Des dépenses de 1,3 à 2 fois supérieures à celles de tous les autres grands pays européens, soit 10 à 15 milliards d’euros jetés par les fenêtres, sans aucun bénéfice pour la santé, plus que le déficit de l’Assurance-maladie, aux dépens des véritables priorités : hôpitaux, maternités, infirmières, handicaps physiques et mentaux, dépendance et vieillesse.
Bernard Debré, député UMP de Paris, et Philippe Even, directeur de l’Institut Necker, auteurs en 2011 d’un rapport au vitriol dans l’affaire du Mediator, passent au crible 4000 médicaments dans « un livre choc » dont le Nouvel Observateur, en kiosque depuis hier (13 septembre 2012), publie les bonnes feuilles. Le « Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux » (aux éditions du Cherche-midi) est « un livre d’information, pas d’opinion », assure le Pr Even dans une interview vidéo au Nouvel Observateur : L’ancien doyen de la Faculté de médecine de Paris lance néanmoins une nouvelle charge contre l’industrie pharmaceutique, qualifiée de « la plus lucrative, la plus cynique, la moins éthique de toutes les industries ». Selon le Pr Even, pour régler le problème du manque d’argent dans le domaine de la santé et du déficit de l’assurance maladie, « il suffit de retirer du marché les médicaments dangereux, inutiles ou inefficaces ». Le livre recense ainsi 50 % de médicaments inutiles – 20 % mal tolérés et 5 % potentiellement très dangereux. Pourtant 70% des médicaments « peu efficaces » et 28% des médicaments « sans la moindre efficacité » continuent à être remboursés, soit un gaspillage annuel de 10 à 15 milliards d’euros chaque année pour la Sécurité sociale. Le Pr Even s’en prend tout particulièrement aux statines, les médicaments contre le cholestérol, « avalés par 3 à 5 millions de Français », qui coûtent « à la France 2 milliards d’euros par an » et qu’il juge « complètement inutiles ». « Véritable contre-pouvoir à la vox pharmacia et à son inflation de faux messages sanitaires » (dixit Le Nouvel Obs), ce guide de 900 pages s’adresse d’abord aux malades et aux praticiens pour les alerter et les éclairer sur l’efficacité réelle et les risques des médicaments. Ensuite aux politiques et aux agences qui autorisent les médicaments, accordent aux firmes des prix de vente exorbitants et remboursent les médicaments sans discernement. Selon les auteurs, cette politique n’est pas au service des malades et des citoyens qui paient, mais à celui de l’industrie pharmaceutique qui encaisse, alors que, depuis vingt-cinq ans, elle n’invente plus guère et est devenue la moins éthique et la plus lucrative de toutes les industries, confortée par le silence indifférent ou complice d’une grande part de l’élite médicale universitaire. « La justice, la sécurité et la crise imposent de tailler à coups de serpe dans des dépenses injustifiées et des médicaments trop souvent dangereux » concluent les auteurs. – Pour en savoir plus, lire sur le site du Nouvel Obs, l’entretien avec Philippe Even qui estime que « L’entreprise médicale menace la santé ». – Le Nouvel Observateur a mis par ailleurs en ligne une infographie intitulée « la liste noire des 58 médicaments dangereux », qui comprend des médicaments cardiovasculaires, des anti-inflammatoires, des pilules contraceptives, etc. L’industrie pharmaceutique (Leem – Les industries du médicaments) dénonce de son côté « amalgames et approximations » dans cet « énième réquisitoire de Bernard Debré et Philippe Even ». Ce livre « contribue à alarmer inutilement les malades et risque de les conduire à arrêter de leur propre chef des traitements pourtant adaptés aux maladies dont ils souffrent », a déclaré le Leem, la fédération professionnelle des industriels du médicament, mercredi soir dans un communiqué. Cependant espérons, que François Hollande, dont l’un des conseillers politiques, Aquilino Morelle, a corédigé le rapport de l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas) sur l’affaire du Mediator et les réformes nécessaires, opère rapidement une refonte complète du système au bénéfice de la santé des citoyens et des finances de notre pays… En effet, la Cour des comptes annonce dans un rapport publié hier le déficit de la Sécurité sociale : 14,7 milliards d’euros dont 6,8 milliards d’euros pour la seule branche maladie …Quels médicaments sont inutiles ou dangereux ?
Selon le Professeur Bernard DEBRÉ et Philippe EVEN : – Les statines (Tahor, Elisor, Zocor, Crestor, etc.), censées limiter les risques cardio-vasculaires pour les personnes souffrant de cholestérol, alors que le cholestérol est une molécule nécessaire à la vie et ne représentant aucun danger pour 90 % des plus de 40 ans et un danger mineur pour les 10% restants. – Certains anti-inflammatoires (Indocide, Nexen, Ketum cutané, Célébrex et Arcoxia), à remplacer par d’autres pour éviter nécroses et hépatites. L’Arcoxia et le Célébrex, cousins du Vioxx, provoquent des accidents vasculaires. – Certains médicaments cardiovasculaires. Andakor, Ikorel, Vastarel, Trivastal, Procorale et Multas seraient inutiles et peuvent entraîner des complications cardiaques. L’Aspirine est aussi efficace et moins dangereuse que le Ticlid, le Pradaxa et le Xigris. – Certains antidiabétiques. L’Actos peut provoquer hépatites et cancers de la vessie et les gliptines sont inefficaces. – Les pilules contraceptives de 3e et 4e générations, aussi efficaces que les pilules de 2e génération mais provocant trois à quatre fois plus de phlébites et d’embolies pulmonaires. – Les antitabacs Champix et Zyban, en réalité des antidépresseurs avec les mêmes risques d’hallucinations et de suicide. À éviter également : l’antiangiogène Avastin, le stimulant respiratoire Vectarion, l’antiostéoporose Protelos, les anticrampes Hexaquine, Quinine-vitamine C et Okimus ainsi que certains anti-parkinsoniens et certains médicaments psychiatriques…Acheter le Guide des 4000 médicaments
Le Guide des 4000 médicaments de Bernard DEBRÉ et Philippe EVEN – Editions du Cherche-midi – Date de publication : 13 septembre 2012 – ISBN : 978-2-7491-2141-3 – Prix public : 23,80 €
Guide des 4000 médicaments : utiles, inutiles ou dangereux au service des malades et des praticiens
Ce guide, qui s’inscrit dans la tradition ouverte en 1974 par le « Guide des médicaments les plus courants » du Dr Henri Pradal, est utile.
Je regrette simplement que les auteurs, qui ont bien connu le Dr Pradal, s’attribuent l’initiative et ne citent même pas ce courageux pionnier qui à l’époque avait eu 14 procès (pour 100 médicaments)… et les avait tous gagnés !