nos différentes expériences des leviers d’action pour faire évoluer notre société. Ce texte présente le mouvement Pour un réveil écologique, les pistes que nous proposons pour passer de la parole aux actes et, plus fondamentalement, notre vision d’une société désirable. 1 Historique et contexte Depuis septembre 2018, 30 000 étudiants de 400 établissements d’enseignement supérieur ont signé le Manifeste Étudiant pour un Réveil Écologique. Ces étudiants y expriment leur frustration face au décalage entre l’ampleur du défi environnemental et le peu d’actions engagées pour y répondre. Ils y appellent donc toute la société à prendre des mesures à la hauteur des enjeux écologiques. Le succès du Manifeste a ouvert un espace de dialogue avec les décideurs politiques et économiques, le monde associatif et les étudiants. Afin de porter plus loin l’initiative, nous, les étudiants à l’initiative du Manifeste, nous sommes rassemblés au sein d’un collectif désireux de porter le plus loin possible la voix des étudiants signataires. Nous nous sommes engagés sur deux sujets principaux : l’enseignement supérieur et l’emploi, deux domaines dont nous, étudiants et jeunes diplômés, sommes des acteurs essentiels et donc sur lesquels nous pouvons peser directement. “En tant que citoyens, en tant que consommateurs, en tant que travailleurs, nous affirmons donc dans ce manifeste notre détermination à changer un système économique en lequel nous ne croyons plus.” Enseignement supérieur Les sujets environnementaux restent marginaux dans l’enseignement supérieur, cantonnés dans des cours optionnels ou des spécialisations. L’urgence écologique va pourtant impacter et structurer tous les secteurs d’activités. Comment pouvons-nous espérer travailler à la construction d’une société compatible avec les limites planétaires si nous n’y sommes pas convenablement formés ? Comment les entreprises peuvent-elles entreprendre cette transformation avec des collaborateurs qui n’y sont pas sensibilisés ? Nous avons porté ce message auprès des ministères et des établissements de l’enseignement supérieur pour que soient intégrés des enjeux environnementaux dans l’ensemble des programmes. L’expérience tirée de ces rencontres et la collaboration avec d’autres mouvements étudiants a abouti à la construction d’outils pour aider les étudiants, à l’échelle de leur établissement, à mobiliser leur administration pour intégrer les enjeux environnementaux dans leurs formations. Emploi Le second message fort des signataires du manifeste est la volonté exprimée de choisir leur futur employeur en fonction de critères environnementaux. C’est pourquoi nous sommes allés à la rencontre de ces employeurs pour comprendre leurs perspectives et présenter nos attentes. Lors d’entretiens individuels et d’interventions à des événements (petite synthèse sur nos frises), nous avons rencontré des cadres dirigeants de plusieurs dizaines d’entreprises, principalement des directeurs Développement Durable et PDG. Ces entretiens, ainsi que l’appui d’experts, nous ont donné des clés de lecture pour différencier les entreprises qui se donnent réellement les moyens de changer de modèle de celles qui se contentent de plans de communication sans réelles ambitions. « Face à l’ampleur du défi, nous avons conscience que les engagements individuels, bien que louables, ne suffiront pas. En effet, à quoi cela rime t-il de se déplacer à vélo, quand on travaille pour une entreprise dont l’activité contribue à l’accélération du changement climatique ou de l’épuisement des ressources ?” 2 Et maintenant, que faire ? Pour toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans les mots du Manifeste et souhaitent passer de la parole aux actes, nous avons développé et regroupé sur ce site des outils destinés à réconcilier nos vies académiques et professionnelles avec nos convictions. Réveiller son école home_intro2.svg Les étudiants sont de plus en plus nombreux à se mobiliser pour que les causes, les conséquences et les potentielles solutions à la crise environnementale soient enseignées de façon plus approfondie dans le supérieur. Nous lançons donc une plateforme web développée en collaboration avec Together For Earth qui regroupe et met en contact entre eux les étudiants qui s’engagent dans leurs écoles pour transformer leur formation, en sensibilisant leur professeur, négociant avec l’administration, etc. Notre objectif est de mettre en contact ces initiatives et en partager les ressources et des retours d’expériences utiles aux autres étudiants. Réveiller son employeur home_intro3.svg “Nous souhaitons profiter de la marge d’action dont nous bénéficions en tant qu’étudiants en nous tournant vers les employeurs que nous estimons en accord avec nos revendications exprimées dans ce manifeste.” Nos rencontres nous ont permis de le confirmer : les employeurs accordent beaucoup d’importance à leur attractivité auprès de nous, les jeunes générations. Pour utiliser au mieux ce puissant levier d’influence dans un contexte d’urgence écologique, il nous paraît important d’expliciter clairement les critères écologiques qui vont déterminer nos choix professionnels. Or, en pratique, il n’est pas simple de juger la stratégie environnementale des employeurs, ni de vérifier leur sincérité. Nous proposons donc quelques clés de compréhension à garder en tête lorsque l’on postule chez une entreprise :- une grille de lecture : Comment évaluer le degré d’engagement d’une entreprise sur les enjeux environnementaux et la pertinence de sa stratégie ?
- les réponses de certaines entreprises à nos questions sur ce sujet, à lire avec des pincettes – et en jetant un coup d’œil au guide anti-greenwashing
- d’autres outils tels que le guide entretien et le guide Comment s’engager en entreprise ?
Que faire de plus ?
– La page Que faire de plus ? aborde d’autres formes d’actions quotidiennes et met à disposition des sources utiles pour s’informer et agir sur des sujets tels que l’épargne, le numérique ou l’alimentation.Sources
– [I] 5ème Rapport du GIEC sur les changements climatiques et leurs évolutions futures (2013) – [II] Sarah Sermondadaz, « Incendies en Suède : un avant-goût de ce qui attend l’Europe, prévient Jean Jouzel », Science et Avenir (23 Juillet 2018) – [III] Agence Européenne pour l’Environnement, l’Environnement en Europe : Etat et perspectives (2015) – [IV] Comité Scientifique Français de la Désertification – [V] Banque mondiale, « Plus de 100 millions d’êtres humains pourraient continuer d’échapper à la pauvreté grâce à un effor immédiat en faveur d’un développement respectueux du climat », Communiqué de presse n°2016/164/GCC (8 Novembre 2015) – [VI] ONU Info, « Climat : 250 millions de nouveau déplacés d’ici à 2050, selon le HCR » (10 Décembre 2008) – [VII] Stockholm Resilience Center – [VIII] Programme des Nations Unies pour l’Environnement, The Emissions Gap Report 2017 (31 Octobre 2017) – [IX] Donella H. Meadows, Dennis L. Meadows, Jorgen Randers et William W. Behrens III, The Limits to Growth, Universe Books (1972) – [X] Global Footprint Network – [XI] WWF, L’autre déficit de la France (2018)