A quoi servent les pauvres ? C’est par cette curieuse entrée en matière que les sociologues Serge Paugaum et Nicolas Duvoux entament leur conversation passionnante sur « la régulation des pauvres ». Cet échange ne se limite pas à la fonction économique de la pauvreté, mais s’interroge sur sa fonction morale et culturelle.
– Présentation par l’éditeur : La sociologie fait la chasse aux mythes en expliquant sur quoi ils reposent et l’étude du traitement de la pauvreté n’échappe pas à cette règle. Ce livre se présente sous la forme d’un long entretien entre deux sociologues qui ont soutenu, à vingt ans d’intervalle, une thèse sur le thème de la pauvreté. Celle de Serge Paugam, La disqualification sociale, a été réalisée à partir d’une enquête sur les pauvres à Saint-Brieuc. Dirigée par Serge Paugam, celle de Nicolas Duvoux, L’injonction à l’autonomie, traite des politiques d’insertion à partir d’une enquête réalisée en région parisienne.
Cette réflexion croisée analyse les transformations des politiques sociales durant ces vingt dernières années et porte un regard critique sur le processus d’accumulation du savoir sur la pauvreté. Certes, les sociologues ne sont pas les seuls à contribuer à cette connaissance mais par des études distanciées ils aident à mieux saisir le rapport d’interdépendance entre les pauvres, les institutions et les autres franges de la population. Cet ouvrage est aussi un témoignage militant sur la pratique de la sociologie dans le domaine de la pauvreté.
– A propos des auteurs : Serge PAUGAM est directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS. Il dirige aux PUF la collection « Le lien social » et a publié de nombreux ouvrages sur les évolutions sociales en France et en Europe. Nicolas DUVOUX, docteur de l’EHESS, enseigne à l’Université Charles De Gaulle – Lille III et à l’EHESS. Il est également rédacteur en chef du site « La vie des idées ».
– Critique : « Tout le monde sait que les pauvres sont à la fois une figure repoussoir et un tremplin pour les éducateurs du genre humain. Qu’ils soient des allocataires du RMI, des personnes âgées vivant au-dessous du seuil de pauvreté, des exclus en rupture de liens sociaux, les pauvres revêtent toujours les habits de la disqualification sociale. Car, entre les salariés protégés et les travailleurs précaires assistés, il y a un gouffre. « On officialise ainsi l’abandon de la notion de plein-emploi, remplacée de façon manifeste par celle de pleine-activité. » Avec le RSA, les pauvres, selon les auteurs, deviendront des salariés de seconde zone. Voilà à quoi ils servent. » Philippe Petit (Marianne N°608).