Après huit ans d’expérimentation de la Comptabilité Ecologique C.A.R.E. dans les Fermes d’Avenir, la boîte à outils qui en révèle les atouts pour les exploitations agricoles s’enrichit d’un guide pédagogique. Cette approche innovante permet d’évaluer les coûts de préservation des capitaux naturels et humains et ouvre la voie à une répartition plus équitable de ces charges, au profit des agriculteurs et du bien commun.

La Comptabilité écologique : Compter ce qui compte pour conserver ce qui est capital !
Alors que la « Loi de « simplification » Agricole fait débat en raison du recul qu’il augure pour la biodiversité, le chiffrage des coûts de la transition agroécologique s’impose.
Fermes d’Avenir maintient que l’agriculture doit continuer à appliquer un principe de « non-régression environnementale » et jouer un rôle déterminant dans la préservation des capitaux naturels et humains, et être justement rémunérée pour ses services environnementaux.
En effet, la mise en place de pratiques agroécologiques par les agriculteurs permet de protéger voire de régénérer nos biens communs (eau, climat, biodiversité).
Une étude récente pilotée par la Fédération Nationale des Coopératives d’Utilisation du Matériel Agricole (FNCUMA) avec le soutien de la Chaire Comptabilité Ecologique, et que Fermes d’Avenir a accompagnée, donne le cap : sur un échantillon de 10 fermes laitières diagnostiquées, les coûts de préservation des capitaux naturels et humains s’élèvent entre 81 000 € et 280 000 € selon le mode de culture mis en place par les fermes.
Des coûts qui doivent être mieux répartis pour dessiner un nouveau modèle, plus juste et bénéfique à tous.
14 fiches pédagogiques sur la CSE


Chiffrer la préservation des capitaux naturels et humains : un enjeu crucial pour comprendre et mieux rémunérer les agriculteurs
La Comptabilité Ecologique mesure avec précision le coût de préservation de la Nature (l’eau, la biodiversité, le sol, le climat) et de l’Humain (les travailleurs sur la ferme, les riverains et habitants du territoire) sur une ferme, tant en termes de pratiques agricoles que d’organisation nécessaires pour préserver ces capitaux essentiels à la transition écologique.
Loin de donner un prix à la nature, par définition inestimable, elle propose au contraire de calculer les coûts de préservation de celle-ci via des pratiques soutenables.
Basée sur le modèle C.A.R.E de la Chaire Comptabilité Ecologique d’AgroParisTech appliqué à l’agriculture, cette approche comptable a été testée en 2022 sur 7 fermes du réseau Fermes d’Avenir, puis en 2023-2024 dans le cadre d’un projet piloté par la FNCUMA et accompagné par Fermes d’Avenir, la Chaire Comptabilité Ecologique et une dizaine de partenaires.
Appliqué sur une dizaine de fermes laitières de Bretagne (bio et non bio), le projet a fourni des ordres de grandeur des coûts de préservation de la Nature et de l’Humain sur ces fermes.
Les enseignements clés du projet de Comptabilité Ecologique
Les principaux freins des agriculteurs à la mise en place de démarches de préservation sont le manque de filières valorisant leurs efforts, d’appui technique et de temps, mais aussi et surtout le manque de financements.
L’expérimentation montre que les fermes ne peuvent pas soutenir toutes les dépenses1 liées à la préservation des capitaux naturels et humains.
La Comptabilité Ecologique met en évidence la nécessité de réajuster les aides agricoles et les mécanismes de financement et incite à repenser le partage des coûts entre les différentes parties prenantes sur un territoire pour soutenir l’agriculture durable.
Ces résultats doivent donc interpeller les acteurs territoriaux (élus, agences publiques, entreprises…) sur leur responsabilité dans le financement, et donc la réalisation des actions de préservation de nos biens communs par l’agriculture. Pour ce faire, Fermes d’Avenir appelle à :
- 🔹 Faire de la Comptabilité Ecologique un outil de dialogue et de travail afin d’orienter efficacement le financement des actions de préservation menées par les agriculteurs (via des prix garantis, subventions, PSE…) ou cocréer des filières locales résilientes (création de débouchés, facilitation d’approvisionnements…) ;
- 🔹Se servir de la Comptabilité Ecologique pour enrichir des bases de données sur les états de la Nature et de l’Humain et évaluer avec précision les coûts des actions de préservation qui sont propres au territoire.
7 résultats d’expérimentations sur des fermes agroécologiques du réseau Fermes d’Avenir

Le Guide pédagogique de la Comptabilité Ecologique C.A.R.E.
Pourquoi faut-il changer notre manière de compter ?
Aujourd’hui, l’urgence de la transition écologique se justifie par l’accélération alarmante des dérèglements climatiques, l’effondrement de la biodiversité et l’épuisement des ressources naturelles. Face à cette réalité, il devient impératif de repenser nos modes de production, de consommation et, plus généralement, de calcul de la valeur. Sur ce dernier point, il nous faut réapprendre à “compter ce qui compte”
Depuis 2017, Fermes d’Avenir est pionnière dans l’application au secteur agricole d’une approche de Comptabilité Ecologique particulière : la méthode C.A.R.E. Cette approche considère l’humain et la nature comme des capitaux à préserver et intègre leurs coûts de préservation directement dans l’exercice comptable des fermes.
En quoi la Comptabilité Ecologique C.A.R.E. est-elle un levier essentiel de la transition agricole ?
L’application de C.A.R.E. sur des fermes amène notamment à identifier et chiffrer les pratiques nécessaires à la préservation des capitaux naturels et humains (eau, sols, biodiversité, climat) : planter des haies, réduire le travail du sol, ajouter des couverts végétaux, se verser un salaire décent…
Or, pour mettre en œuvre toutes ces actions nécessaires à la préservation ou remise en état des capitaux naturels et humains, les agriculteurs devraient engager des moyens financiers qu’ils ne peuvent pas assumer seuls dans le contexte actuel. C.A.R.E. met notamment en évidence cette « dette écologique non remboursée » des fermes.
C’est le premier pas pour que les acteurs des territoires (publics, privés, consommateurs) comprennent les niveaux de financements qui seraient nécessaires pour garantir une vraie transition agroécologique. En, ce sens la Comptabilité Ecologique est, pour Fermes d’Avenir, un outil essentiel du changement.
Fermes d’Avenir et Blue Bees :
10 ans d’actions pour l’agroécologie
A propos de Fermes d’Avenir
Fermes d’Avenir est une association du Groupe SOS qui soutient le développement de l’agroécologie depuis 2013.
Sa mission est de rendre les modèles agroécologiques viables et désirables afin qu’ils se diffusent partout en France. Sa vision est illustrée par la Fleur de l’Agroécologie : une agriculture qui nourrit les Français et qui rémunère les agriculteurs dans le respect des limites planétaires.
Pour ce faire, son équipe d’une vingtaine de personnes organise ses programmes autour de 5 pôles:
- Sensibilisation : Faire rayonner les modèles viables de l’agroécologie, influencer sur la nécessité de les financer collectivement.
- Formation : Former la nouvelle génération d’agriculteurs et d’agricultrices en leur transmettant les clefs de viabilité des fermes agroécologiques.
- Accompagnement : Donner des méthodes pour la concrétisation de projets agroécologiques.
- Financement : Soutenir des projets agroécologiques par le financement participatif.
- Agroforesterie: Accompagner et financer l’agroforesterie et d’autres pratiques agroécologiques au sein des fermes.
- La réalisation de l’entièreté des actions de préservation nécessaires au respect des bons état écologiques nécessiterait un investissement supplémentaire situé entre 4000 € et 158 000 € par ferme, qui entraînerait un déficit du modèle économique des fermes. ↩︎