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Une oeuvre de référence sur le génocide rwandais pour un nécessaire devoir de mémoire

Quelques jours en avril, le film de Raoul Peck sur Arte

Vendredi 22 février 2008 à 21h00

6 avril 1994, l’avion du président rwandais, Juvénal Habyarimana, explose en plein vol. Quelques heures plus tard, le premier génocide africain débute au Rwanda. Un génocide expéditif. Près d’un million de morts en trois mois. À travers le destin de deux frères, Raoul Peck décrypte avec rigueur les mécanismes du génocide rwandais. Tourné sur les lieux mêmes de la tragédie, un film bouleversant où l’intime croise le politique pour restituer la complexité du réel.

Synopsis : Kigali, avril 2004. Augustin, un instituteur hutu, tente de reconstruire sa vie avec Martine, victime comme lui du génocide. À l’appel de son frère Honoré, jugé par le Tribunal pénal international d’Arusha pour incitation à la violence raciale, il décide de se rendre en Tanzanie, pour connaître enfin la vérité sur la mort de sa première femme Jeanne, une Tutsi, et de leurs enfants. Dix ans plus tôt, Augustin, capitaine dans l’armée rwandaise, les avait placés sous la protection d’Honoré, aux premiers jours des massacres. Il était alors convaincu que seul son frère, animateur influent de la radio RTLM (Radio Télévision libre des Mille collines) pourrait les sauver, tandis que l’implacable logique génocidaire se mettait en place… Écrit à partir de récits de survivants et tourné au Rwanda, Quelques jours en avril éclaire de l’intérieur le génocide qui fit, en 1994, près d’un million de morts en cent jours, sous le regard indifférent de la communauté internationale. À travers le destin bouleversant de deux frères aux choix opposés, le film mêle, avec une vertigineuse fluidité, passé et présent, intime et politique, pour traduire la complexité du drame au plus près du vécu. Incapables d’envisager l’enfer, les protagonistes sont écrasés par la machine génocidaire, jusqu’à cette scène hallucinante où une troupe de morts-vivants émerge enfin des marais où ils s’étaient réfugiés. Alliant rigoureuse reconstitution des faits et puissance narrative, Raoul Peck met au jour les mécanismes – des mesures discriminatoires du pouvoir colonial belge à l’arsenal idéologique et militaire de l’État – qui ont conduit à cette tragédie planifiée, bien loin de l’obscure guerre tribale entre « tutus et hutsis » qu’invoque le personnage d’un haut fonctionnaire américain. Sans exotisme, mais en rendant hommage à la beauté du Pays aux mille collines, le film restitue sa mémoire au peuple rwandais.

Bande-annonce, extraits et making-off

Making-Off : Extraits :Extrait n°1 : Le journal Kangura etait le journal des extremistes et des milices qui allaient commettre le genocide des Tutsi au Rwanda. Sous la photo de François Mitterrand en quatrième de couverture, est écrit : « C’est dans l’adversité que l’on reconnait ses vrais amis ». – Extrait n°2 : Livraisons d’armes de l’Etat français. Le colonel Bagosora qui est actuellement jugé a Arusha est considéré comme le principal responsable rwandais de l’organisation du genocide. – Extraits n°3 : Après la victoire du FPR qui mit fin au génocide, les militaires français -fidéles jusqu’au bout- exfiltrent le colonel Bagosora.

Le film de Raoul Peck explique, émeut et dérange toujours

Olivier Milot exprime toute la portée de ce film (Télérama N°3031 – Semaine du 16 au 22 février 2008) : « Durant les deux heures et vingt minutes du film, Raoul Peck ne se contente pas de réaliser une oeuvre efficace, il décrit minutieusement l’engrenage, pointe le silence de la communauté internationale et soulève la question centrale de la mémoire ». Alors que le film dénonce sans détours le rôle de la France qui entraîne l’armée et fournit les armes avant de protéger les génocidaires par le bouclier humain de l’opération Turquoise non sans avoir évacué ses ressortissants et rien qu’eux, notre pays n ‘assume toujours pas ses responsabilités dans ce génocide. 15 ans plus tard, Olivier Milot résume la position française : « Quinze mois après la rupture des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda, le contact entre les deux pays vient d’être à peine renoué. Interrogé fin janvier sur le rôle de la France au Rwanda en 1994 lors de son bref passage à Kigali, Bernard Kouchner a reconnu : « C’était certainement une faute politique. On ne comprenait pas tout ce qui se passait. Mais il n’y pas de responsabilité militaire ». Alain Juppé réagit sur son blog : « On nous dit qu’au Rwanda la France aurait commis une faute politique. C’est trop ou trop peu. De quelle faute s’agit-il ? Il faut l’expliquer ! » Et pourtant, poursuit Olivier Milot, Bernard Kouchner n’avait même pas prononcé les mots espérés à Kigali : ceux « d’excuse », de « pardon ». Ceux que le Premier ministre belge a prononcés depuis longtemps en son nom et au nom de ses compatriotes. Ceux qu’après lui, Bill Clinton, Kofi Annan et l’ONU ont formulés. « Si la France acceptait de reconnaître ne serait-ce qu’un semblant de responsabilité morale, ce serait beaucoup », estime Raoul Peck. « Seule, elle continue de se taire. C’est grave. »

 

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