L’élevage industriel, boulimique de terres et de ressources destinées à l’alimentation animale, détourne une part considérable de la production agricole au détriment de l’alimentation humaine. Inefficient, il constitue l’une des principales formes de « gaspillage alimentaire » mondial. En France, dépendant d’importations et de subventions, ce sont chaque année 15,4 millions de tonnes de céréales qui servent à l’alimentation animale et fragilise notre souveraineté alimentaire. Le plus grand gaspillage alimentaire expliqué par le CIWF (Compassion in World Farming), une ONG internationale pour un élevage durable.

À l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, CIWF publie son rapport “Le plus grand gaspillage alimentaire expliqué” (“Food not Feed: How to stop the world’s biggest form of food waste”) qui chiffre ces aberrations et appelle, à travers une lettre ouverte, à “cesser de nourrir l’élevage industriel” pour soutenir un élevage autonome, durable et respectueux des animaux, des humains et de la planète.
Chaque année, des millions de tonnes de cultures comestibles sont gaspillées pour nourrir des animaux dans les élevages industriels.
Au lieu de nourrir les humains, ces aliments servent à alimenter des animaux enfermés dans des systèmes industriels cruels et non durables. Ces animaux devraient être nourris avec des produits non comestibles par l’homme, tels que les pâturages, les sous-produits agricoles ou les restes alimentaires inévitables correctement valorisés.

Élevages industriels et gaspillage alimentaire
L’élevage industriel : un gaspillage massif de ressources
L’élevage industriel, régulièrement présenté comme un modèle « efficace » concentrant la production sur une surface réduite, repose sur une réalité toute autre : une accaparation massive de terres agricoles pour produire les céréales et les protéagineux destinés aux animaux.
76 % de la production mondiale de soja est utilisée pour l’alimentation animale (ce qui en fait l’un des principaux moteurs de la déforestation), et environ 45 % des terres arables mondiales servent aux cultures végétales destinées à nourrir les animaux.
Cette dépendance à l’alimentation animale industrielle est d’autant plus problématique que les animaux convertissent mal ces céréales en produits alimentaires : pour 100 calories consommables par l’être humain données aux animaux, seules 3 à 25 calories reviennent sous forme de viande.
L’élevage industriel génère un gaspillage considérable, non seulement alimentaire, mais aussi de ressources essentielles comme les terres, l’eau et l’énergie, tout en générant une forte dépendance aux engrais de synthèse.
Le rapport du CIWF « Le plus grand gaspillage alimentaire expliqué » révèle l’ampleur des ressources englouties par l’élevage industriel (notamment des monogastriques) : à l’échelle mondiale, 766 millions de tonnes de céréales sont gaspillées pour nourrir les animaux dans les élevages industriels, soit plus que le gaspillage alimentaire des ménages (631 millions de tonnes), de la restauration (290 millions de tonnes) ou du commerce de détail (131 millions de tonnes).
En France : des élevages industriels sous dépendance
En France, les productions industrielles qui concernent 80% des animaux d’élevage, n’échappent pas à cette dépendance structurelle à l’industrie de l’alimentation animale, dépendante des subventions et importations massives de soja et d’engrais de synthèse :
- 80 % de nos engrais de synthèse sont importés, souvent de Russie ; depuis le début de la guerre en Ukraine, les importations françaises d’engrais russes ont augmenté de 86 %.
- 95 % du soja utilisé pour l’alimentation animale est importé, principalement consommé par la volaille et les bovins laitiers et mixtes.
Chaque année,
15,4 millions de tonnes de céréales sont perdues pour l’alimentation animale.
De quoi nourrir 30,5 millions de personnes par an et libérer 1,4 million d’hectares.
Les fonds publics, tels que les paiements à l’hectare du premier pilier de la PAC financent la production céréalière, dont plus de 50 % est destinée à l’alimentation animale, sans distinction entre les utilisations et les systèmes de production qu’ils soutiennent.
5 principes pour « Cesser de nourrir l’élevage industriel » !

Les animaux contribuent efficacement à la sécurité alimentaire lorsqu’ils transforment des ressources que les humains ne peuvent pas consommer directement (herbe au pâturage, résidus de cultures…). C’est pourquoi le CIWF appelle à un Plan pour « Cesser de nourrir l’élevage industriel ».
CIWF France appelle le gouvernement à élaborer un Plan national ambitieux pour l’élevage, fondé sur les principes suivants :
1. La souveraineté de nos systèmes d’alimentation animale, en favorisant les prairies permanentes, les cultures fourragères locales et les sous-produits agricoles.
2. L’ajustement de la taille du cheptel et de la consommation de produits animaux afin de sécuriser la production et de réorienter la consommation.
3. Soutien aux éleveurs engagés dans des pratiques agroécologiques, respectueuses des sols, des animaux et des équilibres naturels.
4. Réorientation des aides publiques, en particulier la PAC qui ne doit plus être une aide à l’hectare finançant indirectement l’industrie de l’alimentation animale sans considération des modes de production.
5. Adaptation de notre politique alimentaire visant à réduire la part des aliments issus de l’agriculture intensive.

Cessons de nourrir l’élevage industriel pour mettre fin à la plus grande forme de gaspillage alimentaire
