La Fabrique Ecologique rend publique sa neuvième note « La résistance française à l’écologie – L’écologie peut-elle transformer positivement le modèle français ?« , issue des travaux d’un groupe présidé par Lucile Schmid (vice-présidente de La Fabrique Ecologique). La dimension écologique est vitale pour l’économie et la société françaises. Sa place dans notre pays comporte pourtant de nombreux paradoxes. La société française est de plus en plus sensible aux enjeux environnementaux et les projets à dimension écologique se multiplient dans les territoires. Mais simultanément, les résistances françaises à l’écologie sont importantes. Pour surmonter ces résistances, deux orientations principales sont proposées. Cette nouvelle note de La Fabrique Ecologique est ouverte au débat collaboratif
SYNTHESE
La dimension écologique est vitale pour l’économie et la société françaises. Sa place dans notre pays comporte pourtant de nombreux paradoxes. La société française est de plus en plus sensible aux enjeux environnementaux. Les projets à dimension écologique se multiplient dans les territoires sous forme d’initiatives citoyennes, de programmes des collectivités locales, d’innovation des entreprises, la mobilisation se développe autour de la COP21, conférence internationale de lutte contre le réchauffement climatique aux enjeux majeurs. Mais simultanément, les résistances françaises à l’écologie sont importantes. La conception de la nature reste marquée par le rôle donné au progrès technique. L’organisation du contrat social autour de l’Etat limite le rôle des territoires et de l’expérimentation. La formation des élites françaises et les critères des décisions publiques ne prennent en compte les préoccupations écologiques que de manière sectorielle ou secondaire. L’écologie est toujours perçue comme une contrainte et non une opportunité. Ces caractéristiques du modèle français rendent d’autant plus sensibles les contradictions entre la transformation du modèle économique et social que porte l’écologie (notamment sur la croissance, l’énergie, la fiscalité, l’agriculture..) et les politiques publiques menées par les différents gouvernements [[Cf – les résultats de l’étude menée par Pascal Marchand du LERASS (université de Toulouse 3) sur les discours politiques sous la Ve République]]. La faiblesse des corps intermédiaires, l’absence de culture du compromis politique, l’ambivalence française vis – à – vis des institutions européennes et plus largement de la mondialisation, les difficultés à constituer des majorités élargies dont témoignent les tensions entre les écologistes et les socialistes rendent plus difficile l’établissement d’une feuille de route ambitieuse et concrète des transitions nécessaires. Enfin les liens entre écologie, économie et entreprises, s’ils sont davantage débattus et développés aujourd’hui, restent une question où les postures l’emportent, accusations de greenwashing d’un côté, d’irréalisme de l’autre. Pour surmonter ces résistances, deux orientations principales sont proposées : – 1. Organiser une démocratie écologique concrète : portage politique sur la durée du mandat, majorités politiques élargies, simplification et multiplication des modes de consultation et de décision citoyens dans les territoires, réflexions sur la représentativité des ONG et des entreprises en tirant les leçons du Grenelle et du débat national de la transition énergétique, – 2. Multiplier les outils permettant de donner aux initiatives écologiques l’ampleur qu’elles méritent pour construire un nouveau modèle : élaboration d’outils de planification et de prospective écologique, encouragement aux expérimentations et aux innovations territoriales, formation professionnelle aux enjeux écologiques dans l’ensemble des filières et notamment celle des hauts fonctionnaires etc., et faire le lien entre vision politique et réalisations économiques et sociales. Cette note, en explorant les raisons de la résistance française à l’écologie, démontre la possibilité d‘un écologisme à la française reposant sur les capacités d’innovation sociale et économique de notre pays et une définition concrète du rôle d’un Etat stratège souvent invoqué, et rarement incarné. Cette note est issue des travaux d’un groupe de réflexion réuni dans le cadre de La Fabrique Ecologique entre décembre 2013 et décembre 2014.Signataires
- Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique Ecologique et présidente du groupe de travail
- Esther Bailleul, diplômée de l’Institut d’études politiques de Lille, co-rapporteure
- Laurent Barbezieux, consultant, Arthur D. Little
- Hélène Bédon Rouannet, responsable de la communication New Wind R&D
- Anne Chanon, consultante, Le sens commun
- Julie Cunat, attachée de groupe au CESE
- Clémence Guimont, doctorante à Sciences Po Lille, co-rapporteure
- Vincent Lidsky, haut fonctionnaire au ministère de l’Economie et des Finances
- Albert Peirano, haut fonctionnaire au ministère de l’Economie et des Finances
- Sylvain Angerand, responsable de campagne de l’ONG Les Amis de la Terre
- Jacques Archimbaud, vice-président de la Commission nationale du débat public, ancien directeur adjoint de cabinet de Cécile Duflot, Ministre du Logement et de l’Aménagement du territoire
- Delphine Batho, députée PS et ancienne Ministre de l’Ecologie
- Jean-Louis Beffa, président d’honneur et administrateur de Saint-Gobain
- Nicolas Blanc, responsable innovation et développement durable du groupe Caisse des Dépôts
- Patricia Blanc, directrice générale de la prévention des risques (DGPR) au MEDDE
- Allain Bougrain-Dubourd, président de la Ligue de Protection des Oiseaux
- François Bouvard, directeur associé senior du bureau français de McKinsey
- Daniel Boy, directeur de recherches au Centre de recherches politiques de Sciences Po
- Pascal Canfin, ancien Ministre délégué au développement
- Michel Colombier, directeur scientifique de l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI)
- Cyrille Cormier, chargé de campagne énergie et climat à Greenpeace France
- Thomas Coutrot, porte-parole d’ATTAC
- Mariette Darrigrand, sémiologue
- Damien Demailly, coordinateur du programme Nouvelle Prospérité à l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI)
- François de Rugy, co-président du groupe EELV à l’Assemblée nationale
- Jean-Luc Di Paola-Galloni, directeur du Développement Durable et des Affaires Publiques chez Valeo
- Pierre Ducret, président directeur général de CDC Climat
- Cécile Duflot, députée EELV et ancienne Ministre de l’Egalité des territoires et du Logement
- Stéphane Frioux, historien des politiques environnementales, maître de conférences d’histoire contemporaine à l’Université Lumière Lyon 2
- Arnaud Gossement, avocat associé et fondateur du cabinet Gossement avocats
- Géraud Guibert, magistrat à la Cour des comptes, président de la Fabrique Ecologique
- Julien Hardelin, chef de secteur « politiques agricoles » OCDE
- Victor Harlé, élève en scolarité à l’Ecole nationale d’administration promotion Churchill
- Dominique Hoestlandt, ancien président de l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (UNICEM)
- Vanessa Jerôme, chercheuse en sciences politiques (laboratoire TEPSIS), membre du conseil scientifique de la Fondation de l’Ecologie Politique
- Chantal Jouanno, sénatrice UDI, ancienne Ministre de l’Ecologie
- Alice Jubeau, conseillère du président en charge des relations institutionnelles et de l’action publique chez CertiNergy
- Bernard Laponche, physicien nucléaire, ancien membre du cabinet de Dominique Voynet
- Catherine Larrère, philosophe, présidente de la Fondation de l’Ecologie Politique
- Stéphane Le Moing, directeur adjoint de cabinet du ministre de l’Agriculture
- Jean Daniel Lévy, directeur du département politique & opinions chez Harris Interactive
- Yves Marignac, directeur de WISE-Paris
- Gérard Mestrallet, PDG de GDF-Suez
- Michèle Pappalardo, magistrate à la Cour des Comptes, ancienne directrice générale de l’ADEME, ancienne Commissaire générale au Développement durable
- Hélène Pelosse, inspectrice générale des finances, ancienne directrice de cabinet adjointe de Jean-Louis Borloo Ministre de l’Ecologie et du Développement durable
- Bernard Perret, ingénieur et socio-économiste
- Jean-Vincent Placé, président du groupe EELV au Sénat
- Pascal Riché, directeur adjoint de la rédaction de l’OBS
- François Roche, consultant Les Rois mages, journaliste
- Maximilien Rouer, directeur général délégué chez Greenflex
- Guillaume Sainteny, spécialiste des politiques environnementales, professeur à l’Ecole Polytechnique
- Louis Schweitzer, commissaire général à l’investissement
- Hélène Valade, directrice de la communication et du développement durable à Suez environnement
- Sophie Verney-Caillat, journaliste en charge des questions écologistes chez Rue 89
- Isabelle Veyrat-Masson, directrice de recherches au CNRS, directrice du laboratoire Communication et politique
- Edwin Zaccaï, professeur à l’Université libre de Bruxelles
- Kalypso Nicolaïdis, professeur de relations internationales à l’Université d’Oxford
SOMMAIRE
Introduction I. Un modèle français en crise, peu perméable aux enjeux écologiques – A. Mythe et réalités du modèle – B. L’écologie un problème ou une solution? – C. L’influence de l’écologie limitée par l’absence d’une culture de coalition politique II. L’écologie contre-modèle ou autre modèle Français ? – A. Une culture française marquée par l’ambivalence vis-à-vis de la nature – B. Une écologie des luttes territoriales qui résonne avec les dynamiques européenne et internationale – C. La représentation politique de l’écologie ne se réduit pas à celle d’un parti – D. Entre prise et rejet, l’écologie s’enracine néanmoins dans l’organisation gouvernementale et administrative française – E. Des politiques environnementales au milieu du gué III. Nouveau modèle Français et écologie : nouveaux processus et nouvelles manières de faire – A. Partir des pratiques sociales pour organiser les liens entre l’écologie et le modèle français – B. Des initiatives qui demandent à être étendues et généralisées – C. Les entreprises acteurs de la transition ? – D. Deux orientations pour une démarche de transformation du système Conclusion. Annexe Bibliographie indicativeTélécharger la Note
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