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La face cachée du nucléaire et son déficit démocratique à travers son point faible : les déchets radioactifs

Déchets, le cauchemar du nucléaire : une enquête coup de poing pour alimenter le débat actuel

Un livre de Laure Noualhat et un film d'Eric Guéret

En pleine prise de conscience des menaces de réchauffement climatique, les industriels et certains politiques nous présentent l’énergie nucléaire comme la solution d’avenir, une énergie propre, maîtrisée, sans impact sur l’environnement et la santé. Parfois même, une énergie qui s’inscrit dans le développement durable. Mais l’énergie nucléaire est-elle aussi propre qu’on nous le dit ? La crise japonaise a relancé le débat, l’occasion de revenir sur l’enquête internationale scientifique et politique coordonnée par la journaliste Laure Noualhat réalisée en 2009 et qui aborde le sujet tabou du nucléaire par sa zone la plus sombre. En partant à la quête de « la vérité sur les déchets », un livre et un film ont l’ambition de donner à chacun les clefs pour comprendre des choix qui pèsent lourd dans l’avenir de l’humanité.

Entre les pro et les anti-nucléaires, le débat fait rage. Faut-il oui ou non relancer cette énergie que la plupart des pays européens avaient déjà décidé d’abandonner ? Au cœur des débats, la crainte des déchets nucléaires, partagée par tous. Car les déchets sont le point faible du nucléaire, son talon d’Achille, son pire cauchemar. Les populations en ont peur, les scientifiques ne trouvent pas de solution acceptable, les industriels tentent de nous rassurer et les politiques évitent le sujet. Pourtant, les quelques pays européens qui ont ouvert le débat sur la contamination des déchets (radioactifs pendant des milliers d’années), ont décidé de sortir progressivement du nucléaire. C’est le cas de l’Autriche, de la Suède, de la Belgique ou de l’Allemagne. Mais que connaissons-nous exactement ? Comment les populations peuvent-elles avoir une vision claire d’un domaine couvert depuis toujours par le secret ? Pourquoi ce déficit démocratique sur une question politique et environnementale majeure ? Laure Noualhat et Eric Guéret sont partis en quête de « la vérité sur les déchets » en France, en Allemagne, aux États-Unis et en Russie… Les scientifiques de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité) ont accompagné les enquêteurs sur les sites nucléaires. À l’aide des mesures et des prélèvements qu’ils effectuent sur le terrain, d’analyses et de rencontres avec des travailleurs du nucléaire et des opposants, Laure Noualhat et Eric Guéret tentent de répondre aux questions que tout le monde se pose. – Les déchets sont-ils dangereux ? – Comment sont-ils gérés depuis l’origine du nucléaire ? – Existe-t-il une solution pour les déchets ?
Les auteurs de l'enquête : Eric Guerét et Laure Noualhat
Les auteurs de l’enquête : Eric Guerét et Laure Noualhat
Laure Noualhat et Eric Guéret sont partis également à la rencontre des responsables politiques (Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement, Robert Alvarez, ancien conseiller énergétique de l’administration Clinton) et industriels (Areva, EDF) pour tenter de résoudre d’autres interrogations. – Les populations sont-elles informées des dangers des déchets ? – Le nucléaire peut-il être démocratique ? – Qui détient réellement le pouvoir ? – Quels sont les vrais enjeux politiques et industriels ? – Les déchets menacent-ils l’avenir du nucléaire ? En partant à la quête de « la vérité sur les déchets », Laure Noualhat et Eric Guéret abordent le sujet tabou du nucléaire par sa zone la plus sombre. Le livre comme le film ont l’ambition de donner enfin à chacun les clefs pour comprendre des choix qui pèsent lourd dans l’avenir de l’humanité.

Extraits du film

Le film a été diffusé en 2009 sur Arte avec plus 885 000 téléspectateurs scotchés sur leur petit écran. Voici la première partie de ce documentaire : Pour voir l’intégralité, le DVD est disponible aux éditions Arte :

Le film disponible en DVD

DÉCHETS, LE CAUCHEMAR DU NUCLÉAIRE – Réalisation Éric Guéret – Une enquête de Laure Noualhat et Éric Guéret – Avec la collaboration de Michèle Rivasi – 2009 – 98 mn – ARTE Éditions

Le livre de Laure Noualha

Au sommaire de ce livre préfacé par Hubert Reeves I – L’industrie nucléaire, des pollutions durables – USA – Hanford, berceau du nucléaire : Présentation, histoire et état du site – Richland, la ville du champignon atomique – Indiens Yakama, la terre confisquée – Partie de pêche à la radioactivité, résultats – Russie – Muslimovo, la contamination à ciel ouvert : Présentation, histoire et état du site – La vie en territoire contaminé – Muslimovo, le village condamné – Prélèvements au plutonium, résultats II – Des solutions techniques insatisfaisantes – Retraitement : l’épreuve des faits : Dans la péninsule nucléaire française – Explication du processus – De la différence entre ce que l’on pourrait faire et ce que l’on fait. – Enfouissement : la démocratie enfouie ? : Yucca Mountain, l’enfouissement compromis – Bure, le choix inscrit dans la loi III – La renaissance du nucléaire avortée ? Problèmes industriels – Problèmes financiers – Problèmes humains Conclusion : La confiscation du futur. Digression sur la mémoire humaine convoquée sur des centaines de milliers d’années. Consulter « Six pieds sur Terre », le blog de Laure Noualhat

Préface de l’astrophysicien Hubert Reeves

Extraits : « Pour replacer le dossier de l’énergie nucléaire dans un contexte plus général, il faut aborder la question de la consommation mondiale d’énergie et de son avenir. La dépense énergétique mondiale est aujourd’hui équivalente à celle que fourniraient environ 13 000 réacteurs nucléaires en fonctionnement permanent. Cette dépense est en constante augmentation. […] À ce rythme, dans 400 ans, elle équivaudrait à toute l’énergie solaire qui atteint notre planète ; dans quinze siècles, à toute l’énergie émise par le Soleil, et onze siècles plus tard, à l’énergie émise par notre galaxie ! Ces chiffres nous mettent en présence de cette injonction fondamentale : il faut absolument et rapidement freiner notre consommation. La réduire, faire mieux avec moins. Il importe de profiter des expériences passées pour ne pas recommencer les mêmes erreurs. Vers la fin du XIXe siècle, on a découvert l’atout majeur que représentait le pétrole pour le développement des activités industrielles. Son extraction et son utilisation ont pris de telles proportions qu’aujourd’hui nous sommes sérieusement confrontés à son épuisement dans un avenir qui se mesure en décennies. En moins de deux siècles, nous aurons épuisé une ressource que notre biosphère a mis plusieurs centaines de millions d’années à élaborer. La leçon à tirer de cette mauvaise gestion est claire : toute politique énergétique doit s’appuyer sur une échelle de temps. […] C’est à des échelles de milliers d’années qu’il faut planifier l’avenir. Aux dernières informations, les réserves minières en uranium sont évaluées à dix-sept millions de tonnes (Michel Jorda, CEA). Les réacteurs à neutrons lents en opération aujourd’hui sur la planète n’utilisent qu’environ 1 % de l’uranium employé : l’isotope U-235. Cette réserve en énergie équivaut à celle que pourraient dégager en un an 300 000 réacteurs. Au rythme présent de la dépense mondiale (13 000 réacteurs), la durée de cette ressource serait limitée à vingt ans… Au taux estimé de 100 000 réacteurs pour la fin du siècle, on obtient trois ans ! Il y a davantage d’énergie disponible dans le pétrole que dans l’uranium 235… Une seconde filière d’énergie nucléaire utilise un autre isotope stable de l’uranium, le 238, cent fois plus abondant. Elle exige la production de neutrons rapides tels qu’obtenus dans les surgénérateurs. Elle ne présente aucune difficulté technique et serait parfaitement réalisable. Mais à la date d’aujourd’hui, il n’en existe aucun modèle commercial (le développement du surgénérateur de Creys-Malville a été interrompu en 1984). Des prototypes sont à l’étude dans plusieurs pays : en France, au Japon, en Inde, en Chine. On parle de sa possible mise en oeuvre industrielle dans quelques décennies. Les estimations que j’ai pu trouver vont de 30 à 100 ans. Élément important, ni le coût du kilowatt/heure, ni les dispositifs de sécurité, ne sont estimés par les promoteurs. Tous s’accordent cependant à dire que cela coûtera très cher. Aux échelles de temps que nous avons adoptées pour l’humanité, la filière nucléaire n’est guère supérieure à celle des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel). […] Passons maintenant à la fusion contrôlée de l’hydrogène. C’est, depuis des milliards d’années, la source d’énergie du Soleil et des étoiles. Elle est réalisée d’une façon explosive dans les bombes H. Cette filière ne présente aucune difficulté théorique. Mais la question se pose de savoir si on peut la rentabiliser, c’est-à-dire obtenir grâce à elle plus d’énergie qu’on n’en injecte. […] Il paraît bien clair qu’on ne peut pas fonder une politique énergétique sur une filière encore incertaine comme la fusion contrôlée. Et si on tient compte des échelles de temps propres à l’humanité, la filière uranium est trop courte pour être satisfaisante. De cela il ressort, à mon avis, que la filière solaire est la seule qui soit convenable et que les efforts devraient y être concentrés ».

 

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David Naulin
David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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  1. EPR : Les banques françaises portent à bout de bras un fiasco industriel
    Paris, le 16 octobre 2009 – Malgré les dernières révélations intervenues ce jeudi au sujet de l’EPR finlandais, les banques françaises s’obstinent à vouloir financer un projet d’EPR en Inde, nous enfermant toujours un peu plus dans la fuite en avant nucléaire. Alors que TVO vient d’annoncer que l’EPR finlandais ne serait mis en service qu’en 2013 et que l’autorité de sûreté nucléaire finlandaise (STUK) a ordonné l’arrêt des travaux de soudure sur le chantier, les Amis de la Terre, Greenpeace et le Réseau Sortir du Nucléaire demandent aux banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natixis) de cesser immédiatement leurs pourparlers avec l’Inde et de se mettre enfin à financer les réelles solutions aux crises climatiques et énergétiques : l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.

    La presse indienne a évoqué hier pour la première fois les sources potentielles de financement des EPR envisagés dans ce pays. On y apprend ainsi que la Nuclear Power Corporation of India Limited (NPCIL) est en pourparlers avec quatre banques françaises : BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natixis, et une banque anglaise, HSBC, pour le financement de la construction de deux EPR (1). Yann Louvel, chargé de campagne Finance privée aux Amis de la Terre, commente cette information : « On retrouve là les mêmes « usual suspects » que pour la majorité des projets controversés dans lesquels des banques françaises sont impliquées. BNP Paribas s’était déjà brillamment illustré pour son implication dans le projet de centrale nucléaire en zone sismique de Belene, en Bulgarie, et la Société Générale et le Crédit Agricole dans celui de Mochovce, en Slovaquie, deux projets obsolètes toujours pas opérationnels après 20 ans de tergiversations ».

    Cette nouvelle intervient alors que le premier projet de construction d’EPR, à Olkiluoto, en Finlande, se transforme chaque jour un peu plus en fiasco industriel et financier, comme le précise Stéphane Lhomme, du Réseau « Sortir du nucléaire » : « Le chantier du premier EPR a déjà pris quatre ans de retard. La centrale devait entrer en fonction en 2009 alors que les dernières prévisions ont été repoussées à 2013 ! De même, sur le plan financier, AREVA avait vendu le projet aux Finlandais pour 3 milliards d’euros, mais nous en sommes déjà rendus à 5,5 milliards d’euros, soit un surcoût de plus de 80% ! Tout cela est dû aux multiples problèmes rencontrés sur le site, ce qui prouve bien que cette nouvelle génération de réacteur n’est qu’un miroir aux alouettes, comme l’est le nucléaire en tant que solution aux crises climatiques et énergétiques ».

    Laura Hameaux, de Greenpeace France, conclut : « Les banques françaises ont assez fait parler d’elles avec la crise financière et les multiples scandales, ainsi que par leur implication dans de nombreux projets controversés aux impacts environnementaux et sociaux désastreux. Elles doivent immédiatement stopper leurs discussions avec NPCIL et cesser de détourner des capitaux vers ce type de fausses solutions pour se mettre enfin à financer les réelles solutions aux changements climatiques : l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables ».