Alors que le processus du bilan de santé de la Politique agricole commune, qui vise à apporter des ajustements à la politique actuelle d’ici sa prochaine réforme en 2013, touchera à sa fin en 2008, les 27 ministres européens de l’agriculture se réunissent en ce moment à Annecy à l’initiative de Michel Barnier, afin d’amorcer la réflexion sur l’« après 2013 ». Le WWF-France appelle à cette occasion à une vraie refondation de la politique agricole européenne, qui réponde aux enjeux environnementaux et de sécurité alimentaire à venir.
En effet, ce Conseil informel des ministres intervient au cœur d’une série d’événements qui remet sérieusement en cause le modèle agricole mondial et européen : émeutes de la faim dues à la hausse des prix des produits agricoles, crise énergétique, impacts du changement climatique sur les cultures. Sans oublier les impacts environnementaux « traditionnels » du modèle agricole dominant : pollution des eaux, épuisement des sols, perte de biodiversité, émissions de gaz à effet de serre, etc.
Autant de signes qui prouvent aux Etats membres qu’il est temps de refonder la politique agricole commune pour engager enfin l’agriculture européenne sur la voie de la durabilité.
Pour répondre à ces enjeux, le WWF estime nécessaire le maintien d’une politique agricole avec un budget conséquent permettant de répondre à des objectifs clairs de préservation de l’environnement et de développement rural.
Cette future politique doit soutenir une agriculture durable de qualité et de proximité, qui vise à briser la dépendance des agriculteurs vis-à-vis des intrants extérieurs (pesticides, engrais de synthèse, importations de soja pour l’alimentation animale…) et à répondre en priorité aux besoins alimentaires locaux.
Le WWF propose donc qu’une nouvelle « politique rurale et agri-environnementale » soutienne les biens publics fournis par certains types d’agriculture et qui ne sont pas rémunérés par le marché : pratiques agricoles qui favorisent la préservation des écosystèmes et de la biodiversité (préservation de la ressource en eau, séquestration du carbone, maintien de zones humides…), participation à l’emploi en milieu rural, diversification des cultures et des activités des exploitations, entretien des paysages, etc.
Bernard Cressens, directeur des Programmes du WWF-France, estime que « les agriculteurs et les environnementalistes partagent le même souci de préserver l’activité agricole et la vitalité du tissu rural ». Pour le WWF, « le principe ‘argent public pour des biens publics’ doit être la nouvelle donne pour permettre à l’Europe de tenir ses engagements en matière d’environnement (directive Cadre sur l’eau, directives Habitats et Oiseaux) et pour relégitimer une PAC qui, dans l’état actuel et à l’heure de l’urgence climatique, ne saurait justifier que près de la moitié du budget européen lui soit consacré (44% du budget de l’UE) ».
« L’évolution de la Politique agricole commune : quelles perspectives pour une agriculture durable ? » sera le sujet abordé lors du colloque organisé le 14 octobre prochain à Paris par le WWF, en partenariat avec la FNCIVAM.