Dans la préface de la troisième édition du rapport de l’ONU "Perspectives mondiale de la biodiversité", le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, écrit : "Pour s’attaquer aux causes profondes de la perte de biodiversité, nous devons lui donner une priorité plus élevée dans tous les domaines de prise de décision et dans tous les secteurs économiques".
Ces propos rejoignent ceux qui ont été exprimés lors de la Conférence Française de la Biodiversité qui s’est tenue les 10, 11 et 12 mai dernier à Chamonix. En effet, les 400 participants ont convergé pour dire que la biodiversité est une valeur de nos sociétés et qu’il convient de renouer le lien nature/culture autant que de prendre en compte les conséquences de ses dégradations pour l’économie. Ils ont également convergé pour demander une nouvelle gouvernance du sujet, innovante, dont le processus renforcerait les contenus, afin d’ouvrir la voie d’une intégration de la biodiversité dans toutes les politiques et décisions publiques et celle d’une mobilisation de l’ensemble des acteurs de la société.
De l’ONU à Chamonix, l’essentiel est dit : il est temps de passer à un autre niveau de l’action pour un enjeu majeur du XXIe siècle ! C’est aussi tout l’enjeu de la prochaine Stratégie Nationale pour la Biodiversité (SNB). Aussi la réussite de Chamonix doit être le creuset d’un processus multi-acteurs qui permettra de définir des objectifs partagés, conquérants et positifs en faveur de la biodiversité, de déployer des plans d’action efficaces pour des résultats mesurables.
Avec le vote de la loi Grenelle 2 un chantier exemplaire est à mettre en œuvre : celui de la Trame Verte et Bleue. Elle est un outil clef pour mobiliser les acteurs, et mettre la biodiversité au cœur des politiques, elle peut constituer une ossature forte de la SNB et de stratégies régionales.
Pour Christophe Aubel, Directeur de la Ligue Roc, "La prochaine SNB ne doit pas être un processus technocratique de plus réservé aux spécialistes du sujet, le processus doit innover, il doit créer des énergies nouvelles en faveur du vivant, organiser de nouvelles relations entre acteurs et la Ligue Roc fera des propositions en ce sens. La SNB devrait devenir "la stratégie des acteurs impliqués pour la biodiversité ". Mais réussir supposera un portage politique au plus haut niveau de l’Etat comme au plus haut niveau de chaque échelon territorial". Force est de constater que, de ce point de vue, la société une fois de plus est en avance sur ses leaders politiques : la Conférence Française de Chamonix –pourtant annoncé comme « le » moment fort de l’année 2010- a bien vu les acteurs contribuer à la créativité attendue, mais elle n’a pas atteint le niveau d’un objectif politique transversal en l’absence du Ministre d’Etat, du Premier Ministre ou du Président de la République, mais aussi en l’insuffisante présence des exécutifs régionaux.
Le 22 mai, journée internationale de la biodiversité de l’année internationale de la biodiversité, chacun est invité à célébrer la nature, bravo ! Mais pour pouvoir la célébrer encore dans les années à venir, la Ligue ROC appelle à des signes politiques décisifs et publics du Ministre d’Etat, du Premier Ministre, du Président de la République, mais aussi des Présidents de Régions, avec lesquelles elle est prête à dialoguer. Ces signes permettront de lire une nouvelle volonté et des moyens pour la Stratégie Nationale Biodiversité et la Trame Verte et Bleue, afin de changer véritablement de dynamique et de résultats.