Santé et environnement, parcours et constructions historiques
9, 10 et 11 décembre 2015 Pierrefite-sur-Seine
Manifestation organisée par :
– l’Association pour l’histoire de la protection de la nature et de l’environnement (AHPNE)
– le laboratoire SPHERE (UMR 7219 CNRS-Paris Diderot-Paris I Panthéon-Sorbonne)
– les Archives nationales
Appel à communication
Santé et environnement, parcours et constructions historiques Le rapport santé-environnement fait l’objet d’un nombre grandissant de publications et d’initiatives tant nationales qu’internationales. Cet intérêt est nourri par des préoccupations très diverses allant de la notion de solidarité face au risque environnemental jusqu’à l’impact sanitaire du réchauffement climatique en passant par les conséquences de la protection de la biodiversité sur la santé humaine. L’ancienneté de cette relation est symbolisée par les dates choisies pour ce colloque «Santé et environnement» qui coïncident avec la célébration de la journée internationale des droits de l’homme (10 décembre). Ce manifestation est l’occasion de prendre du recul et d’interroger la relation entre santé et environnement en revenant sur l’histoire de sa construction et en procédant à son analyse critique. Il ambitionne de fournir des éléments de compréhension des mécanismes complexes à l’œuvre aujourd’hui. Ce colloque privilégiera les travaux proposant des analyses larges et développant des problématiques englobantes, sans pour autant exclure les études de cas à condition qu’elles soient contextualisées. Le comité pilotant ce projet a bien conscience que les termes santé et environnement sont complexes à définir et que leur utilisation historique doit se faire avec prudence. Ils sont utilisés ici sans chercher à les enfermer dans des définitions contraignantes, mais nous attendons des participants une grande vigilance à cet égard afin de minimiser les risques d’anachronismes. La période couverte par ce colloque va du XVIIIe au XXIe siècle. Les exemples de problématiques donnés ci-après ne le sont qu’à titre indicatif et les communications proposées peuvent bien sûr proposer d’autres analyses.Les 6 axes du colloque
– 1. Le corps humain, l’oublié de la relation entre environnement et santé ? Ce premier axe a pour objectif de considérer la relation entre santé et environnement sous l’angle du corps. Les personnes en bonne santé ont tendance à confondre leur individu et leur corps. Ainsi, les questions entre environnement et santé se posent d’emblée comme celles d’un ou de plusieurs individus face à un environnement extérieur (hostile ou non), le corps n’étant là que comme le révélateur de l’action de cet environnement. Repenser la place du corps contribue à poser des questions fortes et originales, rarement présentes dans les travaux relevant de l’histoire environnementale. La question du corps conduit ainsi à repenser la dichotomie traditionnelle séparant l’être humain de la nature ou la définition même d’environnement. Quels sont les exemples d’historiographies prenant le corps comme élément de l’environnement ? Comment ont été pensés les liens entre contamination (par exemple par des polluants ou des agents pathogènes) et le corps ? Comment le handicap conduit à revoir la notion d’environnement celui-ci se révélant différent d’un individu à l’autre ? – 2. L’environnement, élément étiologique fondamental Cet axe revient sur une analyse sur le temps long de la perception ou conception d’un environnement ou d’un milieu comme source de maladies (hier miasmes, aujourd’hui pollution). L’histoire est un outil essentiel pour comprendre comment la situation contemporaine s’est construite : les communications montrant les continuités ou les ruptures sur le temps long seront privilégiées. Plusieurs questions se posent dans cet axe dont : Comment se sont historiquement construites les relations de causalité entre environnement et santé et ont-elles été reformulées au fil du temps ? Comment se sont construites les opinions contemporaines en matière d’environnement et de santé ? Quel rôle a joué l’édification de normes dans la prise en compte de problèmes alliant santé et environnement ? Quelles sont la place et le rôle de la constitution, de la diffusion ou de l’oblitération des connaissances en matière de santé et d’environnement ? – 3. L’environnement, source de bonne santé Cet axe est le symétrique du précédent : l’environnement n’est pas seulement le lieu d’origine ou la cause de certaines maladies car, depuis au moins le XIXe siècle – et très probablement beaucoup plus tôt – on considère que certains lieux et emplacements, d’après leur nature même sont propices à une bonne santé ou du moins à sa préservation. Cette question n’est pas simplement géographique, puisque l’on considère également que des objets naturels (animaux, plantes, substances minérales) peuvent être bénéfiques ou considérées comme tels. Les questions abordées dans cet axe sont nombreuses et l’on peut citer à titre d’exemple : Quels rôles ont joué les médecines alternatives (y compris dans leurs dimensions diététiques) dans l’ancrage de l’idée du rôle bénéfique joué par la nature ? Quelles places ont occupé les connaissances non-académiques dans l’appréhension du rôle positif de l’environnement et comment ont-elles été sollicitées, transformées, oubliées ou rejetées ? Comment s’est opérée la localisation des lieux ou des espaces réputés favorables à la santé ? Est-ce qu’il existe des liens entre la conception d’une nature favorable à la santé et le mouvement de protection de la nature ? – 4. Santé, environnement et inégalités sociales La question des inégalités sociales s’imbrique intimement avec celles des environnements dégradés et de la santé. Cet axe permet l’introduction de nombreuses idées et concepts comme la justice sociale ou environnementale, la solidarité, l’égalité, etc. Les communications attendues doivent permettre de mieux comprendre : Y a-t-il des exemples de superposition d’une géographie de la pauvreté à celle des pathologies ? Comment la relation environnement, santé et inégalités sociales a-t-elle été intégrée dans les revendications sociales de ceux qui en souffraient directement ? Comment les notions de justice, de solidarité ou d’égalité ont-elles évolué au regard des questions de santé et d’environnement ? – 5. L’environnement naturel, malade à cause de l’homme Cette formulation est volontairement provocante car elle soulève de nombreuses questions : un environnement peut-il être considéré comme sain ou malade ? La santé n’est-elle pas le propre de l’humain et ce mot a-t-il un sens appliqué à des non-humains ? N’est-ce pas attribuer à l’homme un rôle néfaste renvoyant au mythe chrétien de la faute originelle ? Il s’agit ici de susciter des communications portant sur l’histoire de problématiques très variées. Quel rôle a joué l’homme comme agent de diffusion ou d’émergence de maladies ? Quelle est l’histoire de l’impact de l’anthropisation des habitats par l’homme sur la santé animale ou végétale, qu’il s’agisse d’espèces sauvages ou domestiques ? Connaît-on des problèmes environnementaux générés par une gestion de la faune réservoir ou vectrice ? – 6. Climat et santé : les leçons du passé Depuis l’Antiquité, l’élément fondamental de la relation entre santé et environnement est le climat. Aujourd’hui, la question climatique est redevenue, avec le réchauffement climatique, l’une des inquiétudes majeures car on craint l’émergence de nouvelles maladies ou le déplacement de l’aire de répartition de vecteurs de maladies déjà connues. Cet axe souhaite explorer la construction historique de la relation entre climat et santé et préciser les multiples conséquences de la prise en compte de cette relation. Quelques pistes peuvent être déjà avancées, telles que : Existe-t-il des liens entre la géographie médicale et d’autres disciplines (géographie humaine ou physique, histoire naturelle, etc.) ? Dans la perspective coloniale, comment la médecine européenne s’est-elle adaptée aux nouvelles questions posées par le monde tropical ? Dans quelle mesure les puissances coloniales ont appréhendé et géré les questions sanitaires tropicales de façon différente ? Comment la relation entre santé et réchauffement climatique s’est-elle propagée dans les médias et quels en ont été les acteurs ?Comité scientifique
– Marie Chouleur, Conservateur du patrimoine – Archives nationales (Paris) – William Dab, Directeur de l’École des sciences industrielles et Technologies de l’information – CNAM – Stéphane Frioux, Historien – LARHRA (université Lumière Lyon 2) – Jérôme Fromangeau, Historien du droit de l’environnement – Paris XI – Gabriel Gachelin, Historien des sciences – Laboratoire SPHERE (Paris Diderot-Paris 1-CNRS) – Simon Jonathan, Historien des sciences – Université Lyon I – Thomas Le Roux, Historien – Centre de Recherches Historiques (CNRS/EHESS) – Rémi Luglia, Historien – Centre de recherche d’histoire quantitative (université de Caen) – Judith Rainhorn, Historienne – Laboratoire Calhiste (université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis) – Coordinatrice : Valérie Chansigaud Historienne – Laboratoire SPHERE (Paris Diderot- Paris 1-CNRS)Comité d’organisation
– Florence Bretelle-Establet, Laboratoire SPHERE, Paris Diderot-Paris 1-CNRS – Valérie Chansigaud, Laboratoire SPHERE, Paris Diderot-Paris 1-CNRS – Marie Chouleur, Archives nationales – Patrick Février, Comité d’histoire du Ministère de l’environnement – Jérôme Fromageau, Paris XI – Gabriel Gachelin, Laboratoire SPHERE, Paris Diderot-Paris 1-CNRS – Marie Gaille, Laboratoire SPHERE, Paris Diderot-Paris 1-CNRS – Henri Jaffeux AHPNE, Mehrnaz Katouzian-Safadi, Laboratoire SPHERE, Paris Diderot-Paris 1-CNRS – Rémi Luglia, Centre de recherche d’histoire quantitative, université de CaenDétails pratiques
– Dates et lieu : 9, 10 et 11 décembre 2015 aux Archives nationales (Pierrefite-sur-Seine) – Date d’envoi des propositions de communications : 15 juin 2015 Les propositions de communications ne doivent pas excéder une page et doivent être accompagnées d’un CV réduit (une page maximum) – Date de réponse du comité scientifique : 15 juillet 2015 – Langue : français (sauf demande spécifique auprès du Comité d’organisation) – Remise des manuscrits en vue de leur publication (après validation par le Comité scientifique) : 1er février 2016 – Transport et hébergement : ces frais sont à la charge de l’institution des intervenants, sauf demande circonstanciée formulée auprès du Comité d’organisation Les communications et toute correspondance doivent être adressées à ahpne.sante.environnement@gmail.comA propos
Association pour l’Histoire de la Protection de la Nature et de l’Environnement » (AHPNE) Bien que l’histoire de la protection de la nature et de l’environnement, sous son acception actuelle, soit encore jeune – un gros demi-siècle, depuis la seconde guerre mondiale – force est de constater que le temps qui passe a commencé à la faire oublier avec la disparition de ses premiers initiateurs, acteurs ou témoins. Mais aussi avec le retrait de la vie professionnelle de ceux qui leur ont succédé et qui emportent avec eux de précieux témoignages. Du fait également d’autres causes comme la succession rapide des politiques publiques, la dernière en vigueur faisant oublier les précédentes. Cette accélération du temps auquel nous sommes soumis engendre, sans doute plus rapidement qu’autrefois, une perte de mémoire collective et produit des ruptures dans sa transmission à celles et ceux qui sont dans l’action ou aux responsabilités et qui gagneraient à connaître les contextes, l’évolution des concepts, les objectifs, les actions et les moyens mobilisés, les solutions mises en œuvre et leurs effets. Il apparaît même que faire appel à cette histoire, la sortir de l’oubli dans lequel elle s’enfonce déjà, soit une nécessité vis-à-vis, en particulier, d’une opinion publique, de médias, de responsables politiques et d’élus que l’on dit désormais plus sensibles aux enjeux environnementaux d’aujourd’hui mais qui ignorent parfois que ceux-ci ont souvent une dimension historique. Or la connaissance de cette histoire et sa diffusion peuvent être source d’inspiration et d’enrichissement pour toutes celles et tous ceux qui agissent sur ce terrain, du simple citoyen aux décideurs. De ce constat dressé par un petit groupe de personnes venant d’horizons variés, toutes attachées à préserver et à transmettre cette mémoire encore vivante, est venue l’idée de lancer une initiative en faveur de l’histoire de la protection de la nature et de l’environnement et de créer à cette fin – le 16 octobre 2008 – « l’Association pour l’Histoire de la Protection de la Nature et de l’Environnement » (AHPNE). Pour organiser, encourager et valoriser les travaux de recherche sur cette histoire et la mettre en débat, elle s’appuiera sur un réseau de personnes qui sont porteuses de cette histoire comme actrices ou témoins et d’autres, issues de la communauté scientifique, qui la révèleront, l’interrogeront et la rendront accessible. Dans cet esprit, l’association et son réseau chercheront à établir des coopérations et des synergies avec les organismes et les responsables d’initiatives et projets publics ou privés dont l’action entre en résonance avec ses propres objectifs. – http://ahpne.fr/ UMR 7219 SPHère (Sciences–Philosophie–Histoire) L’unité SPHère (Sciences, Philosophie, Histoire) est née en 2009 de la réunion de deux unités : le CHSPAM (Centre d’Histoire des Sciences et des Philosophies Arabes et Médiévales, ancienne UMR 7062), créé en 1972, et REHSEIS (Recherches Épistémologiques et Historiques sur les Sciences Exactes et les Institutions Scientifiques, ancienne UMR 7596), créé en 1984. Cette réunion concrétise la proximité et la complémentarité des programmes scientifiques de ces deux unités, dont les travaux portent sur une longue durée allant de l’antiquité à la période contemporaine, dans différents contextes culturels. – http://www.sphere.univ-paris-diderot.fr/ Archives nationales Les Archives nationales conservent les archives des administrations centrales de l’État, les minutes des notaires de Paris et des fonds privés d’intérêt national. La conservation et la communication sont assurées sur trois sites : – site de Paris : archives publiques de l’Ancien Régime, minutier des notaires de Paris – site de Pierrefitte-sur-Seine : archives publiques de la Révolution à nos jours, fonds privés (toutes périodes) – site de Fontainebleau : fonds publics spécifiques (dossiers de naturalisation après 1930, dossiers de carrière des fonctionnaires à partir des années 1960, dossiers d’homologation des véhicules en particulier) ; archives audiovisuelles ; archives privées d’architectes L’accès aux salles de lecture des Archives nationales est ouvert à toute personne majeure, munie d’une pièce d’identité. – http://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/