Dans l'actualité :

Pour un séjour de vacances, quel est l’impact de nos choix d’hébergement et de transport ?

Nuit à l’hôtel, en résidence secondaire, en location saisonnière...

Du champ à l’assiette, quelle est l’impact de notre alimentation ?

Du champ à l’assiette, nos habitudes alimentaires ont un...

Économies d’énergie dans une maison : comment la rénovation énergétique peut tout changer

Alors que nos factures d'énergie grimpent et que le...
Pacte mondial de l’ONU Réseau France

Comprendre les enjeux du développement durable grâce au Réseau France du Pacte mondial de l’ONU

Un nouveau contexte pour la durabilité selon Nils Pedersen Délégué général du Pacte mondial de l’ONU Réseau France

En 2025, l’objectif du Pacte mondial de l’ONU – Réseau France reste clair : accompagner les entreprises dans leur transformation, en reconnaissant la complexité des défis, mais en offrant des solutions concrètes et ambitieuses. Nils Pedersen, Délégué général du Pacte mondial de l’ONU – Réseau France, nous présente un nouveau contexte pour la durabilité.

Un nouveau contexte pour la durabilité

Depuis le lancement du Pacte mondial en 2000, la notion de développement durable s’est largement diffusée au sein du secteur privé – toutes les grandes entreprises disposent désormais d’une Direction du développement durable / Responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

La connaissance des Objectifs de développement durable (ODD) est forte, selon les résultats du Baromètre européen des ODD 2024, puisqu’une majorité significative des entreprises interrogées (96 %) connaissent les ODD, dont la plupart manière approfondie (69 %). Seuls 4 % des interrogées ne connaissaient pas les ODD avant de recevoir le questionnaire.

BAROMÈTRE EUROPÉEN DES ODD

Le changement climatique, la perte de biodiversité, la raréfaction des ressources, ou encore la nécessité de sortir des énergies fossiles sont désormais largement documentés par la science et reconnus par l’opinion publique, malgré quelques résistances.

Par ailleurs, le débat médiatique aborde régulièrement des thèmes comme, le « greenwashing », ou l’ « ODD-washing », qui désignent des communications trompeuses sur des pratiques écologiques. De plus en plus, notamment outre-Atlantique, fleurissent « l’ESG bashing » et la « SDG fatigue », traduisant une remise en question des efforts en matière de développement durable et de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Bien que les métiers de Directeur du développement durable soient largement établis, la société dans son ensemble se heurte encore à la réalité et à la complexité de ces enjeux, qui sont loin d’être simples ou binaires.

Une évolution des réglementations pour transformer l’économie

Si le Pacte mondial relevait d’une initiative pionnière lors de son lancement il y a 25 ans, force est de constater que la réglementation a fortement évolué, bouleversant le sens donné aux engagements volontaires au regard des nouvelles exigences. Les entreprises sont aujourd’hui forcées d’intégrer une nouvelle « ère de la donnée » et de transparence, alors même que la « Communication sur le Progrès » (CoP) constituait le socle central du Pacte mondial pour la communication des engagements de ses membres.

Pour autant, le reporting dans son ensemble ne constitue en aucun cas une dynamique de transformation, qui est à l’inverse le cœur de la stratégie du Pacte mondial, mais plutôt une photographie de ce qu’a réalisé l’entreprise.

L’enjeu central pour le secteur privé n’est plus de communiquer sur ce qu’il fait (ou va faire), mais de démontrer les résultats concrets obtenus pour répondre aux impératifs réglementaires et aux attentes de l’ensemble de ses parties prenantes.

Il s’agit donc de passer de la communication sur la méthode à celle des résultats.

En outre, si le Pacte vert européen (Green Deal) – et l’ensemble de ses déclinaisons opérationnelles – reste un défi à la fois pour les entreprises et le Pacte mondial, la finalité de l’initiative onusienne n’est pas remise en cause : un engagement volontaire à respecter un socle de valeur partagées (les Dix Principes), à l’échelle internationale, qui inclut le respect de l’Accord de Paris et la mise en œuvre de l’Agenda 2030 (les 17 ODD).

Loin d’être dépassé, le Pacte mondial des Nations Unies reste donc le principal cadre volontaire d’engagement universel et inclusif, qui permet à ses entreprises membres de transformer leur modèle d’affaires et d’en mesurer la mise en œuvre, tout en se comparant à ses pairs et ses concurrents.

Plus que jamais, l’entreprise doit être responsable de ses actes et anticiper son avenir, dans un monde bouleversé climatiquement, socialement, économiquement et politiquement.

Un contexte géopolitique incertain

Ce contexte économique et géopolitique vient dorénavant troubler le quotidien des entreprises – bien loin der ce que nous avons connu avec la crise de la covid – car, instable, il n’offre qu’une visibilité à moyen terme incertaine. La récente élection américaine accentue davantage les divergences entre les États-Unis et l’Europe en matière de durabilité, mettant en lumière des approches contrastées face aux défis globaux et aux priorités économiques.

Selon une étude du cabinet de conseil PwC, 45 % des chefs d’entreprises ne pensent pas que leur entreprise sera viable dans dix ans. L’Union européenne n’est pas équipée pour réagir face à l’antagonisme né du rejet par une partie de l’opinion publique américaine de la notion d’ESG, de la volonté de déréguler massivement des pans entiers de la société et de l’économie du pays, du protectionnisme agressif et de la défense d’un « modèle américain ».

Le rapport Draghi sur la compétitivité alerte également sur les défis pour l’UE de ne pas renoncer face au reste du monde – alors même que notre continent se veut le champion de la décarbonation et des modèles sociaux de pointe. Or, paradoxalement, l’économie mondiale n’a jamais été aussi ancrée dans une dépendance mondiale, comme l’illustrent les chaînes de valeurs.

Aucun pays ne produit en auto-suffisance ; la rupture des chaînes d’approvisionnement pendant la crise Covid a mis cette dépendance à nu sans pour autant que la relocalisation des chaînes de valeur n’ait massivement eu lieu depuis malgré une prise en compte de cette fragilité.

Ce qui se dessine en filigrane n’est donc plus la pérennité des entreprises, mais bien celui de notre contrat social. Si nos concitoyens sont laissés de côté (ou expriment cette crainte), alors la nature même des conditions du vivre-ensemble est mise en danger (à l’image du mouvement des « gilets jaunes »).

La mondialisation des années 1990 est le reflet d’une promesse heureuse de bien-être qui n’a été que partiellement réalisée. Elle se retourne aujourd’hui contre elle-même, avec le risque d’emporter avec elle tous ses bienfaits, en accentuant la fragmentation du monde et le retour des récits nationaux conservateurs.

Tant que le grand public (et aussi une partie du secteur privé) peine à accepter la vitesse à laquelle on lui demande de changer de mode de vie – et surtout qu’il en perçoive ses propres bénéfices – il ne pourra que légitimement exprimer et manifester ses vives inquiétudes.

Cette dynamique permet à de nombreux démagogues et populistes de faire perdurer l’idée que ces enjeux et défis complexes peuvent être résolus par des réponses simplistes, alors même que des facteurs structurels objectifs, comme l’appauvrissement des classes populaires, la poussée des inégalités, la baisse de confiance dans l’État ou l’explosion de la dette, doivent être considérés.


Parcours PME Durable : 2 h pour comprendre les enjeux du développement durable grâce au Réseau France du Pacte mondial de l’ONU

Face aux défis environnementaux et sociaux, les PME jouent un rôle clé dans la transformation vers un avenir durable. Avec Parcours PME durable, nous leur offrons un outil simple et concret pour intégrer la RSE à leur stratégie. Conçu avec des PME engagées, ce programme s’inscrit dans notre ambition collective de bâtir un avenir inclusif, juste et durable.

Nils Pedersen, Délégué général du Pacte mondial de l’ONU – Réseau France

Une réaffirmation du rôle central du développement durable

Certes, seules 17 % des cibles des ODD sont aujourd’hui sur la bonne trajectoire pour être atteintes. Mais le constat est donc sans appel : notre avenir est commun à tous.

C’est pourquoi l’ONU a réaffirmé le rôle irremplaçable du multilatéralisme, mais aussi celui de l’Agenda 2030, lors du Sommet de l’avenir en septembre 2024, qui a abouti au « Pacte pour l’avenir ». La ligne directrice de ce Pacte est ainsi de refonder le contrat social entre gouvernements et citoyens, et plus largement avec la société civile et le secteur privé.

Depuis 2015, les ODD constituent la colonne vertébrale de l’ensemble des politiques de l’ONU et de ses différentes agences et initiatives, dont le Pacte mondial (UNGC) fait partie.

Alors que leur pleine mise en œuvre d’ici leur échéance en 2030 s’éloigne, les États, les entreprises et les citoyens doivent désormais, plus que jamais, apporter des réponses opérationnelles ambitieuses. Le Sommet et le Pacte pour l’avenir ont ainsi réaffirmé le rôle incontournable que doit jouer le secteur privé pour la mise en œuvre de ces engagements.

L’évolution des métiers de la RSE

En deux décennies, les métiers de la RSE ont évolué d’une approche communication / marketing / philanthropique à une approche durable, impactante, voire financière et stratégique, avec la montée en puissance du Pacte vert.

La RSE, qui pouvait ainsi être perçue comme périphérique (voire cosmétique) au début des années 2000, relève dorénavant de compétences fortes et structurées. La fonction de Directeur du développement durable (CSO en Anglais) est aujourd’hui pleinement intégrée dans les organigrammes.

Le Directeur du développement durable est devenu un véritable chef d’orchestre. Il collecte des données, impulse des transformations au long court, dialogue avec les parties prenantes de l’entreprise, répond aux différentes réglementations, interagit avec les investisseurs – tout en répondant aux enjeux à court terme et au long terme.

Par conséquent, le métier évolue, devenant plus large, plus complexe, et souvent plus technique. Il s’appuie sur les nombreuses compétences internes ou externes de l’entreprise, là où il y a encore moins de 10 ans, le Directeur agissait relativement seul ou via une équipe restreinte.

Par ailleurs, d’autres métiers sont apparus : Directeur Climat / Environnement, Directeur Droits humains, Directeur de la compliance… Cependant, ce qui est vrai au sein des Grands groupes ne s’observent pas encore dans les ETI ou les PME. La fonction se fragmente de plus en plus pour les premiers, tandis qu’elle reste encore l’apanage des Chefs d’entreprises pour les seconds.

C’est à ces dichotomies et paradoxes que doit répondre le Pacte mondial et son réseau français, alors même que les enjeux n’ont jamais été aussi pressants.

Par ailleurs, si le débat public français est relativement bien sensibilisé aux enjeux climatiques, d’autres sujets sont encore mal compris par de nombreuses entreprises, comme la biodiversité, la circularité, la diversité et inclusion ou encore les droits humains.

Enfin, si le consommateur se montre sensible aux enjeux du développement durable, la « variable prix » reste importante dans sa dynamique d’achat et ce, d’autant plus dans un contexte inflationniste.

Aussi, si la transformation de l’entreprise devient un impératif économique, il n’est pas si aisé d’en répercuter les coûts sur les biens et services vendus, alors même que les risques de réputation n’ont jamais été aussi élevés dans une société connectée.

Le développement durable : une opportunité à ne surtout pas abandonner

Le Pacte mondial des Nations Unies porte la conviction de la nécessité de ses outils et contenus. Les retours de ses membres confrontés à la CSRD démontrent qu’un usage régulier de ces ressources favorise une compréhension des nouveaux enjeux de reporting, et tout particulièrement de la « double matérialité ».

Le Pacte mondial constitue de fait un accélérateur aux différents reporting, mais, plus globalement, à la performance de l’entreprise, dès lors que la durabilité est pleinement intégrée à la stratégie et à la culture de l’entreprise. La collecte des données sur l’ensemble des échelles territoriales, leur compréhension partagée et leur contrôle sont autant d’enjeux nouveaux auxquels le Pacte peut répondre pour amener l’entreprise à se transformer.

La Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), en vigueur depuis le 1er janvier 2024, impose une approche décloisonnée de la RSE, tant dans le fonctionnement interne de l’entreprise, que dans les sujets traités. L’approche transversale des sujets ESG s’inscrit dans l’atteinte des 17 ODD.

L’implication des parties prenantes vient également bouleverser la pratique de la RSE et nécessite de nouveaux savoirs. Aussi, la pratique démontre que les entreprises les plus engagées au sein du Pacte mondial sont celles qui sont les plus à l’aise en matière de RSE.

Une étude Ecovadis souligne par ailleurs que si les membres de l’initiative ne représentent que 15 % à 20 % des entreprises en portefeuille, elles sont plus de la moitié à figurer dans les meilleurs palmarès en matière de pratique durables.

Le Pacte mondial de l’ONU – Réseau France se tient plus que jamais aux côtés des entreprises pour les accompagner dans cette transformation. Celle-ci est bien évidemment complexe, mais toujours plus nécessaire. Nous devons être collectivement au rendez-vous de ce tournant de l’histoire.

Nils Pedersen
Délégué général du Pacte mondial de l’ONU
Réseau France

A lire

Comment mieux parler d’écologie ? Ce que nous dit la recherche

"Parler d’écologie, c’est bien. Être écouté, c’est mieux". Dans...

Comment mobiliser la société grâce au prisme de l’imaginaire ?

« Les récits qui nous paralysent sont ceux qui...

170 actions pour lutter contre le changement climatique

Parce que "nos actions pour sauver la planète ne...

Newsletter

spot_img

Sur Cdurable

Pour un séjour de vacances, quel est l’impact de nos choix d’hébergement et de transport ?

Nuit à l’hôtel, en résidence secondaire, en location saisonnière...

Du champ à l’assiette, quelle est l’impact de notre alimentation ?

Du champ à l’assiette, nos habitudes alimentaires ont un...

La nature développe l’empathie, un pilier indispensable pour bâtir une société bienveillante et harmonieuse

"L'empathie doit devenir un des piliers de l'éducation pour...

Veganuary 2025 : c’est le mois de janvier pour tester le véganisme

Depuis sa création en 2014, Veganuary a inspiré et...
Cyrille Souche
Cyrille Souchehttps://cdurable.info
Directeur de la Publication Cdurable.info depuis 2005. Cdurable.info a eu 18 ans en 2023 ... L'occasion d'un nouveau départ vers un webmedia coopératif d'intérêt collectif pour recenser et partager les solutions utiles et durables pour agir et coopérer avec le vivant ...

Pour un séjour de vacances, quel est l’impact de nos choix d’hébergement et de transport ?

Nuit à l’hôtel, en résidence secondaire, en location saisonnière ou au camping : lequel de ces choix d’hébergement a le moins d’impact sur l’environnement...

Du champ à l’assiette, quelle est l’impact de notre alimentation ?

Du champ à l’assiette, nos habitudes alimentaires ont un impact non négligeable sur l’environnement : pollution de l’air, de l’eau et des sols, consommation...

Économies d’énergie dans une maison : comment la rénovation énergétique peut tout changer

Alors que nos factures d'énergie grimpent et que le climat nous lance des signaux d'alarme, une question s'impose : comment rendre nos maisons plus...