Trois conseils pratiques aux gestionnaires de flottes et chefs d’entreprises qui passent à l’électrique, par : Julien Rousseau, PDG de SuiviDeFlotte, éditeur de solutions de gestion de flotte
Conseil N° 1 – Optimisez votre parc de bornes d’entreprise
On compte 212 000 bornes de recharge privées en France, soit à peu près 90% du parc total de bornes de recharge. [1] Avant de penser à l’augmenter, une entreprise doit déjà optimiser son utilisation [2] avec deux mesures très simples, la mise à jour de son référentiel de points de charge et le contrôle du bon usage des bornes par tous.
Lorsqu’on équipe son entreprise ou le domicile de ses salariés en points de charge, sur différents sites avec parfois par différents prestataires, on peut finir par s’y perdre. Il est essentiel de constituer et mettre à jour un référentiel à partager avec les conducteurs pour qu’ils privilégient l’utilisation des bornes de l’entreprise. Au-delà de la simple localisation et du nombre de bornes, on relèvera la puissance et le type de prise.
Enfin, on connait tous le désagrément des voitures ventouses dans les parkings d’entreprises qui squattent des places, on peut le revoir quelquefois avec les bornes de recharge, certains conducteurs traînant à déplacer leur véhicule alors qu’il est complètement chargé. Pour contrôler la rotation des véhicules aux bornes, des solutions toutes simples existent, pour rappeler l’usage des moyens partagés par tous, comme une simple notification envoyée aux conducteurs sitôt que leur véhicule est chargé. Personne ne pourra plus dire qu’il n’a pas vu le temps passer…
Conseil N°2 : facilitez l’autonomie en mobilité
Près de 30 000 bornes de recharges publiques sont à disposition en France, dont 6% de points de charge rapides permettant de récupérer jusqu’à 80% d’autonomie en l’espace de 20 à 30 minutes.[3] Avec un point de charge rapide tous les 70km environ, planifier de longues distances en électrique devient donc vraiment envisageable. Mais encore faut-il connaitre la géolocalisation de chaque borne bien sûr, leurs caractéristiques et leur disponibilité.
Le grand public va se débrouiller avec des appli dédiées sur Google Maps ou Chargemap.com, mais en entreprise, le responsable du parc automobile doit donner accès à ce type d’information. Les conducteurs dotés d’un véhicule électrique, devront avoir accès a minima et en permanence au nombre de bornes par station, aux types de prise disponible, à la puissance de recharge et même à la disponibilité de chaque borne en temps réel. Car on ne recharge pas sur n’importe quelle borne, sans avoir vérifier la compatibilité de la prise avec le véhicule et la puissance de recharge.
Conseil N°3 : faites le pari de l’écoconduite
Ce n’est pas parce que l’impact environnemental d’un VE est plus faible [4]qu’il faut faire l’impasse sur l’écoconduite. Veiller à adopter une conduite responsable au volant d’un véhicule électrique permet de réduire sa consommation électrique. Dans la même logique qu’avec une voiture à motorisation thermique, on doit veiller à une conduite responsable : accélération, freinage, anticipation.
De façon générale, si un VE est capable d’accélérations très soudaines, il est tout de même conseillé d’accélérer de manière progressive. On voit alors la consommation baisser très significativement. De même, l’utilisation de la climatisation et du chauffage impacte votre consommation, autant l’éviter quand l’usage ne se justifie pas.
On ne le sait bien souvent pas avant d’avoir pris soi-même le volant d’un véhicule électrique, mais on peut réduire sa consommation – et donc augmenter l’autonomie – en utilisant le freinage dit « régénératif ». Lorsqu’on lâche l’accélérateur d’un VE, la décélération peut sembler déroutante. En réalité, l’énergie dissipée lors des décélérations et des freinages est récupérée pour recharger la batterie. Il est donc nécessaire d’anticiper au maximum lors de la conduite pour profiter de ce freinage régénératif qui vous permettra de réduire la consommation et d’augmenter l’autonomie.
En entreprise, sensibiliser les conducteurs à ce genre de comportement et en percevoir l’évolution, passe par la mise en place d’outils d’écoconduite.
Grâce à la connectivité des véhicules, l’outil analyse le comportement de conduite des conducteurs. Il donne par exemple une indication précise du pourcentage de batterie récupéré grâce au freinage régénératif. L’algorithme d’écoconduite peut analyser ce qui peut être économisé grâce à une conduite plus responsable (économie d’énergie en Kilowatt-heure ou rejet de de CO2 potentiellement évité), et donner des scores au conducteur selon son « comportement électrique » – gestion de la batterie, consommation du véhicule, freinage régénératif-. Il existe même des indicateurs d’usure pour contrôler que le conducteur n’altère pas prématurément sa batterie par un mauvais usage de la recharge.
[1] Source : Avere
[2] Pour vous initier concrètement à cette transformation technologique, vous pouvez suivre nos conseils sur la WebSerie « Le moment électrique », le-moment-electrique.com
[3] Source : Avere, chiffres juillet 2020
[4] Même si cela fait encore débat, une étude récente de la Fédération européenne des Transports et de l’Environnement affirme qu’en Europe, un véhicule électrique produit, durant tout son cycle de vie, 63% de CO2 de moins que son équivalent thermique. Même dans le pire scénario – lorsque la batterie est fabriquée en Chine et qu’elle est utilisée en Pologne, là où l’énergie provient du charbon -, un VE émet, produit, rejette 22% de CO2 de moins.