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Bientôt une étiquette pour les produits sans OGM ?

Las de jouer au détective dans les rayons de supermarché pour essayer de démasquer les suspects génétiquement modifiés ? Consomm’acteurs, réjouissez vous, le Haut conseil des biotechnologies vient de statuer en faveur de la mise en place d’un étiquetage « sans OGM » sur les produits agro-alimentaires courants. La balle est désormais dans le camp des pouvoirs publics qui devront se saisir de cet avis et légiférer sur les modalités de cette initiative salutaire. Explications du WWF.

En France, sur l’ensemble du soja d’importation, qui contribue par ailleurs largement à la déforestation en Amérique du Sud, seulement 20% est tracé « Non OGM ». C’est donc par le biais de l’alimentation animale, nos troupeaux d’élevage se nourrissant essentiellement de soja transgénique, que les organismes génétiquement modifient pénètrent sur notre territoire. Or, malgré une forte mobilisation contre cette dénaturation des espèces, la majorité des consommateurs ne sait pas qu’elle mange de la viande nourrie aux OGM.

Laits, œufs, viande, crème, beurre… comment savoir si ces produits de tous les jours sont issus ou non de la filière OGM ? Jusqu’à présent, la loi de juin 2008 affirmant la liberté de produire « avec ou sans OGM » , les industriels qui fabriquaient des produits à partir d’animaux nourris aux OGM n’étaient pas obligés de le mentionner sur les étiquettes. Du coup, à moins de se plonger dans les quelques guides édités par les ONG à l’intention de ceux et celles qui en ont assez de mettre n’importe quoi dans leurs assiettes, pas moyen de distinguer les produits « naturels » de ceux dont on a manipulé le patrimoine génétique ! Un déficit de transparence préjudiciable pour les acheteurs désireux de s’alimenter sainement mais également pour les producteurs responsables dont les efforts pour développer des filières sans OGM ne sont pas valorisés.

Heureusement, le Haut conseil des biotechnologies (HCB) vient d’émettre un avis très attendu qui pourrait contribuer à réparer ce dommage. En effet, mardi 3 novembre, le Comité économique, éthique et social (CEES) de cette instance a tranché sur un sujet très polémique, préconisant un étiquetage des produits sans OGM.

Concrètement, c’est une possibilité d’étiquetage volontaire qui a été proposée pour valoriser l’absence d’OGM avec des recommandations pour trois types de produits alimentaires : les produits végétaux (ex. polenta, tofu, etc.), les produits issus d’animaux (viande, œufs, lait, etc.) et les produits issus de l’apiculture (miel, gelée royale, propolis, etc.).

Pour se faire tatouer la mention « sans OGM », les produits végétaux ne doivent pas contenir plus de 0,1% d’OGM. A l’heure actuelle, en vertu d’une note de la DGCCRF (Direction Régionale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) ne peuvent être étiquetés « sans OGM » que les produits qui garantissent une présence d’OGM inférieure au seuil de détection (0,01%). Le seuil proposé par l’avis est donc plus élevé que le seuil très strict actuellement en vigueur mais, selon le HCB, il correspond à « une définition techniquement réalisable et socialement acceptable ».

Pour les produits issus d’animaux, le HCB propose une mention « nourri sans aliments OGM » si et seulement si le bétail n’a pas absorbé plus de 0,1% d’aliments génétiquement modifiés. Toutefois, désireux de ne pas léser ceux qui, n’ayant pas tout à fait satisfait aux exigences requises ont tout de même refusé le système du « tout OGM », le Haut conseil recommande la mise en place d’un étiquetage spécifique pour la « zone grise » comprise entre 0,1 et 0,9% de présence d’ADN transgénique. Cette possibilité permettrait aux opérateurs de valoriser leurs efforts, tant que l’Union européenne ne sera pas autonome en matière de production de protéines pour l’alimentation animale », précise l’avis. En effet, à l’heure actuelle, les élevages français sont très fortement dépendants des importations de soja en provenance du continent américain, lequel est certifié « non OGM » en dessous de 0,9% de présence d’organismes génétiquement modifiés.

Mais l’avis précise deux points importants. Tout d’abord, cet étiquetage devra être distinct de l’étiquetage « nourri sans aliment OGM » afin d’induire le moins de confusion possible dans l’esprit des consommateurs. Par ailleurs, un plan de progrès permettant d’obtenir un seuil significativement plus bas devrait être mis en œuvre dès la mise en place de cet étiquetage » afin que le 0,9% ne deviennent pas une norme intangible.

Le WWF-France accueille cette nouvelle avec enthousiasme car il estime que, même si cet avis autorise la coexistence des filières et permet ainsi une potentielle contamination, il s’agit d’une décision réaliste et nécessaire… générant un double bénéfice. Non seulement grâce à ce dispositif les consommateurs n’absorberont plus d’OGM à leur insu, mais le procédé contribuera également à pérenniser les filières ayant banni les manipulations d’ADN. Pourvu que l’Etat se saisisse rapidement de cet avis et légifère sans tarder par voie règlementaire sur les étiquetages proposés car le WWF-France se permet de rappeler à quel point la situation est préoccupante en Amérique du Sud, la majorité des productions de soja ayant déjà été génétiquement modifiée…

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