Fin des années 70, le groupe Bertelsmann confie au jeune éditeur Axel Ganz la tâche d’adapter l’un de ses titres au marché français. Un magazine de reportage à la couverture vert pomme, lancé en 1976 en Allemagne : Geo. C’est le début de Prisma Presse, qui deviendra en trente ans le deuxième éditeur de presse magazine français, avec un chiffre d’affaires de plus de 580 millions d’euros et des titres comme Voici, Femme Actuelle, Capital.
Quand il fait son apparition dans les kiosques français en mars 1979, Geo détonne. Contrairement aux habitudes de l’époque, il est entièrement imprimé en couleurs et les six grands reportages qui composent chaque numéro sont développés sur des doubles pages, mettant en vedette le photojournalisme. Le contenu aussi est inédit. A l’époque, "on vit encore dans un monde bipolaire, les voyages c’est tout nouveau. Thalassa existe déjà, mais il n’y a pas d’autres émissions télés de grands reportages, peu de guide de voyages", explique à l’AFP le rédacteur en chef de Geo, Jean-Luc Marty. Le succès est immédiat, avec 200.000 abonnés au bout d’un an.
A partir de 1982, une nouvelle formule voit le jour, articulée autour d’un grand dossier central et d’une couverture thématique. Avec l’effondrement du mur de Berlin, le monde change. Geo se met à proposer des reportages en contrechamp de l’actualité, des enquêtes sur les enjeux géopolitiques. "On a un pied dans le monde tel qu’on le rêve et un autre dans le monde tel qu’il est", résume Jean-Luc Marty à l’AFP. De Paul-Emile Victor à Jean-Marie Le Clézio, de Yann-Arthus Bertrand à Reza, une foule d’écrivains, explorateurs et photographes de renom ont contribué au titre. Mensuel le plus lu par les Français (5 millions de lecteurs pour 275.000 exemplaires vendus chaque mois), Geo a vu sa diffusion reculer ces dernières années, mais reste loin devant ses concurrents directs National Geographic et Grands reportages.