A l’occasion de la journée mondiale de l’environnement, et à deux semaines de l’ouverture de la Conférence des Nation unies sur le développement durable à Rio (Brésil), Les Amis de la Terre France lancent une campagne pour dénoncer les dangers de la financiarisation de la nature. Ils décryptent dans une brochure « La nature n’est pas à vendre ! », les enjeux et impacts sociaux et environnementaux de « l’économie verte », qui entend multiplier les instruments et mécanismes de marché pour « gérer » la nature et le bien-être humain. Les Amis de la Terre organisent à cette occasion de nombreuses activités en France et participeront au Sommet des Peuples à Rio, qui se tiendra en marge de la Conférence officielle des Nations unies, pour faire valoir les alternatives à cette mainmise de la finance et des multinationales sur la nature[[Juliette Renaud représentera les Amis de la Terre France à la Conférence des Nation unies sur le développement durable à Rio, et prendra part aux actions menées par la fédération internationale à Rio, du 14 au 27 juin 2012.]].
Spéculation sur les denrées alimentaires, sur l’énergie, création des marchés carbone et bientôt, de marchés incluant les forêts et des écosystèmes entiers[[Il est prévu d’inclure les forêts et même l’agriculture dans les marchés carbone au travers notamment du mécanisme REDD+. De même, il existe déjà des projets de compensation biodiversité, comme ceux mis en place en France par la Caisse des Dépôts et Consignations. Pour en savoir plus : http://www.amisdelaterre.org/Les-forets-sont-bien-plus-qu-un.html]] : les acteurs financiers s’infiltrent chaque jour un peu plus dans la sphère de la nature et du vivant, avec comme résultat une aggravation des crises écologique, climatique et sociale.
Car selon la logique financière, les « services » fournis gracieusement par la nature seraient insuffisamment reconnus, et il faudrait donc leur donner un prix. Un groupe de banques, associées au PNUE-Finance[[Branche du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, qui intègre des banques privées, et leur permet donc de faire passer leurs intérêts privés au travers d’une institution internationale qui est sensée défendre les intérêts publics.
Les Amis de la Terre International se mobilisent d’ailleurs à l’occasion de la Conférence des Nation unies sur le développement durable à Rio pour dénoncer le poids des lobbies industriels dans les négociations. Ils lancent aujourd’hui une campagne contre la capture et le contrôle des Nations unies par les multinationales, avec une pétition adressée à Ban Ki-moon. De plus, un rapport des Amis de la Terre International sera publié à l’occasion d’un side-event organisé à Rio le 21 juin. Pour en savoir plus : http://www.foei.org/en/get-involved/take-action/reclaim-the-un-from-corporate-capture]], lancent d’ailleurs à l’occasion de Rio+20 une « Déclaration sur le capital naturel », qui traduit parfaitement leur vision de la nature comme un simple capital, et leur soutien aux mécanismes poussant à la financiarisation de la nature. Tout comme les acteurs financiers, les multinationales entendent se saisir des nouvelles opportunités de cette « finance verte », qui est un moyen de continuer leurs bonnes vieilles pratiques de rentabilité tout en affichant un prétendu comportement responsable.
Juliette Renaud, chargée de campagne sur la Finance privée aux Amis de la Terre France commente : « Nous ne voulons pas de cette « économie verte » qui ne fait qu’accroître les injustices sociales et la crise écologique. Elle constitue un puissant levier pour réduire davantage la responsabilité des entreprises qui vont pouvoir contourner les législations sociales et environnementales, et s’approprier des biens naturels au détriment des communautés locales ». En effet, notamment au travers des mécanismes de compensation, les entreprises peuvent continuer à polluer ou à détruire l’environnement sans remettre en cause leurs pratiques. Le bilan désastreux des marchés carbone en est d’ailleurs la preuve : ils ont permis aux banques et multinationales de faire des profits, tandis que la crise climatique a continué à s’aggraver. De plus, les projets mis en œuvre pour obtenir des crédits carbone ont conduit à des violations des droits des communautés locales, et à de nouveaux accaparements de terres et de biens naturels.
Juliette Renaud poursuit : « Il est impératif que les Nations unies et nos gouvernements résistent aux pressions de la finance et des entreprises et mettent un frein à cette financiarisation de la nature. La priorité doit être la reconnaissance des droits des communautés et la remise en cause de nos modes de vie insoutenables. Ces communautés ont su préserver leurs territoires et les biens naturels qui s’y trouvent depuis bien longtemps et doivent donc être les acteurs centraux de leur gestion et préservation. C’est à nos sociétés de changer de mode de développement, actuellement dans l’impasse, plutôt que d’en faire subir les conséquences aux autres en niant leurs droits fondamentaux ».
Avec la publication de « La nature n’est pas à vendre ! »[[Voir document à télécharger et sommaire ci-dessous. Cette brochure est publiée en partenariat avec l’Aitec et Attac. Elle sera disponible en anglais à partir de la semaine prochaine. Pour plus d’information sur cette campagne : www.amisdelaterre.org/economieverte]] et leur participation au Sommet des Peuples à Rio, Les Amis de la Terre France entendent alerter les citoyens et les décideurs politiques sur l’écran de fumée qu’est l’économie verte, et les dangers que représente la financiarisation de la nature. Ils proposent aussi des alternatives et recommandations concrètes reposant notamment sur la gestion communautaire des biens naturels, le contrôle citoyen des grands choix de sociétés (modèle énergétique, grands projets d’infrastructure, …). Les Amis de la Terre demandent qu’aucun nouveau marché sur les biens naturels ne soit créé, et que les acteurs financiers soient exclus des marchés existants.
Contact
– Caroline Prak au 01 48 51 18 96 – Juliette Renaud au 01 48 51 18 92Sommaire de « La nature n’est pas à vendre ! »
- Une économie verte qui aggrave la crise écologique
– Les enjeux de Rio+20
– L’économie absorbée par la finance
– PNUE-Finance, multinationales, lobbying : Défendons l’indépendance de l’ONU !
- La nature, dernière lubie des financiers
– Intégrer la nature dans un marché, c’est prendre des risques inacceptables
- Planète à vendre : la finance à l’assaut de nouveaux marchés
– Marchés du carbone : droit dans le mur… mais on continue à foncer
– Le carbone, nouvelle opportunité pour Monsanto
– Les marchés de l’eau, violation d’un droit fondamental
– En Camargue, la compensation biodiversité, nouvel alibi des bétonneurs
– La compensation volontaire, une démarche complémentaire ou un sabotage des négociations ?
- L’infiltration croissante de la finance dans les marchés de biens naturels existants
- Yasuni : la promesse difficile de laisser le pétrole dans le sol
– De la dette financière à la dette écologique
- Les communautés prises en étau
– General Motors au Brésil : le prix humain des 4×4 écologiques ?
– Marchés financiers, crises et perte de pouvoir des États
- Des biens naturels gérés par les communautés
– Reconnaître les droits des peuples autochtones pour protéger les forêts
- Construire des sociétés soutenables, alliant justice sociale et écologique
– Une production décentralisée d’énergie propre, sous contrôle citoyen
Recommandations
– Télécharger les recommandations des Amis de la Terre pour s’opposer à la financiarisation de la nature – Plus d’informations sur les activités organisées par Les Amis de la Terre en France et à Rio.