France 5 et France Info proposent dimanche 30 novembre à partir de 16h30 une émission spéciale autour de la situation économique et financière de la France et sur sa capacité à anticiper une éventuelle faillite. A travers un documentaire-fiction d’anticipation et un débat en plateau, France 5 veut spectaculariser, pour le rendre accessible, un problème économique complexe. Elle risque fort de rater sa mission pédagogique. Nous vous expliquons pourquoi.
16h30 : documentaire-fiction : « 2017, chronique d’une faillite annoncée »
Synopsis : Nous sommes en 2017. Depuis plus de dix ans, les cassandres de tous ordres tirent la sonnette d’alarme : la France vit au-dessus de ses moyens ! Les politiques budgétaires menées par les gouvernements successifs ont creusé le déficit et accru la dette. Nicolas, journaliste de RTW, journal plurimédia, vient d’apprendre par un informateur que la note économique de la France, proposée par une des agences de notation mondiales, passera de AAA à BBB. Conséquence de la dégradation de cette note économique : plus aucune banque, aucun investisseur, aucun Français ne voudra prêter de l’argent à l’Etat français. Celui-ci ne pourra plus faire face à ses dépenses journalières et se déclarera en cessation de paiement, encadré dorénavant par le FMI et l’Union européenne. Il ne pourra plus payer les retraites, les salaires de ses fonctionnaires, les remboursements médicaux. L’Etat devra aussi vendre des hôpitaux, des universités, des écoles… Entretiens fictifs avec des experts de grandes institutions internationales, rendez-vous avec des informateurs secrets dans le sous-sol d’un parking ou dans une cantine chinoise, interviews d’économistes tels Jean-Paul Fitoussi, Christian Saint-Etienne, Thomas Philippon… ce documentaire-fiction d’anticipation mêle également vraies archives d’hier (crise argentine, émeutes en Italie), images de 2008 devenues archives de demain et vraie fiction de 2017 pour mieux interpeller sur la réalité économique de la France aujourd’hui.17h30 : Le débat
France 5 a convié autour des présentateurs Claire Fournier et Nicolas Beytout, des chroniqueurs, parmi lesquels Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération, Bruno Jeanbart, d’Opinion Way et Emmanuel Kessler, journaliste sur France Info, des décideurs politiques, des acteurs économiques clés et des analystes financiers apportent leur éclairage sur la situation économique, sociale et financière de la France. Ils tentent d’analyser les principaux enjeux qui attendent le pays, afin d’anticiper une « éventuelle faillite ». Le débat se déroulera autour de quatre thèmes : – les vrais chiffres de la dette française ; – les raisons de nos déficits chroniques ; – la France face à la crise ; – les prochains défis du pays et les réformes nécessaires pour l’avenir. Les invités confirmés – Eric Woerth : ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique. – Henri de Castries : président d’Axa. – Jean-Claude Mailly : secrétaire général de Force ouvrière. – Christian Saint-Etienne : économiste. – Jean-Paul Fitoussi : économiste. – Michel Rocard : député européen. – François Chérèque : secrétaire général de la CFDT. – Didier Migaud : président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale. – Laurence Parisot : présidente du Medef. – Michel Pébereau : Président de BNP ParibasBande-annonce
Un programme qui manque de crédit
Sophie Bourdais a décrypté cette semaine ce programme pour Télérama (N°3072 en date du 26 novembre 2008) : « Que montre 2017, chronique d’une faillite annoncée, la fiction censée lancer « la réflexion globale autour de la situation économique et financière de la France » promise par la chaîne ? » Elle répond : « Ni plus ni moins que la mise en images et en récit, via le « rêve éveillé » d’un journaliste économique baptisé… Nicolas [Beytout], de tous les discours catastrophiques tenus par la droite depuis la publication, en 2005, du non moins catastrophique rapport de Michel Pébereau. « C’est au même Nicolas Beytout qu’a été confié la présentation de cette émission. Ancien directeur des rédactions des Echos et du Figaro, actuel PDG de DI Group, le pôle média de LVMH (propriété de Bernard Arnault), sera-t-il distribuer équitablement la parole pendant le débat ? Est-ce bien le moment d’évoquer la banqueroute de l’Etat français ? Comment sera reçu ce discours alarmiste ? Notamment, écrit Sophie Bourdais, « dans un contexte où les plus virulents partisans de la liberté des marchés et de la rigueur budgétaire se mettent à parler relance et régulation. C’est peut-être çà, d’ailleurs, le principal problème de La France en faillite ? Mis en chantier il y a un an, ce programme arrive sur le petit écran dans une période où c’est plutôt la réalité qui ressemble à une mauvaise et terrifiante fiction (pulvériser le système financier mondial en spéculant sur les dettes des pauvres, quel scénariste aurait osé un ressort aussi énorme ?). Du coup, elle risque de paraître non seulement orientée, mais surtout à côté de la plaque. » Dans tous les cas, il faut se garder du vertige des mots, comme celui de faillite. Ces remarques étant faites, cela ne doit pas complètement disqualifier la réflexion que justifie ce récit d’une catastrophe qui ne devra jamais avoir lieu, mais qui devrait inciter à la prudence et à la sincérité ceux qui se sentent capables de nous gouverner.