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Gaz de schiste : le vrai du faux

Les gaz de schiste sont des gaz naturels non conventionnels dont l’extraction est difficile et qui, pour cela, cause divers problèmes environnementaux. Cette alternative énergétique, dont les États-Unis sont les pionniers aujourd’hui, divise l’opinion publique. Qui va en profiter ? Combien d’emplois cette industrie pourrait- elle créer ? Quels sont les risques d’exploitation de cette ressource et quelle en est leur importance ? Comment peser le pour et le contre ? En étudiant ce qui s’est réellement passé aux États-Unis et en jugeant dans quelle mesure le phénomène est transposable en France, Olivier Blond, dans cet ouvrage, donne les outils pour y voir clair sur le sujet et forger sa propre opinion, grâce aux bases de la connaissance et de l’histoire récente du gaz de schiste.

L’auteur : Olivier Blond est journaliste. Il a créé la page Ecologie de Courrier international et l’émission de télévision Vu du Ciel (avec Yann Arthus-Bertrand), sur France 2. Il est actuellement directeur éditorial de la fondation GoodPlanet. Il dirige le Magazine GoodPlanet, un site d’information sur le développement durable et a publié 15 livres sur le sujet. Créée et présidée par Yann Arthus-Bertrand, la Fondation GoodPlanet reconnue d’utilité publique sensibilise et informe le grand public sur les enjeux liés à notre environnement. Elle propose des solutions réalistes, optimistes et encourage chaque individu à agir dans le respect de la planète et de ses habitants, en s’appuyant sur une série de programmes destinés à mettre l’écologie et le vivre-ensemble au cœur des consciences. www.goodplanet.org Éditions Delachaux et Niestlé, 144 pages – 12.90 € – 125 x 185 cm – Sortie le 9 octobre 2014

Extrait : La Ruée vers l’or au Dakota

Pour permettre à chacun d’y voir plus clair, la Fondation GoodPlanet revient sur le sujet dans son dernier ouvrage et en décrypte les principaux enjeux.
Pour permettre à chacun d’y voir plus clair, la Fondation GoodPlanet revient sur le sujet dans son dernier ouvrage et en décrypte les principaux enjeux.
Extrait de Gaz de schiste : le vrai du faux (Éditions Delachaux et Niestlé) – ici sur le Dakota où s’est produit une ruée vers le gaz. Il faut se méfier des généralisations trompeuses ou des simplifications abusives. « Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromages ? », demandait le Général de Gaulle. Il en existe en fait un peu plus de 400 dans le pays. Et fort peu aux États-Unis. Mais le pays d’Abraham Lincoln est grand comme dix-sept fois la France, et il est d’une complexité et d’une diversité considérables, très souvent sous-estimées de ce côté-ci de l’Atlantique. L’écart est gigantesque entre les gratte-ciel de la métropole cosmopolite qu’est New York, les villes européanisées de la côte Est, les cow-boys ou les mormons des plaines du centre, et les villes dynamiques et bronzées de la Silicon Valley. De la même manière, la situation est plus variée qu’on ne peut le croire en ce qui concerne les gaz de schiste. Pour en donner une idée, nous évoquerons trois régions très différentes qui recèlent chacune des gisements importants de gaz de schiste : le Dakota du Nord, le Texas et la Pennsylvanie. Les reportages qui se sont multipliés ces derniers temps dans les médias sur le boom des gaz des schiste se sont pour la plupart intéressés au Dakota du Nord, un État américain des plaines centrales, à la frontière du Canada. Un État de tout juste 670 000 habitants et dont le surnom est Peace Garden State, « le jardin de la paix ». C’est dans son sous-sol que s’étend, pour l’essentiel, la formation de Bakken (du nom d’un propriétaire terrien), qui, avec 520 000 km2 est presque aussi large que la France métropolitaine. Des quantités considérables de pétrole y ont été découvertes dès 1951, mais, avec les techniques de l’époque, elles n’étaient pas exploitables. Lorsque la fracturation hydraulique et le forage horizontal ont été développés, les gisements sont devenus économiquement intéressants. En 1995, les réserves exploitables étaient évaluées à 150 millions de barils. En 2007, les services géologiques des États-Unis multiplièrent par 25 cette estimation pour atteindre environ 3 milliards de barils. En 2013, les mêmes services portèrent leur évaluation à 7 milliards de barils. Une étude de l’État du Dakota du Nord (qui a tout intérêt à être optimiste, même déraisonnablement), évoque même le nombre de 200 milliards de barils possibles – presque autant que les réserves prouvées, elles, de l’Arabie Saoudite. Les esprits s’échauffent ! Et les réserves de gaz sont proportionnelles. La production de gaz croît de manière presque exponentielle. Elle passe de 3 milliards de pieds cube par an en 2006 à 25 milliards en 2009, 64 milliards en 2010 et atteint en 2012 203 milliards de pieds cube. Les chiffres sont conséquents, mais, en fait, tout cela reste modeste et correspond environ à la production du gisement de Lacq en France dans les bonnes années. Mais, comme on le voit déjà dans cet exemple, la révolution des gaz de schiste ne concerne pas seulement le gaz : elle concerne également la production de pétrole, ou d’hydrocarbures liquides appelés huiles de schiste. Ces derniers jouent parfois un rôle majeur. Et c’est le cas dans le Dakota du Nord. Toujours est-il que cet État relativement méconnu il y a peu connaît actuellement une ruée vers l’or comme nous les racontent les romans ou les livres d’histoire. Car le phénomène n’a rien de nouveau en Amérique. L’or noir y a suscité au XIXe siècle non pas une mais plusieurs ruées. En Pennsylvanie, en Californie et en Alberta (au Canada), pour ne citer que ces trois Etats, des aventuriers ont senti l’odeur du pétrole ou du profit ; des fortunes, voire des empires se sont créés en moins d’une génération. L’histoire de Titusville, obscure bourgade de Pennsylvanie (sur la côte Est), en est l’exemple illustre. En 1850, elle comptait 243 habitants. Un jour, du pétrole y est découvert. Edwin Drake y fore le premier puits moderne avec trépan, et alors que le forage atteint la profondeur de 23 mètres, le pétrole jaillit. « Dès le premier jour, avec une production de l’ordre de huit ou dix barils, Drake multiplie la production mondiale de pétrole par… deux », raconte la légende. (Le baril est l’unité le plus couramment utilisée pour mesurer les volumes de pétrole. Il vaut environ 159 litres). Drake était plus un bricoleur qu’un homme d’affaire : il ne profitera pas beaucoup de sa découverte. C’est Jonathan Watson qui deviendra le premier millionnaire de la ville : il possédait le terrain sur lequel Drake fora son puits. C’est aussi dans cette ville que John Rockefeller, fils d’un marchand ambulant anglo-allemand, se lance dans l’extraction de pétrole. Il deviendra rapidement l’homme le plus riche de l’histoire des États-Unis. Titusville connaît un développement exceptionnel : sa population est multipliée par 40 en vingt ans et à un moment, cette petite ville concentra la plus forte densité de millionnaires du monde entier. Mais avec la fin du pétrole, Titusville retourne à sa léthargie. Sa population décline doucement depuis un siècle, et son petit musée de Drake ne donne plus aujourd’hui qu’une lointaine idée du dynamisme et de l’opulence de jadis. L’histoire se répète aujourd’hui au Dakota. Alors que l’état somnolait à la 39e place sur 51 des états américains par son PIB par habitant, il grimpe grâce aux gaz de schiste à la 20e place en 2009, à la 10e en 2011. En 2012, le taux de croissance du PIB atteint 13,4 % ! Le chômage dans l’état descend en-dessous de 3 % ; il est depuis quelques années le plus bas de tous les États-Unis. Il y a même pénurie de travailleurs. La ruée vers l’or noir attire ainsi les journalistes : « n’importe qui peut trouver un emploi bien rémunéré dans les trois heures de son arrivée », raconte Le Figaro, par exemple : Une serveuse de la chaîne de restaurants Appelbee déclare au quotidien qu’elle gagne « 300 dollars par jour rien qu’en pourboires ». Les produits, articles et aliments s’arrachent si vite que plutôt que de réachalander ses rayons, Walmart pose désormais directement les palettes de marchandise dans les allées de l’hypermarché. Elles sont dévalisées illico. « J’ai essayé d’acheter une laitue pendant trois jours, sans succès », raconte un témoin qui ajoute : « La dernière fois que j’ai voulu faire une vidange à Watford – petite ville de l’État –, j’ai fait la queue pendant quatre heures et demie. C’est la même chose pour tous les services. La seule entreprise de nettoyage de moquette est si débordée qu’elle ne répond même plus au téléphone. » Combien de temps durera cette ruée vers l’or ? Combien de personnes en profiteront ? Et que se passera-t-il le jour où les réserves s’épuiseront ? C’est l’une des questions les plus pressantes que pose l’exemple du Dakota du Nord. Les autorités locales ne sont pas les dernières à y réfléchir. Mais pour l’instant, personne n’a encore de réponse.

 

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David Naulin
David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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