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Pour sauver le Pacte Vert européen, mobilisation générale !

Etats, entreprises et ONG pour la neutralité carbone et la restauration de la nature

Alors que les attaques continuent contre le Pacte vert à l’approche des élections européennes, états, entreprises et ONG se mobilisent pour sauver un paquet législatif essentiel pour atteindre la neutralité carbone et restaurer les écosystèmes naturels. Tour d’horizon avec Novethic et La Croix

Près de 150 ONG européennes ont écrit une lettre ouverte aux dirigeants européens le 13 mai dans laquelle elles s’inquiètent du “démantèlement des mesures vertes” au sein de l’UE. “Certains politiciens dans les capitales européennes, et dans les institutions de l’UE à Bruxelles, accélèrent les crises de la nature et du climat, risquant les vies des personnes qu’ils représentent”, met en garde le courrier, signé notamment par Les Amis de la Terre, Greenpeace, le WWF, ou France Nature Environnement. “Nous vous exhortons à arrêter avant qu’il ne soit trop tard”, lancent les organisations.

Mardi 14 mai, dans une lettre commune initiée par l’Irlande, 11 pays dont la France, ont appelé à débloquer la législation du Pacte vert sur la restauration de la nature, qui a été retirée faute de majorité, lors de la réunion des ministres de l’Environnement le 17 juin prochain. “Une telle ratification serait à la hauteur de l’engagement de faire (de l’UE) un leader mondial dans la restauration de la nature et d’adhérer à l’ambition définie” par la COP15 Biodiversité de Montréal de 2022, indique le courrier.

Le Bureau européen de l’environnement (BEE), qui fédère 180 organisations environnementales, a élaboré un “Pacte européen pour l’avenir” qui pourrait succéder au Pacte vert. Il allie transition écologique et transition juste. Alors que les débats actuels se focalisent sur le Pacte de compétitivité et que l’agenda stratégique européen des cinq prochaines années semblent avoir mis de côté la dimension environnementale, la secrétaire générale du BEE Patrizia Heidegger, appelle à ne pas “revenir au vieux réflexe d’opposer la prospérité économique à l’action environnementale et climatique”.

Le Conseil économique social et environnemental (CESE) a rendu un avis le 14 mai estimant que le Pacte vert “doit être pérennisé”, avec “le souci de ne pas aggraver, voire de simplifier la charge administrative et la complexité juridique”. “Il s’agit de mieux accompagner socialement et économiquement la transition écologique et de renforcer son acceptabilité sociale. Ceci implique d’organiser le débat démocratique, notamment dans les instances de dialogue existantes, avec les acteurs économiques, sociaux et citoyens, avec les collectivités”.

Dans une tribune publiée dans La Croix début mai plusieurs dirigeants de mouvements européens d’entreprises à impact ont défendu le Pacte vert : “Le besoin de poursuivre la transition – et donc de ne pas renoncer au Green Deal – est crucial à plus d’un titre, écrivent-ils. Il est temps de voir émerger en Europe un système économique dans lequel l’impact positif n’est plus considéré comme une charge, mais comme un avantage pour les entreprises européennes”.


« L’Europe doit penser la transition avec les entreprises »

Face à la crise sociale et environnementale, des chefs d’entreprise1 dénoncent les incohérences du système européen, qui continue à favoriser une production à l’étranger au détriment du made in Europe. Pour eux, il est temps que l’Europe se tourne vers un modèle durable, qui privilégie les entreprises européennes.

 » La transition se fera avec les entreprises ou ne se fera pas. Face à la crise sociale et aux déséquilibres environnementaux, les entreprises ont un rôle clé à jouer, qui répond d’ailleurs à une demande croissante portée par consommateurs, employés et même investisseurs, tous désormais attentifs à la durabilité des modèles économiques et à l’impact positif des entreprises sur la société. Cependant, nous ne pouvons que constater aujourd’hui le chemin qu’il reste encore à parcourir pour aligner l’ensemble de l’économie européenne sur nos objectifs de durabilité.

Une part croissante de l’économie offre pourtant de bonnes raisons d’espérer. Sur le continent, des dizaines de milliers d’entreprises, avec des formes et des modèles différents mais complémentaires, contribuent déjà positivement aux grands objectifs de transition de l’Union européenne. Ces entreprises pionnières sont de toutes tailles et opèrent dans tous les secteurs de l’économie, avec l’ambition de combiner performance économique et impact positif sur la société.

Elles mettent en œuvre des pratiques innovantes dans leurs activités, privilégient la circularité et les circuits courts, promeuvent la sobriété, les technologies durables, et mettent le partage et l’inclusivité au cœur de leurs modèles d’organisation. Par leur nature, elles contribuent à créer une économie plus juste et plus inclusive qui respecte les limites planétaires.

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Un système à repenser

Cependant, ces entreprises sont confrontées à un système économique de la prime aux vices qui favorise les modèles d’affaires et les pratiques les plus néfastes – émissions de carbone, surconsommation des ressources, mépris des droits sociaux et humains, effondrement de la biodiversité, pollution des sols, etc. Un système qui favorise aujourd’hui la production à l’autre bout du monde et l’exploitation de la misère sociale, au détriment de la protection de l’environnement et des emplois de qualité en Europe. Un système qui favorise la surproduction et la surconsommation de produits de mauvaise qualité, au détriment du made in Europe, de l’économie circulaire et des circuits courts, et de nos objectifs de sobriété et de développement durable. Nos règles économiques sont obsolètes et éloignent notre économie de nos grands objectifs de durabilité.

Alors que le système aujourd’hui les fragilise, il devrait au contraire soutenir le développement de ces entreprises pionnières et encourager l’ensemble du tissu économique européen à évoluer vers des modèles d’affaires plus durables et inclusifs. Le contexte général actuel ne semble pourtant pas aller dans le sens d’un changement de paradigme. L’Union européenne (UE) subit un fort ralentissement économique et peine à atteindre ses objectifs en matière sociale, de climat, d’économie circulaire et de biodiversité, tandis que le Green Deal, qui a initié la transition de l’économie européenne, est aujourd’hui progressivement remis en cause pour des raisons purement politiques, en réponse à la pression de puissants lobbys industriels. Enfin, et pour ne rien arranger, la possible montée de l’extrême droite aux élections européennes représente une menace potentielle majeure pour les initiatives progressistes telles que le Green Deal, qui se heurte déjà à une résistance significative.

Ne pas renoncer

Le besoin de poursuivre la transition – et donc de ne pas renoncer au momentum du Green Deal – est pourtant crucial à plus d’un titre. Renoncer, c’est mettre en danger le développement et la prospérité de cette économie pour le bien commun et de ces entreprises à l’avant-garde des transitions. Renoncer, c’est également mettre en péril les objectifs de durabilité de l’Union, et prendre le risque que l’Europe ralentisse davantage sa transition vers une économie plus inclusive, juste et verte. Renoncer, enfin, c’est privilégier le business as usual et miser sur la résilience des modèles économiques de nos entreprises européennes, mis pourtant à mal lors des crises de ces dernières années. En cela, c’est renoncer à des modèles plus économes en ressources, plus autonomes et vecteurs de cohésion sociale, par nature plus protecteurs des entreprises face aux chocs.

La concurrence internationale exige un nouveau modèle de la performance économique juste qui soutient le modèle social européen. Pour éviter le déclin de l’économie européenne, nous devons donner la priorité aux entreprises qui contribuent au bien commun, en en faisant les clés de voûte d’une économie davantage tournée vers l’impact environnemental et social. Il est temps de voir émerger en Europe un système économique dans lequel l’impact positif n’est plus considéré comme une charge, mais comme un avantage pour les entreprises européennes. C’est le seul moyen de restaurer à la fois la souveraineté et la résilience de l’Union européenne, tout en assurant la contribution des entreprises aux principaux défis de notre temps. « 

  1. Signataires :
    Caroline Neyron, Directrice générale du Mouvement Impact France
    Emery Jacquillat, président de la Camif, cofondateur et ambassadeur Europe de la Communauté des entreprises à mission
    Arthur ten Wolde, Directeur d’Ecopreneur.eu
    Stefan Panhuijsen, Directeur de Social Enterprise NL
    Benoît Quittre, Président de Kaya – Coalition belge des écopreneurs
    Viktorija Braziunaite, Directrice de la Lithuanian Social Business Association
    Toby Gazeley, Policy Lead de Euclid Network – the European Social Enterprise Network
    Yvonne Zwick, Présidente du conseil d’administration de B.A.U.M e. V – Network for Sustainable Business
    Iara Beekma Reis, Directrice des affaires publiques de New ERA (New European Reuse Alliance)
    Daniela Pavlova, Directrice de SANNAS, Asociación de Empresas Triple Balance
    Victoria Carreras, Présidente de SANNAS, Asociación de Empresas Triple Balance
    Carlos Cordero, Directeur de Sustentia, membre du conseil d’administration de SANNAS, Asociación de Empresas Triple Balance
    Yvonne Jamal, Co-fondatrice and Directrice de JARO Institute for sustainability and Digitalization
    Frédéric Benhaim, Président d’Entreprendre Vert
    Elsa Da Costa, Directrice générale d’Ashoka France
    Mauro Del Barba, Président d’Assobenefit ↩︎

Merci à :

Rédactrice en chef adjointe
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