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Dossier EcoSocioConso locavores

Consommer local, un phénomène global ?

Qu'est-ce que le consommer local ? Qu'est-ce que cela représente en France aujourd'hui ? Quelles sont les filières ? Quelles sont les limites ?

Plus encore que le made in France, le « made in région » semble avoir le vent en poupe, en particulier dans le domaine de l’alimentaire à travers la tendance locavore. Derrière ce qui peut parfois être perçu comme un phénomène de mode, se retrouvent de nombreux enjeux de la consommation d’aujourd’hui et de demain. C’est pourquoi, EcoSocioConsio a décidé de consacrer un dossier complet à ce sujet. Qu’est-ce que le consommer local ? Qu’est-ce que cela représente en France aujourd’hui ? Quelles sont les filières ? Quelles sont les limites ?

EcoSocioConso est allé à la rencontre de plusieurs experts pour revenir sur ces questions et évoquer les pistes à envisager pour le futur.


Dans ce dossier vous trouverez :

– Une définition du locavorisme et de ses motivations
– Une étude de son poids dans la consommation et de ses filières de distribution
– Une analyse de ses limites

Intervenants

– Eric Birlouez – Ingénieur agronome et sociologue
– Jérôme Kohn – Directeur du Centre régional de valorisation et d’innovation agricole et alimentaire Ile-de-France
– Jean-Louis Cazaubon – Vice-Président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’agriculture / Président de la Chambre d’agriculture de Midi-Pyrénées
– Marine Desorge – Chargée de mission alimentation auprès de l’association nationale de défense des consommateurs et usagers CLCV
– Etienne Mercier – Co-Directeur du Département Opinion, IPSOS
– Jean-François Huet, Chargé des partenariats et des alliances locales E.Leclerc, PDG du centre E.Leclerc de Blois et de la Société coopérative d’approvisionnement du Maine (Socamaine).

Consommer local, un phénomène global ?
Consommer local, un phénomène global ?

1. Qu’est-ce que le consommer local ?

Apparu pour la première fois il y a 10 ans, le terme « locavore » nous vient de l’Ouest américain. À l’occasion de la journée mondiale de l’environnement, Jessica Pentrice, une américaine de San Francisco mit au défi les habitants de sa ville de se nourrir exclusivement d’aliments produits à moins de 100 miles, soit 160km de chez eux. Une initiative isolée qui, depuis cette date, a rencontré un certain succès, un peu partout dans le monde et semble en passe de devenir un mode de consommation à part entière.

La définition du locavorisme

Le New Oxford American Dictionary définit un locavore comme une « personne qui recherche de la nourriture produite localement ».

Le Petit Larousse illustré décrit une « personne qui décide de ne consommer que des fruits et légumes locaux et de saison pour contribuer au développement durable »

En théorie, un locavore est un consommateur qui fait le choix de consommer des produits et des aliments qui ont été fabriqués ou produits près de chez lui, dans un rayon allant de 100 à 250 kilomètres maximum. Souvent les locavores, alors appelés les « Marco Polo », tolèrent des exceptions, pour le thé, le café, le chocolat, les épices, etc…

Les principes à respecter

Pour devenir locavores au sens strict du terme, il y a donc quelques principes à respecter :

– S’alimenter de produits ayant une distance limitée (généralement inférieure à 150 ou 250km) entre le lieu de production et celui de consommation (« circuits de proximité »)
– Consommer uniquement des produits frais et de saison
– Consommer des produits issus d’une production raisonnée, durable, écologique …

Pourquoi consommer local ?

Il existe de nombreuses bonnes raisons de consommer local :

Pour préserver l’environnement : réduire son empreinte écologique en réduisant les transports.
Pour soutenir l’économie locale : Consommer local permet de soutenir les agriculteurs et producteurs et de soutenir l’emploi au niveau régional.
Pour faire des économies : bénéficier d’un prix avantageux lié à la proximité géographique du producteur, et consommer des produits de saison, soit au moment où ils sont au prix le plus bas car disponibles abondamment.
Pour préserver sa santé : certains végétaux peuvent perdre une partie de leurs vitamines au cours de leur transport ou leur stockage.

2. Qu’est-ce que cela représente aujourd’hui ? Quelles sont les filières ?

Chiffres clés de la consommation en circuit-court en France

La montée des préoccupations des français vis-à-vis de l’industrie agroalimentaire et de la qualité des produits les amènent à accorder plus d’importance au lieu et à l’origine des produits. Ainsi 81% des français privilégient l’achat d’un produit fabriqué en France et 77% cherchent à connaître l’origine d’un produit alimentaire avant de l’acheter. La proximité géographique reste un facteur important et rassurant pour les consommateurs.

De plus 4 Français sur 10 achètent souvent des produits locaux, 97% des français pensent que consommer des produits locaux permet de faire marcher l’économie locale et de soutenir les producteurs locaux et 96% d’entre eux pensent que cela assure l’origine du produit.

Où trouver les produits locaux ?

Il existe différentes formes de circuit court de distribution des produits locaux :

– Vente à la ferme directement sur l’exploitation du producteur
– Vente par le producteur sur les marchés locaux, les foires et les salons
– Points de vente collectifs, structure commune à plusieurs agriculteurs qui se relaient pour vendre leurs produits dans un même lieu
– La vente organisée ou « vente au panier » avec les AMAPs (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne). Une AMAP fonctionne sous forme de contrat entre un producteur (maraîcher), et un consommateur, qui s’engage à acheter une partie de sa production, pendant une période donnée. Cela consiste à acheter à l’avance des « paniers » hebdomadaires de produits qui changent en fonction des
saisons et de la production.
– Commerces de proximité (épicerie, boucherie…)
– Grande distribution (marque « petits producteurs », …)
– Vente à distance (commandes groupées par internet, tournées de producteurs…)
– Restauration hors domicile : restauration collective : cantines, restaurants d’entreprise, faisant appel à des fournisseurs locaux / restauration traditionnelle en approvisionnement direct

3. Demain tous consommateurs locaux : est-ce possible ? Est-ce souhaitable ?

Si le consommer local semble présenter de nombreux avantages, même si certains sont difficilement quantifiables et parfois discutables, est-il pour autant envisageable ou souhaitable que cela devienne le mode de consommation majoritaire ?

Quelle différence de prix ?

Les personnes ne consommant pas ou rarement des produits locaux indiquent que différents facteurs peuvent les pousser à consommer des produits locaux :

– Un prix plus accessible à 62%
– Plus de points de vente à 40%
– Une meilleure visibilité des produits locaux sur l’étiquette à 34%

Si la question du prix revient souvent, il reste aujourd’hui difficile de la traduire en statistiques. En fonction des saisons, et donc de l’abondance ou de la rareté de l’offre, le prix varie. Si consommer local est souvent perçu comme étant plus cher, il faut noter que les produits proposés présentent souvent des qualités supérieures (bio, labels de qualité, AOC ou IGP) qui sont autant de facteurs pouvant impliquer un prix plus élevé.

Le locavorisme est contraignant pour les consommateurs

Consommer local peut être contraignant du côté du consommateur. Cette tendance prévoit de modifier son régime alimentaire et de mettre de côté certains produits. Cela implique un choix de produits limités qui sont d’autant plus contraints par la saisonnalité des cultures (notamment pour les fruits et légumes). De plus cette pratique requiert du temps nécessaire pour rechercher et cuisiner les produits soi-même. Et enfin concernant le coût, le budget à prévoir pour les produits locaux est supérieur compte tenu de la plus grande rareté des produits recherchés.

Le locavorisme peut s’avérer non avantageux pour l’environnement

Des études ont souligné le fait que consommer local ne représente pas toujours des avantages environnementaux comme on le croit. L’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), précise que c’est la phase de production qui pèse le plus sur les impacts environnementaux et notamment sur les bilans carbone. 57 % des émissions de gaz à effet de serre sont liés à la phase de production des produits agro-alimentaires et seulement 17 % au transport. A titre d’exemple, une tomate cultivée sous serre en hiver a un impact plus élevé en termes d’émissions de gaz à effet de serre qu’une tomate cultivée en plein champ (puisqu’elle ne requiert pas d’énergie pour chauffer la serre).

 

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Cyrille Souche
Cyrille Souchehttp://cdurable.info
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